naient, l’une dans la vallée du Kram, l’autre à
Ani et dans la vallée de l’Akouréan.
Je dînai encore à Khertvis, puis vers le soir
je (üs adieu à notre aimable commandant pour
aller passer la nuit à Aspindsé. Nous redescendîmes
la vallée du Kour en nous tenant sur la
nve droite, hérissée de rochers jusqu’au premier
village, qui est à trois verst de Khertvis. Le grès
et le schiste, qui appartiennent très-vraisemblablement
à l’étage inférieur de la craie, se montrent
ici horriblement maltraités. Leurs couches
plongent vers le cirque volcanique de Nakola-
VI ï au fur et à mesure qu’on avance, leurs masses
s elèvent au-dessus du niveau du Kour. Elles
sont couvertes, comme plus haut, de lits de débris
volcaniques, qui en s’éboulant couvrent le
sol de blocs et de cailloux; il se forme des cavernes
naturelles dans les couches les moins
compactes.
Au village, nous retrouvâmes la vallée rélar-
gie, que nous avions déjà parcourue en suivant
la rive gauche, couverte de champs fertiles, tandis
que la droite, très-escarpée, n’est hérissée
que de terrasses à l’infini jusqu’au sommet de la
montagne; la plupart sont abandonnées; cependant
on a recommencé à cultiver celles qui avoi-
sinent le Kour; ce sont des essais. Les unes sont
couvertes d arbres, les autrés de vigne, qui paraît
prospérer; car un des propriétaires m’ayant
vu passer, m’apporta d’excellent raisin noir.
Les traces des anciens villages se voient près
de deux églises, dont l’une a été changée en habitation
par les Turcs.
Avant d’arriver à Aspindsé, il nous fallut passer
par cette horrible écluse de roches volcaniques
et porphyriques, dans laquelle s’engouffre
le Kour avant d’atteindre la vallée d’Aspindsé ;
c’est quelque chose de semblable à l’écluse de
Zéda-Tmogvi, mais ce n’est pas si pittoresque.
La végétation ressemble à celle de la Crimée près
de Sabli,
Aspindsé est dans une des plus riches et des
plus riantes vallées du Sa-atabago ; mais quand
la nature verse avec abondance ses dons sur
nous, il est fâcheux que nos institutions sociales
tendent à étouffer le bien qu’elle fait. Aspindsé,
habité par des Turcs, était jadis la propriété
d’un bey qui, lors de la prise en possession des
¡lusses, vendit ses droits sur le village à un Arménien.
On connaît cette nation avide : le nouveau
propriétaire ne s’est pas plutôt vu le maître
qu’il a, dit-on, exigé des paysans une dîme du
quart de la récolte, au lieu du onzième, que le
bey demandait d’eux. Je crois cependant que
l’Arménien paie la capitation. Les paysans se
plaignaient beaucoup à mon passage ; je suis per