Au commencement, le budget du Grand-Duché était modeste. Sans parler des premières années,
où tout n’était pas encore entré dans une voie normale, nous voyons qu’en 1815 le total des dépenses
s’élève à 5,732,000 marcs *. Dix ans plus tard, la dernière année du régné t l ’Alexandre 1er, ce total
montait à 7,566,000 marcs. Après cela le chiffre varie si peu que, dix ans encore plus tard, en 1835,
il est de 7,623,000 marcs. On voit par là combien le gouvernement finlandais était sévèrement économe.
Il était nécessaire de se tirer d’affaire avec les revenus ordinaires de l’État, car on ignorait quand la
diète serait convoquée, et son assentiment était nécessaire pour qu’on pût se créer des ressources supplémentaires.
Un déficit pouvait avoir des suites dangereuses. Aussi usait-on d’une si stricte économie
qu’il en résultait un boni assez notable; les recettes, en effet, furent pour les trois années citées, 1815,
1825 et 1835, respectivement de 6,707,000, 8,888,000 et 9,183,000 marcs. .
Dans les années qui suivirent, l’augmentation des recettes fut plus considérable; en 1845, elles
atteignent 11,261,000 marcs. Cet accroissement portait surtout sur les droits d’entrée, grâce aux réformes
apportées par L. G. von Haartman dans l’administration des douanes. Les dépenses ne s’étaient pas
accrues dans la même proportion: elles étaient, pour cette année-là, de 8,655,000 marcs. Mais depuis
ce moment, l’accroissement en est plus rapide. En 1853 les chiffres de 1855, une année de guerre,
ne sont pas normaux — les dépenses montent à 12,110,000 et les recettes à 12,930,000 marcs. Il faut
noter que la construction du canal de Saima et l’émission d'obligations dans ce but avaient contribué -à
ce résultat.
Continuons à laisser parler les chiffres, dont l’éloquence est incontestable en matière de finances.
En 1864 — la dernière des nombreuses années où le budget avait été établi sans là coopération
des états — les dépenses s’élevaient à 18,033,000 et les recettes à 17,743,000 marcs; le produit des douanes
s’était accru, de 4,425,000 marcs en 1853, à 7,050,000. Pendant la première dizaine -d’années de l’application
du système représentatif, le budget s’augmenta notablement, bien que la grande disette - (Je 1867
fût venue déranger lès calculs. En 1874, les dépenses, abstraction faite de l’allocation au chemin de fer
en construction, atteignent le chiffre de 26,455,000 marcs contré 28,378,000 marcs de recettes, sans compter
les épargnes publiques ni le produit d’un emprunt pour les chemins de fer. La réforme de l’impôt sur
l’eau-de-vie (voir p. 122) avait donné un surplus de 3,500,000 marcs, différents autres impôts temporaire!,
votés par la diète, 1,200,000 marcs. Les revenus ordinaires, s’étaient accrus depuis 1870 sous l’influence
de la reprise des affaires et de l’augmentation du bien-être. Ces mêmes circonstances «..continuant à agir,
le budget de 1884 boucle par 41,406,000 marcs de recettes et 38,669,000 marcs de dépenses, sans compter
l'excédant des années précédentes d’une part, et, de l’autre, les allocations à la construction de voies
ferrées **.
Cette bonne situation financière permit des réductions d’impôt. L ’impôt sur le revenu, voté provisoirement
et qui rapportait environ un million, ne fut pas renouvelé par la diète de 1885. Les droits
de vacation, montant à près de 900,000 marcs, furent supprimés. En modifiant les bases de l’impôt
foncier, on le réduisit de 15 à 20 pour cent. Le droit d’exportation sur les bois a été réduit successivement
jusqu’à près de moitié. L ’augmentation des droits d’entrée sur quelques articles constitue, il est
vrai, un mouvement en sens inverse, mais de peu d’importance.
D’après le calcul du budget établi par la commission des finances de la diète de 1891 pour la période
financière 1892—94, les recettes devaient être annuellement, en moyenne, de 53,753,000 marcs. De ce
total, l’impôt fournit un peu plus de 30 millions, dont 23 J/2 millions pour les douanes et les impôts
indirects; le revenu des domaines et des capitaux est calculé à 3 3/* millions; le produit net des chemins de
fer, à 3,200,000; le bénéfice de la Banque de Finlande, à 1,200,000; le revenu brut des postes, des canaux
et d’autres institutions publiques, à 3,100,000 marcs. Le reste, 11 V2 millions, se compose de l’excédant des
* Pour plus de clarté, les roubles ont été réduits en marcs.
