Vagharchag, premier roi arsacide en Arménie,
donna à Pakarad, l’un de ses descendants, vers l’an
i 49 avant J. C. la dignité héréditaire dvAsbied
(chevalier), et la charge de thakalir, qui fut fixée
pour toujours dans sa famille, et qui consistait
à couronner les rois lors de leur avènement au
trône.
La province de Sber (1) formait dès le premier
siècle de notre ère, et sans doute longtemps auparavant
le patrimoine de la famille Pagratide.
Par la suite leurs possessions s’étendirent considérablement
par leurs alliances (2).
Telle est la vraie origine de cette famille.
Plusieurs autres traditions rapportent cette
origine différemment; mais comme elles sont
toutes postérieures de bien des siècles à Moyse
de Khorène, on ne saurait leur prêter beaucoup
de foi ; elles se concilient toutes sur ce point,
c’est qu’elles donnent aux Pagratides une origine
juive.
Constantin Porphyrogénète (3) dit que de son
temps ils se glorifiaient de descendre de la femme
d’Urie qui commit adultère avec David, et qu’ils
n’avaient quitté Jérusalem qu’en 5oo de notre
ère.
(1) Sber est le pays d’Ispir des Géorgiens, aux sources
du Tchorok.
(2) Saint-Martin, 1. c. I, p. 742.
(3) Constantin Porphyr. de Adm. imp., cap. 45-
L’histoire de Géorgie, traduite par Klaproth
et écrite par un Pagratide, leur donne la même
origine, mais suppose l’arrivée de sa famille en
Géorgie, seulement à la fin du sixième siècle de
notre ère. Sept frères avaient quitté Jérusalem à
la fois; l’un resta en Arménie; les six autres passèrent
en Géorgie (1).
Pour en revenir à notre histoire, un de ces
Pagratides* d’Arménie avait épousé une des filles
de Vakhtang-Gourgaslan, nommée Horgaslana;
de cette union était provenu, je ne sais à quel
degré, un certain Gouram (2) , que l’empereur
Justin II envoya à Stéphanos : il obtint les
boqnes grâces de ce roi, qui le nomma général
des troupes géorgiennes.
574. Stéphanos I étant mort, Justin IInomma
Gouram Pagratide, couropalate et roi de Géorgie.
600. Stéphanos I I , fils de Gouram, succéda à
son père, avec le titre de Mthavari (souverain) (3).
A cette époque, l’église géorgienne restant
fidèle au rit grec, se sépara de l’église arménienne,
(1) Hist. de Géorgie, dans Klaproth, Voyage, II, p. 166.
Voyez aussi Breitenbauch, p. 9.
(2) Rottiers est le seul, p. 32, qui explique ainsi les
droits que Gouram avait au trône : d’après ce que nous
avons vu de la puissance de la famille Pagratide dans le
cinquième siècle, il n’y aurait rien eu d’étonnant que l’un
d’entre eux eût épousé une fille de Vakhtang-Gourgaslan.
(3) Hist. de Géorgie, etc., p. 167.