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 un  lieu  de  refuge  pour les  Géorgiens,  presque  
 toujours  attaqués  par  des  peuples  venant  de  
 l’Orient;  souvent le pays,  favorisé  par  le  sort,  
 échappa eux ravages,  pendant  que  les  contrées  
 inférieures étaient désolées par le carnage  et par  
 la  dévastation.  La  majeure  partie  du  Sémo-  
 Karthli devint  le  patrimoine  de  la  famille  Ba-  
 gratide,  longtemps  avant  qu’elle  montât  sur  
 le  trône  d’Abkhasie  et  de  Géorgie. 
 L’un  des  premiers  soins  de  David  III,  de  
 Thamar,  fut  d’unir  cette  province  plus intimement  
 à leur royaume;  c’est alors que commence  
 l’époque la plus florissante pour ce pays. La tradition  
 cite  même  plusieurs monuments qu’elle  
 attribue  à  la  reine  Thamar  dans  ces  contrées ;  
 elle  évoque  son  ombre  jusque  dans  les ruines  
 silencieuses  de  Vardsie  ,  dans  ses  grottes  innombrables  
 et  ses  églises  ;  elle  l’y  fait  habiter, 
  elle l’y fait mourir et  y montre  son  tombeau. 
 Il  n’y  avait  qu’un  gouvernement  puissant  et  
 encourageant  qui  pût  porter  aussi  loin  l’esprit  
 d’industrie et de  culture,  sur les  deux rives du  
 Kour ;  tout  ce  que  des  rochers bouleversés  et  
 volcaniques,  des  pentes  rudement  escarpées,  
 pouvaient offrir de  sol cultivable,  fut autant  de  
 conquis  sur  une  nature  tant  soit  peu marâtre ; 
 des murs  à l’infini comme  sur les bords  des lacs  
 de Genève et de Neuchâtel, soutinrent  les  terres  
 terrassées ,  sur  lesquelles on  planta d’immenses  
 vignobles,  des  vergers  innombrables ;  malgré  
 l’élévation absolue du sol qui rend ce  pays  tempéré, 
   tout prospéra  dans  un  terroir  presqu’entièrement  
 composé  de  débris  volcaniques.  De  
 riches récoltes  de  céréales couvrirent  les  thal-  
 vegs  des  vallées,  aux  alentours  d’Akhaltsikhé,  
 d’Atskver',  d’Àspindsé.  Les  villages  étaient  semés  
 partout,  surtout  le  long  du  Kour,  et  le  
 peuple  géorgien  -chrétien  adorait  Dieu  dans  
 une  multitude  de  chapelles  et  d’églises,  telles  
 que celles d’Abastouman,  d’Atskver, de Sap’liar,  
 de Nakolakévi,  de Vardsie. 
 Les  rois de Géorgie  firent gouverner ce pays  
 par  des  chefs  qui  prirent  le  nom  d’Atabeg.  
 Klaproth  suppose  que  ce  nom  signifie Gouverneur  
 des  princes  et  que  cette  charge  n’était  
 donnée  dans  l’origine  qu’a  ceux  qui  avaient  
 élevé les princes  de  la  famille  royale.  D’autres  
 croient  que  ce  titre  signifie  tout  simplement  
 ancien,  prince  ;  il  n’a pas  toujours été  donné  
 exclusivement  aux  gouverneurs  d’Akhaltsikhé ;  
 mais  on  le  trouve  aussi  usité  pour  désigner  le  
 Gouriel  ou prince  du Gouria. 
 Le plus ancien des  atabegs  connus fut Sarghis  
 qui  mourut  en  1334,  et  qui  fut  remplacé par