marquent la place qu’elles occupaient. L’église
seule, murée et voûtée, est restée intacte au milieu
de la cour.
M. Gamba aurait bien desire faire entrer cette
ruine de Vartsikhé dans le lot de sa forêt d’Adjamet;
elle lui aurait bien convenu, car en établissant
sa demeure et celle de ses gens sur cette
colline, il aurait trouvé un air infiniment plus
sain et moins humide. Il trouva des obstacles
qu’il ne put ou ne voulut pas surmonter.
Vartsikhé est à i 5 verst de Koutaïs.
Le dimanche nous nous acheminâmes
vers Badgad, qui est à *5 autres verst de Vart—
sikhé. Le chemin en remontant la rive droite de
la Khanitskali, traverse d’abord des bois et des
fourrés. A moitié chemin, nous passâmes par le
village largement disséminé de Roketti (Roghithi,
Güld.), ou je vis un vieil olivier qu’on montre
dans la cour d’une propriété comme une rareté;
c’est le seul que j ’aie vu dans l’Iméreth. Gül—
denstadt croit que les Turcsd’Akhaltsikhé avaient
essayé la culture de cet arbre aux environs de
Bagdad, et peut-être que ce vieil olivier date encore
d’eux. Quoi qu’il en soit, malgré que l’Iméreth
soit très-chaude, elle ne paraît pas convenir
a l’olivier à cause de sa trop grande humidité.
C’est à d’autres à décider si j’ai tort ou raison.
Il serait singulier qu’il restât si peu de traces de
cet arbre, si le pays lui était favorable, tandis
que la côte sèche de la Crimée, quoique plus au
nord et moins chaude, est couverte d’anciennes
plantations d’oliviers qui datent des Grecs, longtemps
avant la prise en possession de la Russie.
Il en est de même du cyprès et du peuplier pyramidal
ou d’Italie, un des beaux ornements de
la Crimée où ils réussissent si bien, et que je
n’ai vu nulle part en Iméreth et en Mingrélie,
excepté dans le jardin soi-disant botanique de
Koutaïs, et dans quelques nouvelles plantations.
Au delà du village, nous longeâmes une église
assez joliment murée en grès verdâtre, avec
des sculptures et des inscriptions géorgiennes.
De là, on entre dans une forêt de poiriers sauvages
avec des clairières jadis semées d’habitations;
ces poiriers ne sont que des arbres devenus
sauvages; on voit qu’ils ont été entés et plantés
en lignes.
Jusqu’à 3 verst de Bagdad, le sol est plat ,
caillouteux et glaiseux. La, on commence à monter
dans la gorge où les maisons de Bagdad sont
semées en amphithéâtre. Bagdad est sur le seuil
de la vallée de la Khanitskali, et son fort Carré
bati en pierre, est sans doute quelque ouvrage des
Turcs qui ont voulu protéger leurs invasions en
Iméreth, par les montagnes d’Akhaltsikhé. Ils y
avaient une centaine de janissaires qui en furent
délogés en 1770 par le général Totlében. Ce fort
est aujourd’hui abandonné.