par lequel il confirmait et ratifiait les anciennes lois fondamentales du pays. Ces lois fondamentales,
dont l’Empereur avait pris connaissance, avaient formé jusque-là une constitution commune à la Suède
et à là Finlande ;< désormais elles restaient en vigueur pour la Finlande séparément. Cette confirmation
des lois fondamentales doit faire disparaître toute crainte que là Finlande puisse devenir une simple
province de l’Empire, car ces lois ont essentiellement le caractère de lois constitutionnelles d’un État,
et ne sauraient être appliquées à l’administration d’une province.
A cela s’ajoute que cet acte, par lequel l’Empereur confirmait solennellement des promesses antérieurement
faites, n’était pas seulement une grâce reçue passivement par un peuple vaincu et qui pouvait
être révoquée un jour. Il faut noter en effet, en premier lieu, que les lois fondamentales ainsi confirmées
stipulent expressément qu’elles ne peuvent être modifiées ou abolies qu’avec le consentement des états;
secondement, que la confirmation de ces lois était la condition du serment de fidélité prêté par les états
le 29 mars au nom du peuple finlandais, serment qui engageait aussi au maintien de la constitution.
Mais runion de la Finlande avec la Russie s’étant ainsi accomplie pendant que la guerre durait
encore et longtemps - avant que le roi de Suède eût, par un traité de paix, renoncé à ses droits sur la
Finlande- et délié les habitants de leurs devoirs envers lui,-on peut se demander s'il ne faut pas considérer
le serment prêté par les états à Borgâ comme un acte forcé de soumission, ou, dans le cas où
on le regarderait comme volontaire, s’il ne faut pas le flétrir comme une défection envers le roi et
l ’État de Suède.
A cela on répondra qu’un acte tel que l’élection de députés dans toutes les circonscriptions du
pays, n’est pas de nature à pouvoir être imposé par la force des a rm e s .I l faut aussi voir un acte
volontaire dans la réunion des députés en diète et dans l’Hommage rendu par eux à l’Empereur de
Russie comme Grand-Duc de Finlande. L ’Empereur en jugeait ainsi; cela ressort avec évidence du
manifeste au peuple de Finlande, émané le 4 avril 1809, et où il est dit que l’Empereur regardait
les serments prêtés par les états «de leurs mouvemens propres et spontanés comme bons et obligatoires
pour tous le s ' habitans de la Finlande». Il faut ajouter que la liberté d’action était limitée en
ce cas, comme toujours dans la situation du vaincu. Il n’y avait que deux alternatives: maintenir
l’union avec la Suède et'-continuer les hostilités par des soulèvements en masse, — ou bien accepter
les conditions offertes par le vainqueur. Les personnages influents dans le pays étaient convaincus
que l’adoption de la première alternative serait la soürce de grands maux, pour n’aboutir qu’à une
soumission finale à des conditions impossibles à prévoir. Bien qu’ils comprissent parfaitement que
l’adoption de la seconde alternative constituait, au point de vue strictement juridique, une défection
à l’union avec la Suède, laquelle, bien qu’affaiblie par la défaite, n’était pas encore formellement révoquée,
les hommes chargés de représenter leur pays dans ces circonstances critiques, devaient considérer, non
seulement comme leur droit, mais aussi comme leur devoir, d’agir comme ils ont fait. Le roi Gustave IV,
après avoir attiré de grands maux sur son pays, avait été déposé par une révolution rendue inévitable.
Le nouveau gouvernement devait concentrer ce qui restait des forces de la Suède pour la défense de
ce qui n’était pas encore perdu: il ne pouvait plus rien pour la Finlande. C’est alors que l’Empereur
Alexandre, sans attendre la conclusion de la paix, voulut accomplir la réunion de la Finlande à l’empire
en lui conservant ses anciens droits et son ancienne constitution. Dans ce but il réclama le concours
des états de Finlande. C’était un devoir dicté par le souci de l’avenir de la patrie que d’obtempérer
à cet appel; et ce devoir devait faire taire tout scrupule inspiré par des considérations de pure forme.
C’est ainsi, en effet, que la postérité a jugé les hommes qui firent partie de la députation à Saint-
Pétersbourg en 1808, et ceux qui représentèrent la nation à la diète de Borgâ. Ils n’étaient point du
tout solidaires de ce groupe de revenants des luttes de la noblesse avec le pouvoir royal en Suède et
de la conjuration d’Anjala, qui s ’étaient réfugiés en Russie et y ourdissaient des intrigues pour la séparation
de la Finlande d’avec la Suède. Il y avait bien parmi eux un homme qui s’élevait au-dessus des
autres par ses facultés et son énergie: S pren gpo rten. Il réussit à jouer un rôle marquant dans les événements
de 1808 et de 1809, si bien qu’il fut le premier gouverneur général de la Finlande nommé par