
 
        
         
		sources qui jaillissent  à  travers  les  fentes  augmentent  
 eupore. 
 Avant  de  décrire  ces  ruines  et  d’aller visiter  
 ces monuments de  tous  les  âges,  semés dans les  
 pays que je me propose de parcourir, je vais essayer  
 de retracer  les principaux  événements de  
 l’histoire  de  la Colchide pt  du  sud du Caucase ;  
 ce  sera, j’espère, le moyen d’intéresser le lecteur  
 à ma narration,  et de lui  en faire  suivre  et  apprécier  
 les détails avec facilité. 
 Monté au pied des ruines sourcilleuses de l’antique  
 cathédrale, assis sur les racines de ces vieux  
 tilleuls et de ces vieux noyers,  en face de ce magnifique  
 paysage qui s’étend en vaste panorama à  
 mes pieds,  sur cette terre vénérable et sacrée,  ô  
 muse  de  l’histoire,  daigne  m’inspirer  et me redire  
 les  mythes  antiques  de la  Colchide,  et  la  
 gloire  des fils du Caucase  et du Masis. L’histoire  
 est la nourriture  des hommes,  leur philosophie,  
 leur morale!  l’homme est autant par le passé que  
 par le présent...  Et vous qui aimez vous promener  
 sur des ruines ,  scruter des révolutions ,  des  
 bouleversements,  et  contempler  d’un oeil  ferme  
 et pieux ces  successions de  gloire et de misère,  
 de  civilisation  et de sauvagerie,  de puissance et  
 d’anéantissement,  venez  avec moi,  errer par la  
 pensée  le  long  de ces cimes  éternellement blanchies, 
   de  ces  vallées  profondément  déchirées,  
 dans  ces riches plaines et ces  fertiles bassins  superbement  
 encaissés ;  vous  y  trouverez  de  quoi  
 rassasier votre ame. 
 Nous possédons une histoire de  la Géorgie (1)  
 que Vakhtang V, roi du Karthli, de  iyo3 à  1721,  
 fit  compiler  d’après  les  chroniques  conservées  
 dans  l’église  métropolitaine  de  Mtzkhètha,  et  
 dans  le célèbre monastère de  Ghélathi,  qui  s’était  
 enrichi  des  précieux  documents  de  Pit-  
 zounda. 
 Cette histoire  de Vakhtang  V  fut  traduite  en  
 partie par un Géorgien,  en russe, et sur ce travail, 
   M.  Jules Klaproth  fit faire  une traduction  
 allemande qu’il a publiée dans  la relation de son  
 vpyage au Caucase,  t.  I I , mais  qu’il n’a pas jugé  
 à propos de donner dans l’édition française.  J’ignore  
 ce qui l’a empêché de faire  connaître aux  
 Français cet intéressant morceau de la littérature  
 géorgienne  (2). 
 (1)  J’emploie  le  nom  de  géorgien  comme collectif des  
 peuplades qui parlent  un  des  dialectes  de  la  langue  kar-  
 thouli (karthouli éna), comme les Géorgiens appellent leur  
 propre langue.  Le nom  de  géorgien  vient  de  kordjistan,  
 nom  turc  et  persan de  ce  pays,  qui vient du  fleuye Kour  
 ou  Kora. 
 (2)  L’original  géorgien  est  très-rare;  il  en  existe  un  
 exemplaire  dans  la  Bibliothèque  du  Vatican ;  le  prince  
 Teimouraz,  a  Saint-Pétersbourg,  en  possède  aussi  un.  
 M.  Saint-Martin  en  a  donné des  extraits  d’après  la  traduction  
 allemande  de  Klaproth,  dans  ses Mémoires  sur  
 l’Arménie,  t.  I I ,  p.  181  et seq.