taient pas dignes de rester dans le pays. Personne
n en acheta que presse par l’extrême nécessite,
et a Routais ou l’on bâtissait beaucoup ,
les scieurs de long, furent occupés comme jadis
par les Arméniens. M. Gamba qui était à
même de faire les plus brillantes affaires avec
un peu de tact, se ruina. Il fit des dettes en
France pour toutes sortes d’envois de machines;
il emprunta de tous cotes en Géorgie, ne paya
ni capital ni intérêts, et se trouva à la fin dans
une position si fâcheuse, qu’à Tiflis personne ne
voulait plus lui faire le moindre crédit. Les ouvriers
n’étaient pas payés ; languissant de misère
et de maladie dans ce Vartsikhé qui est un des
coins les plus malsains de la Colchide , la plupart
succombèrent; les autres l’abandonnèrent
tous, a 1 exception d’un ouvrier forgeron qui lui
resta fidele avec un M. Creuze qui dirigeait son
économie. Enfin les affaires de M. Gamba allaient
très-mal quand il mourut en mars i 833 ,
laissant en Iméreth, une fille pour diriger à elle
seule sa fortune délabrée et ses établissements.
Et quel fut le principe qui perdit M. Gamba ?
Le préjugé du Français qui veut que tout soit et
que tout se fasse ailleurs comme en France. On
se croit à Paris quand on est au milieu des forêts
de 1 Iméreth. On ne veut pas prendre les choses
et les peuples tels qu’ils sont, entrer dans l’esprit
du pays, avoir égard aux circonstances de climat,
de population, de distance; on calcule en Iméreth
comme on calculerait dans le midi de la France,
et naturellement on se perd, on se ruine, et...
on s’en étonne encore. Mais M. Gamba avait
un très-heureux caractère sous ce rapport, jamais
rien ne le désespérait ; il était toujours
plein de confiance, et malgré la masse énorme
de tristes et malheureuses expériences qu’il
avait faites, il vous parlait encore à la fin de ses
jours, de projets, de bénéfices immenses, avec
une conviction, avec un feu et une foi admirables.
Il mourut dans sa foi.
La position de Vartsikhé au milieu des bois
sur un sol bas entouré de rivières, doit être naturellement
malsaine. M. Gamba trouvait une
seconde cause de cette insalubrité* dans la floraison
d’une masse énorme de grandes plantes ,
le Yeble entre autres, qui couvrent le sol comme
des îles, et qui répandent une forte odeur dans
les alentours. Il a peut-être raison, et ce ne serait
pas la première fois qu’on aurait fait cette
remarque. M. de Humboldt en parle dans ses
voyages en Amérique.
Ce fut M. Creuzé qui nous reçut en l’absence
de mademoiselle Gamba qui était allée passer la
mauvaise saison à Routais. Routais que je fuyais,
était salubre, comparativement à Vartsikhé.
La maison que M. Gamba avait fait bâtir, ne
consistait qu’en un plain-pied sans étage; toute