trêve de 3o ans avec les Musulmans. Vers cette
époque il fit la conquête de Maranda et d’Ardé-
bil dans l’Aderbaïdjan. En 1220, un détachement
de l’armée de Djinghiz-Khan, pénétra en
Géorgie, et y commit de tels ravages que George
en mourut de chagrin en 1221.
Il ne laissa qu’un fils nommé David qu’il avait
eu d’une concubine, et qu’il reconnut pour son
héritier sous la régence de sa soeur Roussoudan,
fille de la reine Thamar.
Roussoudan ne fut pas moins célèbre que sa
mère, et son intéressante histoire prendrait une
place importante dans celle du XIIIe siècle. Plus
malheureuse que sa mère, sa beauté lui causa
de grands chagrins dès les premières années
de son règne. Car Djelal-Eddin, sultan du Khaz-
rim, sur le bruit de ses charmes, s’était mis
sur les rangs pour prétendre à sa main. Dans
le même temps un autre voisin de Roussoudan,
Moghits-Eddin-Thoghril-Châh, de la race , des
Seldjoukides et seigneur d’Arzeroum, apprenant
que les Géorgiens voulaient que leur reine
épousât un prince d’une famille royale, avait envoyé
une ambassade pour proposer son fils Thav-
ghirissi; les Géorgiens trouvèrent plus à leur
gré ce dernier, pourvu qu’il changeât de religion.
Son père y consentit et Thavghirissi épousa
Roussoudan, dont il eut un fils et une fille, David
Narin et Thamar.
Djelal-Eddin ne put apprendre ce choix et le
refus formel que Roussoudan avait fait de sa
main, sans entrer dans une grande colère; il revint
à trois reprises dès 1226 ravager la Géorgie
à la tête d’une grande armée, mettant tout en
oeuvre pour faire tomber la reine dans son pouvoir,
et se venger de son heureux rival. Les
kourdes du sultan ne purent exécuter ses projets;
Roussoudan s’était sauvée à Koutaïs, et
Djelal-Eddin fut forcé de revenir défendre ses
états contre les Mon gols qui s’emparèrent en 1231
de l’Aderbaidjan et battirent le sultan dans les
plaines du Mougan. Djelal-Eddin fut, dit-on,
tué par des bergers dans sa fuite.
La conduite irrégulière de la reine lui attira
encore d’autres ennemis. Elle aimait, dit Aboul-
féda, un de ses gardes; son époux en ayant été
informé, les guetta, les surprit : irrité comme de
juste de cette infidélité, il gronda son épouse,
qui, pour toute réponse, le fit enchaîner et
transporter dans un château fort. Aboulféda
ajoute que la reine fit venir ensuite, comme pour
braver son époux, deux hommes qu’on lui avait
vantés pour leur beauté, et qu’elle en choisit un
pour l’épouser.
Lassée de ce second mariage, elle renvoya
bientôt ce second mari, et tourna ses yeux et son
amour sur un mahométan de Gandja, qu’eUe
ne put porter, ni par prières, ni par exhortations,
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