à les traiter comme tels ; ils se sont révoltés, ont
porté plainte auprès du gouverneur d’Iméreth,
qui a trouvé qu’il y avait peut-être eu abus de
la part des Tsirételli en les forçant au servage,
vu que d’origine les juifs étaient et devaient être
libres lors de leur colonisation. Sur cette remarque
faite, Grégoire Tsirételli ne voulant pas
contester la chose, fit repondre au gouverneur
que si les juifs n’étaient pas serfs, lui Grégoire,
était au moins possesseur, seigneur et maître du
terrain qu ils habitaient. Qu’en conséquence, puisque
les juifs récusaient les corvées, il voulait
faire cultiver sont terrain par quelqu’un d’autre,
et qu’il le priait de donner ordre aux juifs de
quitter ses domaines le plus vite possible. Il n’y
avait rien à répliquer à cela ; le gouverneur acquiesça
à la prière du prince, et l’ordre fut intimé
aux juifs de faire leurs paquets. Ce fut alors
une autre scene. Les juifs ne voulurent pas
quitter. Je ne sais comment ils se sont arrangés
enfin avec le prince, qui était bien disposé à ne
rien céder de ses droits.
Le prince Grégoire s’est fait construire à Oni
une maison murée qui peut passer pour un palais
dans ce pays ; on la voit à droite au fond de la
vallée dans mon dessin, mais la distribution intérieure
porte toujours le type des moeurs du
pays.
3 butes les communications des vallées d’alentour
avec le Haut-Ratcha se concentrent à Oni :
un chemin direct mène dans la vallée de la Kvi-
rila, à Satchekhéri où résident tous les Tsirételli
en commun. Un autre chemin conduit aux forges
et fonderies de fer de Tsédissi ou Sédissi. On remonte
la Djedjori l’espace de 8 verst; puis on va
chercher le village à 10 verst plus loin dans l’intérieur
du pays, au pied du Kadèla. Le minerai
donne près de moitié de fonte ; il est dans
une roche grise, moyennement compacte, fendillée
dans tous les sens. La mine est pisiforme,
de couleur brune. Elle donne un des meilleurs
fers du Caucase que les habitants de Tsédissi
travaillent sous toutes sortes de formes. Il serait
facile d’en tirer un meilleur parti en faisant usage
des procédés européens.
Oni a le grand désagrément qu’appartenant à
plusieurs propriétaires, quand un étranger y
requiert quelque chose de la part du gouvernement,
personne ne veut obéir; on renvoie l’ordre
de l’un à l’autre, et en attendant celui qui requiert
a le temps de s’ennuyer. Encore si avec
un peu d’ennui on obtenait quelque chose! Le
kélossan montra beaucoup de bonne volonté, ,
courut de l’un chez l’autre pour nous trouver un
petit coin pour nous loger : va chez le voisin,
lui disait-on, et nous aurions pu nous passer de
logement bon gre malgré, si une connaissance
de Nicolas qui se trouva par là ne nous eût menés