richesse ; ici les traces de vie sont encore bien
faibles ; que de noms sont effacés et ne renaîtront
pas dans les souvenirs des nouveaux habitants
! En parcourant ce pays, je me suis
trouvé embarrassé d’écrire un journal, ignorant
le plus souvent le nom de la localité, que ni mes
guides, ni ceux que je rencontrais, ne pouvaient
m’indiquer; j’ai donc été obligé de noter par
distance, et c’est ainsi que je vais transcrire le
peu d’observations que j’ai pu faire sur la vallée.
Nous passâmes à Atskour même le Kour,
dont nous suivîmes d’abord la rive gauche.
Au deuxième verst, nous trouvâmes un village
et une église en ruines, avec des traces d’anciens
jardins remplis de pruniers, de pommiers et de
noyers.
Au quatrième verst, ruine d’un vieux château
tout semblable à ceux des bords du Rhin avec
ses tours et ses créneaux. Aux alentours croissent
beaucoup d’azéroliers et de rosiers sauvages.
La vigne sauvage au cinquième verst, rampe
déjà sur les buissons, disputant le sol aux nombreux
cormiers; près de là petit village avec
une église ruinée sur une colline.
Elargissement de la vallée et ruisseau au septième
verst. Champs et maisons sur la hauteur.
Au huitième verst, ruine d’une église sur la
rive droite.
Une vallée latérale par laquelle débouche un
ruisseau au neuvième verst, attire l’attention ; le
paysage change de forme du tout au tout.
A quelque peu de grès et de schiste horriblement
déjeté et bouleversé, qu’on voit près
d’Atskour, avaient succédé des formations por-
phyriques et volcaniques. A cette vallee commence
leür étonnante accumulation. Ce sont
d’immenses lits de blocs entasses et empates,
entremêlés de lits de débris plus petits ; des
couches d’une espèce de grès brillant gris avec
des cailloux empâtés; des coulées de dolérite
prismatique, rouillëe, sur des bancs de cailloux
et de blocs. Pics isolés, déchirés, agroupés,
entassés I à parois verticales. Lits soulevés, recourbés,
redressés, verticaux. Teinte générale
grisâtre. Végétation de pins qui ont recouvert
les endroits accessibles, les cimes sont assez bien
garnies.
Paysage aussi extraordinaire que possible.
Forme des montagnes par pics, par aiguilles,
crénelée, déchirée. Dans les pentes escarpées,
verticales, longues fentes et lardasses, larges
crevasses. Eboulements énormes. Montagnes de
blocs à angles usés, arrondis au pied de ces parois
verticales. Encaissement du Kour dans ce défilé
: à peine voit-on par-ci par-là un espace libre
sur ses rives.- C’est sur les pentes et parmi les
blocs éboulés de cet horrible chaos qu’on ter