Kherthvis.
Le vendredi, f§* septembre, nous continuâmes
notre route.. Nous passâmes par Akhalchenié
(par abrev. Akhachenie) qui est aussi l’un de ces
anciens villages géorgiens turquifiés, à 7 verst
de Gobiéti. La vieille église est encore là au
centre du village, entourée de vieux tombeaux
couverts de croix; quelques uns, comme à Ak-
haltsikhe sont en forme de belier (1). Ce genre
de tombeaux ne se trouve ni dans la Géorgie
proprement dite, ni dans l’ancienne Colchide. Les
Arméniens seuls de la grande Arménie l’avaient
adopté et il paraît que ce n’est qu’après leurs
conquêtes sur les Arméniens que les Géorgiens
l’ont imité.
Jusqu’aAspindsé, le chemin suit la rive gauche
du Kour. Mais au—delà, d’afFreux rochers qui
bordent la riviere interceptent tout passage sur
cette rive. Nous gravîmes la crête de ces rochers
, laissant Aspindsé sur la rive droite du
Kour, et sur la gauche dans un vallon étroit les
bains d’Akmet, éloignés de quelques verst de la
route. Cette source commence à être fréquentée;
elle est acidulee et montre 13° ? de température ;
elle est agréable à boire ; en sortant de terre,
( ' ) Vayt# Atlas, IV série, pl. 28.
elle remplit deux bassins où l’on se baigne (1).
Elle dépose considérablement de tuf calcaire ;
le ruisseau qui passe à quatre jets de pierres au-
dessous de la source en est même encaissé.
On exploite ce tuf pour Akhaltsikhé; car il n’y
à, dit-on, pas d’autre pierre à chaux dans le pays
que celle-là.
De l’autre côté de la crête de rochers, des
terres arables remplissent l’élargissement de la
vallée. Mais à l’approche de Kherthvis, la
vallée du Kour se rétrécit derechef; deux parois
à pic et noirâtres, ne sont séparées que par
la largeur du Kour, et par une bande étroite de
terrain couvert de vergers. Mes yeux se portent
avec une attention toujours croissante sur la
paroi qui est en face de moi, où je vois s’ouvrir
une fente sombre et profonde, dont un rocher
noir isolé masque en partie l’entrée. C’est là
Kherthvis.
Cette fente est la gorge par laquelle la Tapra-
vanié vient se jeter dans le Kour , et ce rocher
sourcilleux qui marque l’angle du confluent dès
deux rivières, est le postument sur lequel est
perché le château de Kherthvis. Il est rare
qu’un peintre puisse trouver des effets de paysage
plus dignes de. son pinceau.
(0 N’ayant pas été moi-même à Akmet, je tiens ces détails
de M. Tesseyre , qui y a passé une saison de bains.