En 1841 fut créée à l’Université une chaire de langue et de littérature russe. Son premier titulaire,
J a k o b G r o t (1812— 1893), possédait de remarquables dons littéraires; pendant les douze ans qu’il appartint
à notre Université, il a publié, soit en suédois, soit en russe, un assez grand, nombre de travaux se
rapportant à la branche dont il dirigeait l’enseignement. Toutefois, la plus grande partie des écrits de
Grot ont paru plus tard, alors qu’il était membre, puis vice-président, de l’Académie des Sciences de
Saint-Pétersbourg; ils appartiennent par conséquent à la littérature russe. Du reste les études de russe
en Finlande ont été dirigées surtout dans un but pratique et n’ont pas donné lieu à des travaux scientifiques.
L ’étude des littératures, des peuples romans et germains a été favorisée par la création d’une chaire
d’histoire des littératures; parmi les titulaires de cette chaire, citons A. W. T ôrnegren (1817— 1860), qui
a publié des travaux sur l’ancien art dramatique espagnol et sur les troubadours. — C . G . E stlan d er
(né en 1834), depuis 1868 professeur d’esthétique et de littérature moderne (telle est la dénomination
actuelle de la chaire dont nous venons de parler), outre de nombreux travaux de critique et d ’histoire
des beaux-arts, a publié plusieurs, ouvrages importants sur la littérature romane au moyen âge. Citons
une traduction suédoise du Poema dcl Cid, avec une introduction historique et critique, Pièces inédites du
roman de Tristan, précédées de recherches sur son origine et son développement (en français) et Contribution
à thistoire de la littérature provençale. — L ’étude purement philologique et linguistique des langues romanes
et germaines a maintenant aussi des représentants chez nous. Plusieurs travaux sur ces matières
ont été publiés par les agrégés J. W. S ôderhjelm (chargé de cours de philologie romane depuis 1894),
A. G. W a l len skô ld et U. L. L indelôf. Une Société nouvellement fondée pour favoriser les études de
langues modernes, accomplit sa mission avec zèle et activité, comme le témoigne une publication parue
en 1893 sous le titre français de Mémoires de la Société néo-philologique à Hclsingfors (vol. I).
I. A . H e i k e l .
F. MATHÉMATIQUES E T SCIENCES NATURELLES.
I. La fin de 18. siècle vit paraître à l’Université d’Àbo plusieurs savants et professeurs distingués
dans le domaine des sciences exactes. Au début de ce siècje, les plus jeunes d’entre eux étaient pré
pares a soutenir et à diriger l’oeuvre scientifique commencée; Ce fut un bonheur pour le pays que dette
oeuvre eut à sa tête des hommes comme le chimiste -Johan G adolin (1760— 1852) et le physicien G u st a f
G a brie l Hà l l st rôm (1775— 1844):
Dans la plupart de ses travaux, Gadolin se révèle comme un chercheur et un penseur profond. De
nouvelles voies s’ouvraient alors à la physique et à la chimie; les recherches de Gadolin embrassèrent
ces deux branches. Ses travaux théoriques et expérimentaux sur la théorie de la chaleur conservent
encore aujourd’hui leur valeur. Son explication claire des lois de la chaleur spécifique des corps, ses
pensées sur le zéro absolu, ses expériences et en particulier celles sur la chaleur de fusion de la
glace, sont encore là pour témoigner du génie de leur auteur. Quant à ses spéculations théoriques dans
le domaine de la chimie, toutes remarquables qu’elles étaient pour l’époque, elles n’ont pas laissé de
traces aussi durables que ses recherches expérimentales. Rappelons en particulier que Gadolin a le
premier employé l’analyse quantitative dans les expériences chimiques. Le nom de gadolinite, donné à
un minéral rare trouvé dans les terrains de Roslagen et dans lequel il constatait la présence d’yttrium
conserve le souvenir des intéressantes études qu’il a faites de ce minéral. Gadolin prit une part activé
au mouvement patriotique de son temps, surtout dans le domaine financier. Il quitta la chaire de
chimie en 1822.
Hällström était une personnalité très, marquée; il accomplissait'avec persévérance et succès la tâche
qu’il s’était une fois prescrite. Il devint professeur de physique en 1801. Nous ne pouvons pas donner
ici un compte-rendu détaillé de ses nombreux travaux. Ils portent, soit sur des observations dans diverses
branches de sa science, soit sur des- recherches théoriques. Plusieurs dès résultats de ses recherches
ont une valeur durable; ainsi, la détermination de la température de densité maximum de l’eau, les
coefficients de dilatation de différents corps, des calculs sur le climat de Helsingfors basés sur de longues
observations personnelles. Sa. brochure sur «Les gelées de nuit en Finlande» mérite aussi d’être rappelée. —
A l’époque si importante pour l’Université d’Âbo où l’empereur Alexandre 1er assigna des fonds considérables
pour le développement de l’Académie, Hällström prit une part active aux mesures de réforme.
