une sorte de baromètre de l’opinion politique dans le pays, en quoi on en a quelquefois peut-être exagéré
l’importance.
Cependant ces conditions se sont peu à peu modifiées en quelque mesure. La restauration des
institutions constitutionnelles et l’introduction de l’autonomie communale ont fait naître des questions
d’intérêt général dont la discussion appartient proprement à la représentation nationale et à la presse.
L ’Université a occupé dès lors une position moins en évidence, mais plus naturelle, peut-être, et plus
favorable à l’accomplissement de sa véritable mission, qui est d’être la gardienne des études scientifiques.
î- L ’Université de Finlande, anciennement
connue sous le nom d’Académie d’Âbo, fut
organisée dès l’origine sur le modèle de
celle d’Upsal. : C’est dire qu’elle jouissait
d’un haut degré d’autonomie; son droit de
justice sur ses propres membres s’étendait
originairement jusqu’au droit de prononcer
la peine de- mort. Le plus haut fonctionnaire
de l’Université portait le titre de chancelier;
on nommait généralement à ce poste
quelque grand personnage du royaume. En
revanche les ressources pécuniaires de la
haute école étaient, selon nos idées modernes,
singulièrement modestes. On avait
affecté à son entretien les rentes d’un grand
nombre de fermes de la couronné, mais-elle
était chargée de percevoir ces droits elle-
même, et il arrivait souvent, surtout en temps
de guerre, que' les fermiers étaient hors
d’état de payer. Ce défaut de ressources
matérielles entravait beaucoup l’activité de
l’institution. Elle eut longtemps pour local
un bâtiment trop étroit et de peu d’apparence.
Ce ne fut qu’en 1802 que furent posés, en
présence de Gustave IV, les fondements
d’un nouvel édifice plus grand, mais dont
la construction n’avança que lentement^
Mais tant de circonstances adverses ne purent
étouffer l’épanouissement de la vie
scientifique et littéraire; à la fin du 18e siècle
L a s t a t u e d e P e r B r a h e , à Âbo. e t au commencement du nôtre, l’Université
d’Âbo comptait au nombre de ses professeurs plusieurs hommes éminents: H. G. P o r th an , appelé le
«père de l’histoire de Finlande», M. C a l o n i u s , le juriste distingué, le poète F . M. F ranzén et bien d’autres,
qui soutinrent dignement sa réputation dans le mondé savant.
Après l’union à la Russie, le nouveau souverain, Alexandre 1er, âme aussi magnanime qu’habile
politique, voulut assurer sa conquête en-réconciliant ses sujets finlandais avec leur changement de condition.
L’Université reçut des preuves spéciales de son auguste faveur. Son organisation intérieure fut
maintenue dans ses traits essentiels; les mêmes principes d’autonomie, de liberté de l’enseignement et
des études continuèrent à y régner, en même temps que ses ressources matérielles furent considérablement
augmentées. La position juridique de l’Université est basée sur des privilèges confirmés par
les lois fondamentales. Ce sont les anciens privilèges de l’ordre du clergé, encore en vigueur, de 1723,
qui statuent à l’article 2 que «les séminaires de l’Église et de l’État, c’est-à-dire les Académies, les Gymnases
et les Écoles . . -. . . seront maintenus et développés». En 1809, quand fut promulgué le règlement
du Conseil de gouvernement (depuis Sénat Impérial), l’Université fut expressément exceptée des institutions
placées sous la garde du Conseil; la loi lui reconnaissait une juridiction propre «conformément aux
Constitutions académiques». Depuis lors, le Règlement de la diète, de 1869, a assuré à l’Université le
précieux droit de nommer deux représentants à la diète, lesquels siègent dans l’ordre du clergé.
Le secrétaire d’État Michel S p e r a n s k y , honoré à un haut degré de la confiance de l’Empereur,
fut nommé chancelier de l’Université en 1809. Sous son administration, en 1811, fut promulgué un
nouvel état du personnel et des traitements de l’Université; les appointements étaient augmentés, le
nombre des professeurs titulaires était porté de 14 à 20, lès allocations aux collections et institutions
annexes étaient beaucoup plus considérables que par le passé. En même,temps les sommes nécessaires
furent assignées à l’achèvement du nouveau bâtiment universitaire commencé en 1802 et qui fut inauguré
en 1816. Le vice^chan-
.cèlier de l’Académie
était alors l’évêque
d’Âbo J. T engstrôm,
dont il a été question
au • chapitre III; plein
de zèle et jouissant de
la àçjpnfiance d’Alexandre,
il ¿contribua activement
à obtenir à
^Université les avantages
dont elle fut dotée
alors.
Après la chute
de Speransky en 1812,
les fonctions de chancelier
furent remplies
pendant quelque temps
par un Finlandais, le
célèbre comte Gus-
TAF M a ü RITZ ARMFELT.
Mais à la- mort de celui
L ’U n iv e r s it é de H e ls in g fo r s .
ci, l’Empereur fit à l’Université l’honneur de nommer chancelier son propre frère, le Grand-Duc N ic o l a s
P a v lo v it ch , qui occupa ce poste jusqu’à son avènement au trône en 1825. L ’avantage pour l’Université
d’avoir ainsi son plus haut fonctionnaire dans le voisinage immédiat du trône, lui fut continué depuis.
En effet, ses chanceliers ont été successivement les Héritiers du trône : le Grand-Duc A l e x an d r e N ico-
la ïé v itch , depuis Empereur Alexandre II, de 1826- à le Grand-Duc N ic o l a s A l e x an d r o v itch ,
de 1855 à 1865; le Grand-Duc A le xan d r e A le xan d ro v itch, actuellement S. M. l’Empereur Alexandre III.
de 1865 à 1881; le Grand-Duc N ic o l a s A le xan d ro v itch , depuis 1881. Le ministre-secrétaire d’État des
affaires finlandaises a généralement rempli les fonctions d’adjoint du chancelier.
L ’incendie qui, en 1827, réduisit Âbo en cendres, détruisit le nouveau bâtiment universitaire et la
plus grande partie des collections scientifiques. Le fruit de presque deux siècles de travail fut ainsi anéanti
en quelques heures. Entre autres pertes sensibles il faut citer la bibliothèque, d’environ 50,000 volumes,
outre quantité de manuscrits d’une valeur irréparable pour la littérature et l’histoire anciennes du pays.
Après l’incendie, l’Université fut transférée à Helsingfors, la nouvelle capitale; ce transfert avait pour
but, selon les expressions du manifeste émané à ce sujet, de resserrer les liens qui devaient exister entre