— 98 —
A quelques lieues de la frontière des Apsiliens,
chez les Abasghiens, se trouve une montagne
élevée qui, partant des hautes sommités du Caucase
, décroît peu à peu et inclinant son dos en
forme d’échelle, se perd sur les rives de la Mer
Noire. Les Abasghiens construisirent jadis sur le
sommet de cette montagne un château très-fort
et très-vaste, dont ils firent leur refuge, pour
empêcher les incursions des ennemis, tant
cette position présentait de difficultés insurmontables
; car le seul défilé qui conduisît à ce
château était aussi le seul qui menât de l’Apsilie
dans l’Abasghie, entre la montagne et la mer ; il
suffisait de quelques hommes pour le fermer à
une grande armée. Les Grecs appelaient ce défilé
Trakhée. Aujourd’hui le défilé lui-même est
fermé par la forteresse de Psirste, tandis que le
château des Abasghiens couronne la sommité
voisine sous le nom d’'AnaJcopi (Phanakopée. )
Les Romains trouvant le défilé garni d’ennemis,
se trouvaient dans un grand embarras; ils
hésitaient déjà, quand Jean prenant un parti, fit
signe aux vaisseaux qui avaient côtoyé le rivage,
d’aborder; on y embarqua une partie de l’armée
qu’on alla déposer au-delà du défilé. Les
Abasghiens cernés s’enfuirent dans leur château
qui fut pris et brûlé (1).
(1) Voyez Atlas, II série, pl. 5.
— 99 —
L’Apsilie, qui séparait l’Abasghie de la Lazi-
que, quitta aussi le parti des Romains pour quelque
temps. Un seigneur laze nommé Terdètes,
livra le château de Tsibilum aux Perses. Le
commandant perse s’étant enflammé d’amour
pour la femme de l’ancien commandant 'jjjr château,
celui-ci tua le Perse, fit égorger la garnison
et remit bientôt après Tsibilum aux Lazes.
Pendant que les Romains faisaient rentrer les
Abasghiens et les Apsiles dans le devoir, Bessas
avec le gros de l’armée assiégeait Pétra. Adoptant
l’idée de Daghistée, il fit continuer la mine
dans le même sens. Les Perses qui s’y attendaient
, y avaient pourvu. Réunissant bon nombre
d.e poutres, ils en firent une espèce de
pilotis bien solide, sur lequel ils placèrent leur
muraille, comblant de terre glaise les anciennes
mines (1).
Quand les Romains eurent bien creusé, bien
déblayé, ils furent fort étonnés de voir le mur
qu’ils voulaient renverser, descendre tout doucement,
et tout d’une pièce; ils ne purent pas
même donner l’escalade, tant les Perses furent
prompts à rehausser la muraille à la hauteur nécessaire.
Les Romains se trouvèrent fort embarrassés ;
ce point était le seul de la forteresse qui ne fût
(1) Voyez Atlas, I série, pl. 19.