* * Dans les dernières années, le s recettes brutes et les frais d'exploitation des chemins de fer de l’État n’ont pas été
portés au budget, mais seulement le produit net. Nous avons par suite réduit les chiffres précédents pour faciliter la comparaison
av e c ceux que nous donnons plus loin.
exercices précédents et d’une partie non employée d’un emprunt de chemin de fer. — Les dépenses sont estimées
à 47,396,000 marcs, y compris 7,832,000 marcs pour la construction de chemins de fer. Dans les dépenses
ordinaires figurent les articles suivants: le gouvernement 1,881,000; les tribunaux 1,310,000; les différentes
branches de l'administration civile 8,360,000, y compris pourtant 1,760,000 marcs pour les postes et
1.090.000 marcs, pour le pilotage; l’armée 6,374,000 marcs; l’université, l’institut polythechnique, l’instruction
publique, les sciences et les beaux-arts 6,150,000 marcs; les intérêts et l’amortissement de la dette publique
4.377.000 marcs. Pour la période financière 1895— 97, la commission des finances de la diète de 1894 a
évalué les recettes totales de l’État à une moyenne annuelle de 58,690,000 et les dépenses à 52,871,000.
La rapide augmentation des dépensés depuis F ère des réformes pourrait paraître inquiétante, si elle
n’avait été compensée par un accroissement proportionnel des recettes, sans qu’on ait eu besoin de
recourir à des impositions exceptionnelles. Une comparaison avec le budget de 1864 montrera les articles
sur lesquels a surtout porté l’augmentation des dépenses:
Période fi-
pancière
1864. 1892—94,
moyenne
Instruction sécondaire, écoles primaires, écoles d’agriculture, de commerce, d’indus- annuelle.
trie, de navigation, etc......................................................................................................... i >i 79j°°° 5>27 7 >°°°
Hygiène publique. ...........................................................................................885,000 2,235,000
Postes 438,800 1,760,000
Pilotage et p h a r e s ....................................... 229,000 1,090,000
Il est réjouissant de voir que ces intérêts si importants pour le progrès matériel et moral ont pu
être avantagés dans une si grande mesure, grâce à la prospérité des finances.
Le réseau des chemins de fer ne pouvait naturellement pas être construit sans recourir au crédit.
La dette publique est actuellement d’environ 77 V2 millions de marcs, dont près de 70 millions proviennent
d’emprunts pour les chemins de fer. La plus grande partie des emprunts ont été émis par l’entremise
de la Banque de Finlande ’ avec des banquiers étrangers, surtout allemands. La maison M. A. de
Rothschild et Fils à Francfort est la première, qui ait lancé des papiers d’État finlandais sur les marchés
de l’étranger. ;%è taux actuel de l’intérêt, après diverses conversion?, est de 4 et de 3 */? pour cent.
Le réseau des chemins de fer, y compris le coût des lignes en construction, a nécessité une dépense de
155 millions de marcs. La dette contractée dans ce but ne monte donc pas à la moitié de cette valeur.
POPULATION, ÉTAT SOCIAL.
Les anciens ennemis de l’accroissement de la population en Finlande, la guerre, les mauvaises récoltes
et les épidémies, n’ont pas souvent visité le pays dans le courant de ce siècle. Il y a eu diminution de
la population pendant les années de guerre 1808 et 1809, les années d’épidémie 1833 et 1836, les années
de disette 1866 et 1867, et surtout 1868, alors que le typhus a exercé ses ravages sur les traces de la
famine. Mais calculée en moyenne annuelle, la proportion de l’accroissement de la population a été plus
grande en Finlande que dans la plupart des pays de l’Europe.
De 1815 à 1840 la population s’était accrue de 1,096,000 à 1,446,000. Vingt-cinq ans plus tard, en
1865, elle était de 1,843,000. Les années qui suivirent furent mauvaises; le nombre des habitants n’était
plus, en 1870, que de 1,769,000. Mais il n’a cessé dès lors d’augmenter dans une forte proportion, si
bien qu’il atteignait, à la fin de 1891, le chiffre de 2,412,135 âmes. A moins de circonstances imprévues,
la Finlande comptera à la fin du siècle 2,700,000 habitants. — Les pays de l’Europe qui ont un chiffre
de population inférieur à la Finlande, sont la Grèce, le Danemark, la Serbie, le Wurtemberg et la Norvège.