Il s’intéressa particulièrement à la construction de l’observatoire astronomique et au progrès des études
d’astronomie.
Tels furent les deux principaux soutiens des études scientifiques en Finlande pendant la première
partie de ce siècle. Nous allons maintenant donner un aperçu du travail accompli dans chacune des sciences
qui rentrent dans notre sujet.
Le principal représentant des mathématiques fut longtemps N. G. a f S chulten (1794— 1860; professeur
de 1826 à 1855). Savant et zélé, il publia un grand nombre de travaux, dont quelques-uns furent
très appréciés à l’étranger. La plupart ont été publiés dans les Actes de la Société finlandaise des Sciences.
Mais l’étude des mathématiques prit un nouvel essor quand L orenz L eo nard L indelôf (né en 1827) eut
été nommé professeur. La clarté et la précision rares qui caractérisaient sont enseignement, distinguent aussi
ses écrits. Possédant tout le savoir de son temps, Lindelôf a traité plusieurs questions importantes pour
l’avancement de la science. Citons en première ligne ses Leçons de calcul des variations, rédigées en collaboration
avec M. VAbbé Moigno (Paris 1861, en français), où l ’exposition de cette partie des mathématiques analytiques
ne saurait guère être surpassée. Nommons encore de lui: Propriétés générales des polyèdres qui,
sous une étendue superficielle donnée, renferment le plus grand volume (en français), ouvrage auquel l’Académie
des Sciences de Berlin décerna le prix Steiner en 1880, et Trajectoire d’un corps assujetti à se mouvoir
sur la surface de la terre sous l’influence de la rotation terrestre (en français), travail auquel la Société
finlandaise des Sciences, lors de son cinquantenaire en 1888, décerna un prix donné par l’État. — Appelé
aux fonctions de chef de la Direction supérieure des écoles, Lindelôf quitta sa chaire en 1874, emportant
les regrets de l’Université. Néanmoins il a continué à prendre part à la vie scientifique, soit par plusieurs
publications importantes, soit en continuant à remplir les fonctions de secrétaire de la Société des Sciences.
— G. Mit ta g -L e f f le r (né à Stockholm en 1846) fut nommé en 1877 à la chaire de mathématiques
à Helsingfors. Disciple des grands mathématiciens Hermite à Paris et Weierstrass à Berlin, il avait atteint
de bonne heure, sous cette illustre direction, une maturité scientifique remarquable. Parmi ses nombreux
travaux, ceux sur la théorie des fonctions, en particulier, lui ont valu une place parmi les premiers mathématiciens
de notre époque. Il ne resta pas longtemps en Finlande: en 1881 il fut appelé à la chaire de
mathématiques à l’École des hautes études nouvellement fondée à Stockholm; mais ce peu de temps lui
avait suffi pour donner à l’étude des mathématiques en Finlande une forte impulsion. Il faut ajouter
que Mittag-Leffler a fondé en 1882, et dirige depuis'lors, une revue importante, les Acta mathematica,
dont Lindelôf est rédacteur pour la Finlande. — E. N eo v iu s , professeur de mathématiques depuis 1883,
s’occupe surtout des surfaces minimales et a publié de bons travaux sur ce sujet. — E. A. S tenberg, Hj .
Mellin et E. L indelôf se sont distingués parmi les auteurs de la jeune génération.
L ’astronomie eut dans F riedrich W ilhelm A u gust A rgelan d er, appelé en 1823 de Königsberg, un
représentant éminent. Il ne resta en Finlande que jusqu’à 1837, mais c’est pendant le séjour qu’il y fit
comme directeur de l’observatoire d’Âbo d’abord, ensuite de celui de' Helsingfors, qu’il fonda sa réputation
d’un des astronomes les plus distingués de l’époque. C’est ici en effet qu’il fit les observations à
la suite desquelles il détermina le mouvement du système solaire dans l’espace. Ce fut le point de départ
de ses plus importants travaux, Durchmusterung des nördlichen Himmels, Durchmusterung der Himmelszone
zivischen 15 und 31 Grad südlicher Déclination, et d’autres sur la même matière, qu’il ne publia