été une raison pour les rois de Perse de haïr cette
nouvelle religion, de la persécuter dans leurs
états, croyant trouver dans chaque chrétien un
espion, un ennemi des Perses et un ami des
Romains. Fidèles à la religion de Zoroastre, et
toujours plus zélés pour elle, s’ils épargnèrent
quelquefois les chrétiens , ce ne fut que quand
quelque secte réprouvée, dans l’empire romain,
cherchait un appui chez les Perses. En général,
détruire le christianisme, augmenter le nombre
des sectateurs du feu, fut une raison d’état, à
laquelle ces rois tinrent avec plus ou moins de
vigueur- L’Arménie était chrétienne depuis 287.
Que ne firent-ils pas pour la ramener à leur foi;
que de persécutions ! que de massacres ! que d’abominations
, dont leur zèle brutal devait pallier
les horreurs ! La Géorgie ou Ibérie était aussi
chrétienne depuis 318. Ses vallées sauvages, ses
retraites inaccessibles l’empêchèrent seule d’être
aussi maltraitée que l’Arménie ; mais la politique
fut toujours la même ; les ramener au culte du
feu : il n’y avait que ce moyen de rendre l’Arménie
et la Géorgie provinces fidèles de la
Perse, de les séparer pour toujours d’intérêt et
de coeur, de l’empire d’Orient.
La Lazique chrétienne tenta aussi enfin le prosélytisme
persan. Pendant le règne d’Anastase
c’est-à-dire dé 491 à 518, Kobad eut l’adresse
de traiter avec .les Lazes, et de se substituer
aux empereurs ; il avait obtenu que le nouveau
roi vînt recevoir sa couronne du roi de Perse (1).
Anastase crut bien faire de fermer les yeux sur
cette usurpation j et Justin suivit son exemple.
Kobad en couronnant Damnazes (d’autres lisent
Zamnaxis) qui était peut-être le petit-fils de Gou-
bazès, avait accompagné cette inauguration de
cérémonies conformes à la religion des Perses.
Après la mort de Damnazès, son fils Tzathius
(2) qui voulait rester fidèle au christianisme
que professaient ses sujets, au lieu de se rendre
en Perse alla, en 522 , à Constantinople recevoir
le baptême et la couronne de Justin. Justin
acquiesçant à ses voeux , le combla de présents
et lui fit épouser Valériane, fille du patrice
Nomus.
Kobad irrite , prétendit qûe Justiu débauchait
ses vassaux, disant, ce qui était un mensonge
palpable, que la Lazique avait été de toute ancienneté
sujette des Perses. La guerre aurait
commence a ce sujet, si Justin n’eût dévoilé à
Kobad une perfidie des Huns, qui se faisaient
payer par les deux empires pour fournil’ des troupes
auxiliaires. Mais l’ambition de Kobad ne fît
que couver quelque temps de plus sous la cen-
(1) Le Beau, Hist. du BasrEmp., éd. Saint-Martin,
t. VI I I , p. 26 ; Malala, part. 2 , p. i 34-
(2) Le Beau, idem, p. 26.