toute communication étant interrompue, se rendit
au château l’air effrayé et assura à la garnison
que l’armée romaine avait été taillée en pièces.
A cette fable, l’épouvante s’empare de la garnison
qui supplie le traître d’avoir pitié d’eux, et
d’obtenir pour eux vie et bagues sauves. Ainsi
fut pris Oukhimérion.
Rien n’entravait plus les Perses qui purent
passer l’hiver en paix. Merméroës laissant une
bonne garnison à Oukhimérion, et 3,000 hommes
à Koutaïs, alla s’établir tranquillement à
Sarapana qu’il venait de faire rétablir.
Apprenant sur ces entrefaites que les Romains
et les Lazes s’étaient concentrés au bord du
Phase, près de son embouchure, malgré l’hiver,
il réunit tout à coup ses troupes et tombe sur
eux. Les Lazes et les Romains n’eurent que le
temps de se sauver chacun où il put. Goubazès se
retira sur le sommet des montagnes où il brava,
avec sa femme et ses enfants, toutes les intempéries
de la saison, unies à la disette qui se faisait
sentir. La plupart des Lazes, par vénération
pour leur roi, eurent la même constance que
lui, supportant l’hiver au milieu des rochers, ne
craignant pas l’approche des ennemis pour qui
ces montagnes étaient inabordables, surtout dans
cette saison.
Le prudent Merméroës, pour les séduire, fit
construire dans les villages des Lazes, nombre
de maisons qu’il remplit de provisions, et qu’il
fit offrir à ces fugitifs par des transfuges qui surent
les trouver dans leurs retraites; quelques
¿azes succombèrent à la tentation ; la plupart
tinrent bon avec leur roi, qui ne fit pas grand
cas d’une longue lettre fort séduisante, que Merméroës
lui adressa, et dans laquelle il Rengageait
à adorer Khosroës comme son maître, et que
celui-ci lui conserverait son royaume.
L’hiver de 55i à 552 venait de se terminer.
Le perfide Khosroës, qui avait conclu une trêve
avec Justinien pour une somme énorme d’argent
, n’en continua pas moins ses projets sur la
Lazique, et avec l’argent qu’il avait reçu pour la
trêve, il s’acheta des troupes nombreuses parmi
les Alains, les Huns, etc. Merméroës eut l’ordre
de presser les choses autant que possible. Il se
dirigea donc vers les places fortifiées, commençant
d’abord par le camp de Phasis où Goubazès
et les Romains s’étaient de nouveau réunis ; il ne
put les atteindre. Il voulut ensuite assiéger un certain
château où la soeur de Goubazès s’était renfermée
; il en fut vaillamment repoussé. Il se dirigea
vers l’Abasghie pour faire diversion ; les
garnisons de Tsibilum et de Phanakopée, sur le
défilé, le forcèrent de rebrousser chemin. Enfin
il médite une attaque sur Arkhéopolis; elle est
sans succès. Fatigué de tant d’attaques inutiles il
hâte son retour; alors les Romains tombent sur