
 
        
         
		rapidité  extrême,  et  sur  le  sommet  même,  à  
 peine paraît-il quelques rochers déchirés qui aient  
 su résister à l’action du temps. Les massifs isolés  
 de  porphyre  pyroxénique du Mélaphyre,  sont  
 plus  fréquents  sur  la  pente méridionale qui  regarde  
 Akhaltsikhé,  où ils sont suspendus comme  
 des  torrents de  lave  compacte  qui  se  sont  arrêtés, 
   ne pouvant plus couler.  Leurs flancs déchirés, 
   grisâtres,  mousseux,  font  un  effet  pittoresque. 
  Le  genévrier commun,  et  le daphné aggloméré^), 
  applatis  sur le  sol,  se  sont hasardés  
 jusquaux  pointes  les  plus  élevées  avec  la  saxifrage  
 cartilagineuse  (2),  le  sedum  pilosum,  etc. 
 La  neige, à  l’ordinaire,  disparaît  entièrement  
 même des plus hautes sommités de  la chaîne des  
 montagnes  d’Akhaltsikhé ;  mais  l’année  i 833,  
 quelques cimes  ont  été  couvertes de neige pendant  
 tout le mois  de juillet  et d’août, et dm, vers 
 1  91  sepfembTe  *1  f  • ”s octobre  , il  en  était  tombe  beaucoup  de nouvelle. 
   Sous  cette  latitude  de  $2°,  la  ligne  de  
 la  neige  éternelle,  étant  dans  le  Caucase  à 
 11,000  pieds  ,  on  ne  peut  donner  aux  plus  
 hautes  sommités moins de  10,000 pieds de  roi à  
 peu près.  Celle de Sakhéri dont nous traversions  
 le col,  n avait pas beaucoup  moins. 
 Nous  redescendîmes  à  quelques  centaines de 
 (1) Daphne glomerata. 
 (2)  Saxifraga cartilaginea. 
 pieds  du  sommet,  sur  la  pente  sud,  pour  nous  
 loger au milieu du camp abandonné où les Russes  
 passèrent  deux  mois  et  demi  en  observation,  
 avant le siège  d’Akhaltsikhé. Le  rempart  en bois  
 et  en  terre  est  déjà  détruit ;  car  les voyageurs  
 prennent  le  bois pour  se chauffer ;  les baraques  
 sont  toutes  enfoncées. 
 Je profitai de  quelques heures de jour  qui me  
 restaient, pour faire quelques excursions et pour  
 dessiner. Je trouvai sur  les pentes  nues ,  gazon-  
 nées  du  sommet, plusieurs  chalets  semés  çà  et  
 là, hàbités par des Tatares (1),  qui viennent faire  
 paître  ici  de  nombreux  troupeaux  de moutons  
 et  de  chèvres,  ainsi  que  des  vaches,  des  buffles, 
   etc.  Leurs  huttes  sont  très-basses  et  couvertes  
 de  terre.  Leurs  femmes,  qui ne  sont  ni  
 belles,  ni  ragoûtantes,  ni  fort  douces,  les  accompagnent  
 pendant  l’été.  Quand  la  neige  revient, 
   ils  redescendent  comme  en  Suisse, dans  
 la plaine. 
 De  l’endroit où nous  étions  campés,  le  paysage  
 était, superbe ;  il  s’ouvrait  sur  la vallée  de  
 Bardjom et sur celles qui sont  à l’ouest d’Akhaltsikhé. 
   A  quelques pas  au-dessous de nous,  recommençaient  
 les  bouleaux  et  les  sapins,  au-  
 dessus desquels  un  énorme  rocher de  porphyre 
 (1) Voyez  atlas,  II  Série  Pittoresque,  pl.  19,  c.