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 A quelques  lieues de la frontière des Apsiliens,  
 chez  les  Abasghiens,  se  trouve  une  montagne  
 élevée qui, partant des hautes  sommités du Caucase  
 ,  décroît peu  à peu  et inclinant  son  dos  en  
 forme d’échelle,  se perd  sur les  rives de  la  Mer  
 Noire. Les Abasghiens construisirent jadis sur  le  
 sommet de  cette montagne un  château  très-fort  
 et très-vaste,  dont  ils  firent  leur refuge, pour  
 empêcher  les  incursions  des  ennemis,  tant  
 cette  position présentait de  difficultés insurmontables  
 ;  car  le  seul  défilé  qui  conduisît  à  ce  
 château  était  aussi le  seul qui menât de  l’Apsilie  
 dans l’Abasghie,  entre la montagne  et la mer ; il  
 suffisait de quelques  hommes  pour  le  fermer  à  
 une grande armée. Les Grecs appelaient ce défilé  
 Trakhée.  Aujourd’hui  le  défilé  lui-même  est  
 fermé par la forteresse de Psirste,  tandis que  le  
 château  des  Abasghiens  couronne  la  sommité  
 voisine sous le nom d’'AnaJcopi (Phanakopée. ) 
 Les  Romains  trouvant le défilé  garni d’ennemis, 
   se  trouvaient dans  un  grand embarras;  ils  
 hésitaient déjà,  quand Jean prenant un parti,  fit  
 signe aux vaisseaux qui avaient côtoyé le  rivage,  
 d’aborder;  on y embarqua  une  partie  de  l’armée  
 qu’on alla  déposer au-delà  du  défilé.  Les  
 Abasghiens cernés  s’enfuirent dans  leur  château  
 qui fut pris  et brûlé  (1). 
 (1)  Voyez  Atlas,  II  série,  pl.  5. 
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 L’Apsilie,  qui  séparait  l’Abasghie  de  la Lazi-  
 que, quitta aussi le parti des Romains pour quelque  
 temps. Un seigneur  laze  nommé Terdètes,  
 livra  le  château  de  Tsibilum  aux  Perses.  Le  
 commandant  perse  s’étant  enflammé  d’amour  
 pour la femme de  l’ancien commandant 'jjjr château, 
   celui-ci  tua le Perse,  fit égorger la garnison  
 et remit bientôt après Tsibilum aux Lazes. 
 Pendant  que les Romains  faisaient  rentrer  les  
 Abasghiens  et  les Apsiles dans  le  devoir,  Bessas  
 avec le  gros de  l’armée  assiégeait  Pétra.  Adoptant  
 l’idée de Daghistée,  il fit continuer la mine  
 dans  le  même  sens.  Les  Perses  qui  s’y   attendaient  
 ,  y  avaient pourvu.  Réunissant bon nombre  
 d.e  poutres,  ils  en  firent  une  espèce  de  
 pilotis bien  solide,  sur lequel  ils  placèrent leur  
 muraille, comblant de  terre glaise les anciennes  
 mines (1). 
 Quand les Romains  eurent  bien  creusé,  bien  
 déblayé,  ils  furent fort étonnés  de voir le  mur  
 qu’ils voulaient renverser,  descendre  tout doucement, 
   et tout d’une  pièce;  ils ne  purent  pas  
 même  donner l’escalade,  tant  les  Perses furent  
 prompts à rehausser la muraille à la hauteur nécessaire. 
 Les Romains  se trouvèrent fort embarrassés ;  
 ce point  était le  seul  de  la  forteresse  qui ne fût 
 (1)  Voyez Atlas,  I  série,  pl.  19.