ses rives. La fable populaire attribue ces teintes
sanguines au sang des martyrs David et Constantin
j qui imprégna le sol, quand on les traîna
dans le Rion, où les Persans de Mourvan-Krou
les jetèrent parce qu’ils n’avaient pas voulu renier
leur foi.
L’eau de la Tskaltsitèli est très-malsaine et
personne n’en boit; les poissons mêmes sont
dangereux et donnent la fièvre ; les gens du
pays prétendent les reconnaître à l’instant quand
on en apporte au marché, et n’en achètent jamais.
Ghélathi perché à 5 ou 600 pieds au-dessus
du niveau de la rivière, est groupé sur une des
terrasses nombreuses et confusément étagées
qui s’élèvent dans l’intérieur du cratère de soulèvement
jusqu’au pied de la longue crete de
rochers calcaires qui en couronnent le pourtour.
On y arrive par un affreux chemin.
L’aspect de ce monastère est l’un des plus
pittoresques que l’on puisse voir; une muraille
percée de deux portes en defend 1 abord par les
points accessibles. On peut entrer à cheval par
l’une. L’autre, qui était la principale jadis, est
fermée à moitié, et l’on ne peut y passer qu’en
montant quelques mauvais degrés. C’était une
espèce de portique ; on le voit fort bien, dessiné
sur le devant du monastère dans la vue que
j’en ai donnée. David III, le réparateur par ex-
— *77 —
cellence, l’avait fait construire pour y placer,
comme trophée de ses victoires, les fameuses
portes de fer, dites de Derbend.
Elles consistaient en barres de fer, recour*
vertes de plaques de tôle. L’un des battants est
resté appuyé contre le fond du portique, comme
pour fermer la moitié de l’entrée. Le sort de
l’autre offre plusieurs versions : selon M. Gamba,
il a été emporté par les Turcs, comme trophée (1 ) ;
selonv d’autres, il a été fondu (2) ; on ne fond
pas du fer battu, ni des plaques de tôle. Voici ce
qu’il y a de plus probable ; l’impératrice Catherine
II envoya à Salomon, roi d’Imérelh ( 1762
à 82) un ouvrier habile avec des plaques de tôle
pour recouvrir le toit de l’église principale de
Ghélathi; ce maître étant mort, les ouvriers imé-
rétiens qui terminèrent l’ouvrage, vinrent à
manquer de clous, et les moines ne trouvèrent
pas d’autre remède, que de leur donner cette
seconde porte pour en faire (3).
Le battant qui est resté a près de i 3 pieds de
haut et de 5 de large. On lit dessus une inscription
coufique qu’on y a martelée à creux et à
bosse : la bosse est le bon côté ; mais comme il
(4) Gamba, 1. 1, p. 273.
(2) Eichwald, Reise aufdem Caspischen meere und in
den Caucasus. I. B. S. 126.
(3) M. Frâhn, dans la brochure citée plus bas, p. 181«
If. 12