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 à* une de ces expéditions des Varègues,  
 ou plutôt  elle rappelle  ces  pirates  Tcherkesses,  
 quand  ils se  réunissent  sur une de  leurs  galères  
 à  rames  pour  faire une  course  de  brigandage.  
 Leur  navigation  les  mène  à  travers  ces  fameuses  
 Cyanées ou Symplégades,  d’ou longeant  
 le  côté méridional de  la Mér Noire,  ils arrivent  
 à l’embouchure  du  Phase, qui arrose la terré de  
 Circé.  Ils  la  traversent  et arrivent  à  la ville  de  
 Kytaïs.  Là ils  sont bien  reçus par les  enfants de  
 Phryxus  qiii  les mènent  devant Aëtès :  ce roi  a  
 survécu  à Phryxus.  Ici  commence l’histoire  de  
 la  toison  d’or,  que  Strabon  déjà  a  cherché  
 à  expliquer.  De  tous  temps  les  rivières  qüi  
 viennent  des  frontières  des  Souanes,  principalement  
 la  Tskhénitskali  et  l’Abacha  ont  passé  
 pour  charrier  de  l’or,  et  selon  Reineggs,  les  
 rois  d’Iméreth,  dans  le  siècle  dernier,  avaient  
 des  gens  occupés  du  lavage de  ce  sable.  Cette  
 assertion  de  Reineggs  m’a  été  confirmée  sur  
 place. Etait-ce cet or qui attirait nos aventuriers ?  
 Strabon fait marcher Jason avec ses compagnons 
 grand  commerce  de  T y r ,  et  qu’il  dit  :  Joun,  Tubal  et  
 Mésec ont été tes facteurs et t’approvisionnent d’esclaves et  
 de vases  d’airain.  Voyez  aussi Genèse, X,  v.  2.  Tous les  
 commentateurs,  entre  autres  Flavius  Joseph,  sont d’accord  
 que Mescc et  Tubal sont  les Meskhes  et  les Ibériens  
 ou Géorgiens. 
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 Contre  les Mèdes,  tandis  qu’Hérodote,  de cinq  
 siècles  plus  ancien ,  se  contente  de  leur  faire  
 enlever  les  trésors d’Aëtès,  et  sa  fille. 
 Homèrè  envoie  aussi Ulysse  sur les  rives  du  
 Phase,  dans l’île  d’Aea;  là ils trouvent la célèbre  
 Kirké  (Circé),  qu’Homère  dit  être  soeur d’Aë-  
 tes...  Voila ces trois expéditions chantées par les  
 Grecs ;  toütes se passant du  temps du même roi  
 dé Colchide  ou d Aea.  Il devait y   aVoir pour  les  
 Grecs  un  attrait  puissant  qui  les  attirait  dans  
 ühe contrée aussi lointaine;  une civilisation, des  
 richesses,  de  belles  villes,  servaient  de  stimulants  
 a  ces  temeraires  voyages  qui  ne  se  sont  
 pas  réduits  à ces  trois. 
 Aea,  Cylaïà,  Phasis,  etc.,  servaient  de  résidences  
 à un roi qui connaissait le droit des gens,  
 ptustju’il reçoit ces aventuriers aVec civilité,  qu’il  
 les  traite somptueusement. Le  commerce et l’in-  
 dusthe  avaient  accumulé  des  trésors  dans  ses  
 {j'alaîs^  Sa  soeur  Circé  reçoit  aussi  dignement  
 qu’Aetès  les  compagnons  d’Ülysse,  et  l’on  ne  
 Saurait méconnaître  que  le  rôle  qu’Homère  fait  
 jouer à cette enchanteresse, est infiniment supérieur  
 à celui d’Ülysse et de ses  compagnons.  Un  
 palais  de marbre  blanc  loge  Circé;  ses  doigts  
 travaillent  à  une  broderie  merveilleuse,  tandis  
 que des accents mélodieux Sortent de sa bouche •  
 des  Voiles  dé  lin  et  dés  tapis  dé  pourpre  recouvrent  
 les  sièges  de  son  palais.  Sa  table  est