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 Les  Romains  rasèrent  Pétra  pour  ôter  aux  
 Perses  tout pouvoir de  s’en  rendre maîtres une  
 seconde  fois.  Depuis  lors,  Pétra  a disparu  de  
 l’histoiré,  et personne jusqu’à présent n’en avait  
 soupçonné les  ruines  sous  les épaisses forêts  de  
 hêtres qui les recouvrent  (1). 
 Cependant Merméroës  se  hâtait  d’accourir au  
 secours  de  Pétra;  le  printemps  était  avancé;  
 marchant à  grandes journées,  il en apprit la catastrophe. 
   Revenant  sur  ses  pas,  il occupa  les  
 gorges  qui menaient en Géorgie,  là où la Kvirila  
 (le Phase de Procope) est  guéable;  il  la traversa  
 pour  aller  restaurer le  château de  Skanda  qui  
 est sur la hauteur à deux lieues de sa rive droite.  
 Puis  continuant  sa route,  il  se  dirigea  vers  le  
 point où le  Rhéoné  (Rion)  n’est plus navigable ,  
 le  traversa avec  son armée et s’en alla tout droit  
 vers Arkhéopolis,  YAea  deS  anciens,  aujourd’hui  
 iVakolakévi,  pour  en  faire  le  siège.  Cette  
 ville était la capitale des  Lazes.  Il  laissa à  sa gauche  
 Vartsilché  ou  Rhodopoïis  que  les  Lazes  
 avaient détruit.  Toute  son armée était à cheval ;  
 il avait  8  éléphants  avec  des  tours.  On ne  comprend  
 pas  comment  les  Perses  avaient pu rendre  
 les  chemins  praticables  pour  de  pareils  
 colosses. 
 On  est étonné  sans doute de voir que  les Ro-  
 ( 0   Voyez plus bas la description  que  j ’en  donne. 
 mains aient pu laisser  entrer  les  Perses  dans  la  
 Lazique, sans y porter le moindre empêchement.  
 Les  laisser  arriver  jusque  devant  Arkhéopolis!  
 On ne  concevrait pas de pareilles  choses,  si l’on  
 ne  connaissait l’extrême négligence, et la sordide  
 cupidité  des  généraux  d’alors,  qui  comptaient  
 sur  l’indulgence  outrée  de  l’empereur  Justi-  
 nien. 
 Précisément au moment  ou il fallait aller occuper  
 les défilés  de  la  Lazique  et les défendre,  
 Bessas  était  parti pour  aller lever les  tributs de  
 son  gouvernement  d’Arménie.  Jamais  l’armée  
 perse  ne  serait  entrée  en  Lazique  si  Bessas ne  
 l’avait  bien voulu. 
 Arrivé  devant  Arkhéopolis,  Merméroës  apprit  
 qu’outre la  garnison de cette place, de 3,ooo  
 hommes,  les  Romains  avaient  encore  un  camp  
 de  çj,ooo hommes  sur  la  droite  du Phase,  près  
 de  son  embouchure.  Il vit  la  nécessité  de détruire  
 ce corps,  pour faire le  siège  d’Arkhéopolis  
 à  loisir.  Passant  donc  devant  les  murs  de  
 cette ville,  il  salua  en ricanant les  soldats, pro-  
 iriettant qu’il reviendrait bientôt, dès qu’il aurait  
 dit un mot à  leurs frères de Phasis ;  ceux-ci  ne  
 l’attendirent  pas;  se  croyant  trop  faibles,  ils  
 traversèrent promptement le fleuve,  et Merméroës  
 ne trouva qu’un  camp  complètement vide.  
 Sa  fureur fut  extrême;  il espéra  se venger  sur  
 Arkhéopolis.