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 route de Koutaïs  à Tiflis  se  trouvait  en  face de  
 1 entrée  de  la  grotte ;  le  pont moderne en bois  
 est un peu au-dessous ;  il  n’y  a pas de jour que  
 l’on ne voie  des  groupes de voyageurs s’arrêter  
 ici pour faire  paître leurs  chevaux sous les  lauriers  
 nobles,  et pour y passer la nuit à l’air sous  
 la protection du rocher et des arbres  touffus,  à  
 moins que la pluie ne  les chasse dans l’intérieur  
 de la grotte (1). 
 Ces  écluses  calcaires  du Rion et de la Tskal-  
 tsitèli ne  sont qu’une continuation et qu’une répétition  
 de  ce  que j ’ai  vu  sur  toute  la  côte  de  
 1 Abkhasie,  ainsi  qu’a  travers  la Mingrélie *  et  
 ici comme là, ces derniers lambeaux de craie ou  
 de jura  sont déchirés  par  des  filons  et  par  des  
 jets porphyriques. 
 Tsikhédarbasi ou Tamaratsikhé. 
 A voir  les chétives  demeures des princes  régnants  
 de la Mingrelie et de l’Abkhasie, certes on  
 ne dirait  pas  que  l’architecture  a  eu  ses  beaux  
 jours en Colchide.  Et cependant les anciens rois  
 du pays  qui avaient  érigé  ces belles  églises  que  
 je viens de  décrire  avaient  aussi des palais construits  
 avec  autant  de  solidité  que  d’élégance* 
 0 )  Voyez Atlas,  IIe série, pl.  i5* 
 La main ennemie a respecté  les  églises ;  les  palais  
 des  princes  ont  presque  tous  disparu,  et  
 leur  faiblesse,  toujours  croissante  sous  le joug  
 des Turcs,  ne leur a  pas  permis  d’en'ériger de  
 nouveaux. 
 Parmi le  petit  nombre  de monuments de  ce  
 genre  que  l’habitant  du  pays  montre  avec  cet  
 orgueil d’un noble qui se pare des belles actions  
 de  ses ancêtres,  aucun  ne  peut être comparé à  
 Tsikhédarbasi,  autrement  dit  le  palais  de  la  
 reine  Thamar,  aux  bords  du  Phase :  c’est  le  
 Moukhérisis de Procope. 
 Je voulus  y  faire un  pèlerinage;  j’y  retournai  
 souvent,  tant  je  trouvai  d’aliment à ma  curiosité  
 et  à mes  réflexions.  J’errai  pendant dix  
 verst  le  long  du Phase,  arrosant  la  superbe et  
 fertile plaine  au milieu  de  laquelle  il  serpente,  
 échappé de sa dernière écluse. J’étais perdu sèüs  
 les  guirlandes de beaux chênes  et dans les vastes  
 enclos de maïs qu’ils  entourent,  quand,  sortant  
 tout à coup de ce labyrinthe, je vis  s’élever  devant  
 moi un amas  de  voûtes  et de  ruines  dont  
 la  grandeur m’étonna ;  nulle part je n’avais rien  
 vu  d’approchant. 
 Jusqu’à  quelques pieds  au-dessus  de  terre  ce  
 bâtiment était en pierres de  taille ;  lë  reste  était  
 en  grandes briques de la meilleure qualité. On y  
 reconnaît une partie plus  ancienne  et à laquelle  
 on  a ajouté une  aile par  la  suite. L’ancien palais