tement où nous logions tous ensemble se composait
d’une longue pièce étroite. La porte pratiquée
dans l’un des côtés étroits, donnait sur
une espèce de galerie ou de porche couvert.
A l’opposite de la porte, une petite fenêtre éclairait
l’obscur réduit où l’on trouvait sur l’un des
longs côtés deux espèces de divans ou de lits bas
en planches d’une simplicité idyllique. De jour,
ils tenaient lieu de sophas ; de nuit, on y eten-
dait son feutre, pour y dormir. Une cheminée
pratiquée entre les deux modestes lits, était le
seul objet de luxe : car du reste l’appartement
planchéïé en terre battue, ne renfermait que
quelques escabelles, et quelques clous de bois
auxquels était appendue la chétive garderobe
du bon religieux ; sur deux ou trois rayons
s’étalaient ses livres, manuscrits et imprimés,
sa principale richesse, disputaient la place aux
pauvres ustensiles de son buffet, deux ou trois
plats de bois, un ou deux verres, une corne à
boire, un vieux couteau, etc., etc.
Le monastère a sur son rocher quelques petits
coins de jardin, plantés en maïs, en courges, en
fèves. Le principal revenu des religieux provient
des redevances des villages voisins.
Le 20 septembre (2 octobre), vers le soir, le
temps se calma et nous nous rendîmes au village
de Saïermi, pour être prêts le lendemain à commencer
notre excursion dans les vallées intérieures
du Létchekoum. Nous allâmes, accompagnés
de notre moine, loger chez le prince Ta-
touchikouari, qui nous y avait expressément invités.
Il nous reçut avec sa femme dans une de
ces maisons ou sacles de bois dont les seigneurs
du pays un peu aisés ont toujours plusieurs autour
de la leur, pour y loger les amis et les
étrangers qui leur arrivent. Elles ne se distinguent
du commun des maisons du pays qu’en
ce qu’elles sont plus propres ; elles n’ont du
reste pas d’autre plafond que les poutres et le
toit, pas d’autre jour que les deux portes placées
vis-à-vis l’une de l’aütre, que l’on ouvre pour
laisser passer la fumée, en consultant toujours
de quel côté vient le vent. Les larges bancs
étaient recouverts de tapis ; principal article de
luxe, et nous eûmes du thé. Du thé dans des porcelaines
d’Europe à Saïermi, bu par un moine
létchekoumien : qui s’y serait attendu !
Le prince était un de ces beaux hommes modèles
de la belle race de la noblesse géorgienne.
Sa femme aussi était belle et faisait les honneurs
de chez elle avec son mari sans être voilée, ce
qui est déjà assez l’usage pour la partie de la
noblesse déjà plus civilisée et plus faite aux
usages européens , qu’on va apprendre dans un
voyage à Tiflis.
La maison du prince était dans une des belles
expositions de la vallée de Saïermi qui s’ouvre