aussi pratiqué son ermitage près d’ici dans les
rochers ; on afflue pour le voir; mais il ne se
montre que fort difficilement.
Deux à trois vers! plus loin nous repassâmes
pour la dernière fois la Djonauli, qui va se jeter
dans la Tskhénitskali, et, par un chemin tel que
son horreur portait mon guide à dire que le bon
Dieu n’avait jamais passé par-là, nous arrivâmes
à la Kuéréchula qu’on remonte au bruit de ses
cascades en marchant sur un dôme porphyrique,
sur lequelJest bâti le village de Zoubi.
Zoubi a des vignobles où l’on cultive la vigne
basse ; les raisins.étaient excellents. Je distinguai
un chasselas blanc avec de petits points noirs,
la peau épaisse , très-sucré et doré, se fendant
comme notre chasselas : la grappe est peu fournie,
la première épaule est fort longue ; je remarquai
aussi une autre espèce très-fournie, très-juteuse,
commune dans nos vignobles.
En nous reveillant le 23 septembre, nous vîmes
derechef la neige en face de nous sur les montagnes.
Elle fondait pendant la journée. Nous
avions passé la nuit sous un hangar supporté
par quatre poutres et ouvert à tous les vents.
11 nous restait encore une forte journée à faire
pour atteindre Gordi où se trouvait Dadian.
Nous fîmes tout ce trajet le long des rives de la
Tskhénitskali. 11 existait un chemin meilleur et
plus court, pour aller tout droit de Moun a
Gordi en passant par une haute montagne nommée
Koutkmta ; mais on avait jugé bon de me
faire passer par celui-ci, de crainte que je ne
visse le pays, et pour donner a un courrier qu on
envoyait à Dadian, le temps de me devancer j on
m’avait rendu service sans le vouloir ; car pouvais-
je espérer d’étudier la nature du sol au haut de
ce plateau, comme je pouvais le faire ici dans ces
superbes gorges?
Nous eûmes avant d’arriver à Issoundouri une
charmante vue sur Ouokouréchi s’élevant à mi-
pente en face de nous, seme dans les vergers.
Au-delà d’Issoundouri, la nature et les formes
du sol changent : tout ce qui entoure le village
n’est que débris de roches crayeuses ; l’autre rive
de la Tskhénitskali, semblable à une muraille, est
soulevée par un jet de roche porphyrique qui
sort du milieu du schiste renversé (î).
Les porphyres pyroxéniques s’élèvent alors
et prennent le dessus et leurs masses remplissent
et encaissent toute la vallée, tandis que les roches
calcaires en couronnent le sommet comme une
corniche, dont les fréquents éboulements couvrent
de leurs débris les pentes plutonniennes.
D’Issoundouri à Vouédi (10 verst de distance)
(i) Le petit ruisseau de Ratcheka , affluent de droite de
la Tskhénitskali, à 2 v. d’Issoundouri, est la vraie limite
des porphyres sur cette rive ; belles hélices sur ses rives.