comme par le charme de sésamé, et une imposante
écluse permit au Phase de s’échapper en
écumant du haut Ratcha qui nous était ouvert.
Toute la formation calcaire crayeuse ou jurassique
qui recouvre le bas Ratcha jusqu’à
la plaine de la Colchide, se redresse ici sur sa
tête, présentant une haute muraille à pic (1),
qu’un effort plutonien a fendue du haut en bas, et
cette fente étroite, profonde, à parois verticales,
c’est l’écluse du Phase, c’est ici la porte, le seuil
du haut Ratcha.
Nous trouvâmes pour passer sur la rive droite
un frêle pont en bois ; cette rive est la seule où
il ait été possible d’établir non une route, mais
un mauvais sentier gagné sur le rocher. Les têtes
du pont, sont défendues par des constructions
appliquées au rocher, et percées de meurtrières ;
un petit nombre de braves pourrait tenir longtemps
ici toute une armée en échec.
Sur la tranche même du sommet du rocher
de gauche, on me fit remarquer une église qui
est aussi visible dans le dessin et que je n’aurais
jamais pu soupçonner dans une position aussi
étrange ; elle tient bien de l’ancien goût géorgien
asiatique des hauts lieux pour y exposer des
statues, des objets d’adoration, et des églises
après que le paganisme eut fait place au chris-
(i) Voyez Atlas, IIe série, pl. 19, b.
tianisme. Cette église s’appelle Velliéti, et est
desservie par un prêtre qui demeura là, dans
cet aire de faucon. On y parvient par le village
de Tsessé (1) adossé aux rochers de l’intérieur
de l’écluse.
Parmi les fentes des rochers de l’écluse jaillit
à 8 pieds au-dessus du niveau du Phase, une
source sulfureuse qui a io° i de température. Le
calcaire de ces roches est à noyaux de silex,
sans pétrifications apparentes.
Je n’avais ici qu’une répétition de ce que
j’avais déjà remarqué plus haut en Abkhasie, de
ces portes qui s’ouvrent dans cette partie de la
chaîne pour donner passage aux eaux des hautes
vallées intérieures.
Ici cesse le calcaire ; je n’en trouvai plus
aucune trace en remontant le Phase jusqu’à
sa source; passé l’écluse, tout est schiste ou
porphyre.
Combien je fus surpris après avois fait 3oo pas
dans cette étroite prison, d’entrer dans un joli
vallon, où l’on se sent à l’aise, c’est celui de
Baragone qui a 3 ou 4 verst de long. Ce premier
rélargissement de la vallée du Phase, est un
parfait cratere de soulèvement, car si la rive
gauche du fleuve est encore encaissée par la
(1) Giüdenstâdt écrit Zessi.