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 nous son souper,  et Paire  en  terre de  sa hutte.  
 Ce  qui  nous  arrivait  contrastait beaucoup  avec  
 les  réceptions  qu’on  nous  avait  faites  partout  
 ailleurs, 
 Je passai  la matinée du lendemain à courir les  
 ruines et les rochers et à dessiner la  vue  d’Oni,  
 du  point  où  je  l’avais  découvert  la  veille pour  
 la première fois en arrivant.  C’était la plus belle.  
 Pour  qu’on  comprenne  mieux  mon  dessin,  je  
 vais en donner une petite explication. 
 Le  fond de la vallée  d’Oni,  derrière le bourg,  
 s’ouvre  pour y laisser entrer  le Phase  qui coule  
 à  gauche ;  on  peut  suivre  son  cours  supérieur  
 entre  les  pentes  boisées  qui  s’appuient  d’un  
 côté  sur les  cimes  toujours  neigeuses du  Choda  
 et de l’autre  sur  les  deux  pyramides noires du  
 Zoropa. 
 Le  Choda  remplit  tout  le  coude  que  fait  le  
 Phase  depuis  sa  source  au-dessus  de  Ghébi  
 jusqu’à  Oni.  Il  se  compose  de  deux  cimes  
 principales  trapéziformes,  couvertes  de neiges.  
 Elles  sont  schisteuses  et  descendent  jusqu’au  
 Phase, où quelques jets  de porphyre en percent  
 la base.  Entre la neige  éternelle  et  les  forêts,  il  
 se trouve un espace assez considérable de pentes  
 nues,  déchirées,  quelquefois  gazonnées.  Les  
 eaux du Choda forment les premiers filets nourriciers  
 du  Phase  au  N.  E.  La  Sakaoura  est  le 
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 receptacle  des  pentes  sud-ouest,  et  se  réunit  
 aussi  au  Phase au-dessus  d’Oni. 
 Le  Zoropa opposé  au Choda  encaisse  la  rive  
 gauche du Phase.  Les doubles cimes  sont aussi  
 schisteuses  et  conservent,  malgré  leur extrême  
 escarpement,  quelques  lambeaux de neige pendant  
 toute l’année. De quelque endroit qu’on les  
 voie,  elles  sont  pyramidales ;  leurs  pentes  sont  
 nues, noires, et reposent sur des pentes moins escarpées  
 et boisees. C’est de la que la Garoula tire  
 la plus grande masse de ses eaux limpides. Le Zoropa  
 est beaucoup  plus bas que  le  Choda  dont  
 les cimes atteignent n   et peut-être  12,000 pieds  
 d’élévation. 
 Entre ces deux beaux groupes, l’oeil d’écouvre  
 encore sur l’horizon  les cimes plus  lointaines du  
 Kadèla(i),  qui s’élèvent derrière Ghèla. Les habitants  
 du pays les appellent les montagnesDigo-  
 riennes ou Dougoriennes,  parce que c’est là que  
 sont les passages pour arriver chez lesDougores.  
 Les  plus  hautes  de  ces  cimes  sont  couvertes  
 d une  coupole  de  neige. 
 Un  labyrinthe  d’autres  objets  diversifie  le  
 paysage.  Des  villages  sont  semés  dans  toutes  
 les  directions;  Latsta  avec  ses  tours  sur  un  
 plateau  de  la  rive  droite  du  Phase,  vis-à-vis  
 d Oni;  Garoula sur le plateau,  qui fait coin entre 
 (1)  Klaproth  et Güldenst'àdt  écrivent Kédéla  :  ce mot  
 signifie mur, je  ne  sais  dans quelle langue.