
 
        
         
		Hochstein  dans  les  grès  de  la  Suisse  saxonne. 
 Le Phase coule dans l’une de ces fentes, et si on  
 ne le  voit pas,  on l’entend au moins mugir dans  
 ce  gouffre.  Sur  le  plus .grand  des  blocs,  qui,  
 dressé comme un  obélisque,  ne présente  à  son  
 sommet qu’une étroite plateforme, l’on me montra  
 le monastère  de  Saïermi,  où nous devions nous  
 rendre.  Je  n’en  pouvais  croire  mes  yeux  ni  
 m’imaginer  comment nous  grimperions jusque-  
 là.  Nous  trouvâmes cependant  un sentier étroit  
 tracé en  zigzag,  dont j’oubliai  la  rudesse en recueillant  
 de fort beaux fossiles,  et  en  comptant  
 pour ainsi  dire  les  feuillets  de  cette  tranche  de  
 la formation  crayeuse  (1). 
 Tout  ce  que  nous  trouvâmes  sur le  sommet  
 du  rocher  consistait  en  une  petite  église  nouvelle, 
  en une plus ancienne, qu’entouraient quel- 
 (i) Voyez Atlas, V '  série,  géologie,  cartes,  coupes,  etc.,  
 pl.  2.  En  commençant de bas en haut,  on  trouve  d’abord  
 70  lits  à peu près  d’un  calcaire blanc,  compacte,  fendillé,  
 subdivisés en couches plus ou moins épaisses et s’écaillant ; 
 Puis  20 lits d’une marne  bleuâtre,  claire,  avec-des  pétrifications, 
   telles que la  Terebratula carnea, Sow.,  la Ser-  
 pula  tortrix,  Goldf., formant  des dessins de  corniches  par  
 des  avances  de  lits plus compactes ; 
 69  couches  de calcaire  fendillé ; 
 3  couches  de marne bleuâtre. 
 La formation  se termine par 22  couches de calcaire fendillé, 
   alternant  avec de la marne bleuâtre ;  le  calcaire fendillé, 
  fracturé,  termine cette succession. 
 ques sacies  en  bois,  perchées  sur la  corniche  du  
 rocher  et  servant  de  cellules  à  une huitaine de  
 moines.  De quelque  côté que  l’oeil  se  tourne,  il  
 plonge dans des abîmes inabordables. Quelle singulière  
 existence  pour  ces moines  que  d’être  là  
 hissés  eomme  sur  la  cime  d’une  pyramide  d’Egypte, 
   sans pouvoir faire un pas,  qu’en  se précipitant  
 pour  ainsi  dire  en bas d’un  rocher,  pour  
 regrimper péniblement ensuite la pente opposée.  
 Habitude,  seconde nature  :  on peut bien  le dire  
 ici de ces  religieux. 
 Outre  les  grands  blocs  et  les  grands  massifs  
 de calcaire,  il  s’est  détaché  de plus  petits  fragments  
 qui  sont  restés  là  debout  autour des plus  
 grands,  comme des aiguilles ou comme des  obélisques. 
   C’est superbe à voir,  et  ce  passage mériterait  
 bien  la  main  d’un  peintre  plus  habile  
 que moi. 
 Il était urgent  que  nous  arrivassions dans cet  
 asile. Mon  guide Nicolas ne  voulait  faire  qu’une  
 simple visite à l’un des moines,  son ancien maître,  
 mais  une  pluie  qui  ne  discontinua  pas  pendant  
 trois  jours  changea  nos  projets.  Nécessité  fut  
 d’accepter pendant ces époutables ondées, l’hospitalité  
 de  ce  bon vieillard  qui nous  logea  dans  
 sa cellule,  et  qui nous  reçut  avec  toute  la  cordialité  
 possible.  Que  nous  étions  heureux  de  
 nous trouver  auprès  d’un bon feu,  en entendant  
 ces  déluges de l’équinoxe  d’automne  bruire  sur  
 II.  28