Phase. Une grande île coupe ici le Phase en
deux (1).
Merméroës s’empara du camp des Romains,
et fit beaucoup de railleries sur leur lâcheté.
Cependant il n’osa les attaquer dans leur île ,
craignant de manquer de vivres $ il traversa le
Phase sur un pont de bateaux et alla renforcer la
garnison du château d’Onogouris, dont il s’était
rendu maître, pour tenir en bride la ville d’Ar-
khéopolis. J’ai dit plus haut en mémoire de quel
événement les Lazes avaient bâti ce château et
l’église dédiée à St-Etienne, si vénérée encore aujourd’hui
. Onogouris, aujourd’hui Oni ou Khoni,
était placé à peu de distance de la Tskhénitskali,
sur la rive gauche, et commandait la principale
des routes qui a mené de tout temps de Routais
et du fond de la Lazique à Arkhéopolis.
Ce fut la dernière campagne de Merméroës ;
ayant laissé la majeure partie de ses troupes pour
garder la Lazique, il passa en Ibérië oit if mourut,
et où son corps, suivant l’usage, fut exposé
hors de la ville aux chiens et aux oiseaux de
proie. C’était le meilleur général de la Perse, et
Khosroës fut fort affligé de sa mort. Il donna
alors le commandement de ses troupes à Nakho-
ragan, un des seigneurs les plus distingués de sa
cour.
(1) Voyez Atlas, I série, pl. 18.
Goubazès avait été indigné de la conduite des
généraux romains, et craignant encore plus pour
les suites, il en avait averti l’empereur Justinien.
Bessas fut dépouillé de ses biens et relégué chez
les Abasghiens. Quoique irrité contre Martin ,
l’empereur lui laissa le commandement, on ne
sait par quelle déshonorante intrigue.
Martin avait de bonne raisons de haïr Goubazès
, qui d’ailleurs ne le ménageait pas ni lui, ni
les autres généraux, censurant tantôt leur extrême
négligence, tantôt leur avarice. Il résolut
de perdre Goubazès. On envoya auprès de l’empereur,
Jean, frère de Rustique, trésorier de
l’armée de Lazique, pour accuser Goubazès en
secret, auprès de l’empereur, de traiter avec les
Perses, et de vouloir les mettre incessamment en
possession de la Lazique, si on ne le prévenait
pas. L’empereur, frappé de ce rapport, sans y
donner une entière croyance, répondit qu’il
voulait s’en éclaircir par lui-même, et que, pour
cet effet, il fallait lui envoyer Goubazès.— Mais,
s’il refuse? reprit le dénonciateur.— Il faudra
l’y contraindre, répondit Justinien, et le faire
partir sous bonne garde.— Et s’il résistait, que
ferions-nous ?— Alors, dit l’empereur, il mériterait
d’être traité comme un rebelle, — Il serait
permis donc de lui ôter la vie? ajouta Jean.
— Oui, répondit Justinien, pourvu qu’on n’en
vînt à cette extrémité que dans le cas d’une