La poste était transportée à Stockholm par des bateaux à rames ou à voiles à travers le vaste
archipel et la mer d’Âland. Les voyageurs suivaient la même voie, ou bien s’embarquaient sur des
bateaux à voiles particuliers qu’on appelait «paquebots». En tout cas la longueur du voyage dépendait
des éléments et ne pouvait pas se calculer d’avance.
En 1836 s’ouvrit une ère nouvelle: le bateau à vapeur était inventé.
Le dimanche 5 juin 1836 fut doublement un jour de fête: le bateau à vapeur suédois «Solide»
arriva ce jour-là à Âbo après son premier voyage de Stockholm. Il avait à bord 24 passagers et la
traversée avait duré trente heures; il repartit le lendemain soir avec vingt-neuf voyageurs. Depuis lors
il fit le service une fois par semaine entre Âbo et Stockholm. Le prix du passage, en première, était
de 15 riksdales (31 fr. 50).
Le «Solide» eut bientôt des concurrents. La «Société finlandaise de navigation à vapeur», récemment
fondée à Âbo, y avait fait construire le vapeur «Prince Menschikoff», de 120 pieds de long et de
8 pieds de tirant d’eau. Lancé déjà au mois de juin 1836, il ne fut achevé qu’à l’automne. Il fit son
vovaee d’essai le 26 octobre; ce fut, dirent les journaux du temps, une journée solennelle pour la population
d’Âbo, rassemblée
sur les quais pour saluer
le premier vapeur
finlandais. Il atteignit,
dans ce voyagé d’essai,
la vitesse respectable
de 10 ||| milles marins
anglais à l’heure.
La même -compagnie
fit construire alors
en Angleterre un bateau
à vapeur en bofs- de
chêne, doublé de cuivre.
Il fut livré au printemps
de 1837. Sous le nom
de «Storfursten» (le
Grand-Duc), il entretint
pendant les années suivantes, alternativement avec le «Prince Menschikoff», un service régulier, trois
fois par mois, entre Stockholm, Âbo, Helsingfors, Revel et Saint-Pétersbourg, pendant que le «Solide»
continuait à desservir la ligne Âbo— Stockholm.
Ainsi donc, la navigation à vapeur était organisée le long de la côte sud. Dans les dix années qui
suivirent, quelques nouveaux bateaux vinrent s’ajouter aux premiers; Viborg et d’autres ports furent
desservis.
Cependant on pensait à fournir aux villes du haut nord l’avantage de communications rapides avec
le sud. Une compagnie de navigation à vapeur s’était fondée à Uleâborg. Le 16 juin 1839 fut célébrée
à Âbo la fête d’inauguration d’une ligne de bateaux à vapeur desservant toute la côte jusqu’à Torneâ.
Le nouveau vapeur «Uleâborg» avait fait son voyage d’essai et allait commencer le lendemain son premier
voyage régulier à Torneâ en touchant à la plupart des villes du littoral. Ce modeste bateau, qui ne
jaugeait que 20 tonneaux et avait 5 Va pieds de tirant d’eau, continua son service jusqu’en 1843, après
quoi la navigation à vapeur sur cette ligne fut interrompue jusqu’en 1857.
Mais le nouveau mode de transport fit un pas considérable dans une autre direction avant la guerre
de Crimée: une ligne régulière de bateaux à vapeur fut établie entre Lubeck et les ports du sud de la
Finlande. Ce fut le vapeur à hélice allemand «Hengist» qui inaugura ce service en octobre 1852 et
continua pendant toute l’année 1853 à faire régulièrement le trajet de Lubeck à Helsingfors ou à Àbo.
En même temps qu’on lançait des navires à vapeur sur les grandes lignes, commençait la circulation
de ces petites chaloupes à vapeur qui mettent tant d’animation, l’été, dans le voisinage des villes et sont
C a n a l d e S a im a : l ’é c l u s e d e J u u s t i la .
d’urie si grande utilité pour les relations locales. Dès 1838, le petit vapeur le «Lentâjâ», à Helsingfors,
et 1’«Aura» à Âbo commençaient leur service.
La guerre de Crimée interrompit brusquement le développement de notre navigation. Mais la conclusion
du traité de Paris et l’avènement d’Alexandre II aux trônes unis de Russie et de Finlande inaugurèrent
une période de progrès dont les communications eurent aussi leur part.
L ’année 1856 fut une année heureuse sous ce rapport. C’est alors que fut achevé le canal de
Saima, qui relie le vaste bassin du Saima avec la mer à Viborg; l’inauguration en fut célébrée dans le
pays tout entier. Ce canal est long de 59 kilomètres, dont 36 qu’il a fallu percer, et compte 28 écluses;
c’est le plus bel ouvrage de ce genre qui
ait été exécuté en Finlande. Il traverse
des paysages charmants. Cette nouvelle
voie, donnant accès direct à la mer,
ouvrait un nouvel avenir à toute la région
de l’est, surtout depuis que les détroits
et les courants qui unissent les lacs
du système d’eaux du Saima eurent été
rendus navigables. Plus tard on a aussi
exécuté des travaux de canalisation plus
ou moins considérables dans les bassins
du Pâijânne et du Nâsijârvi.
On fit beaucoup pour l’extension de
la navigation à vapeur après la paix de
1856.
On acquit de nouveaux et meilleurs
bateaux pour la ligne Saint-Pétersbourg—
Helsingfors— Abo-—Stockholm. En même L e c a n a l d e S a im a , à L a u r i t s a l a .