Quelquefois, en juin ou en août, l’hiver fait une incursion dévastatrice sur le domaine de l’été.
Les champs sônt en pleine vie, les moissons commencent à mûrir. Vient un vent du nord, qui tombe
vers le soir; le ciel se découvre et prend une teinte verdâtre. La température baisse, une haleine froide
s’exhale des marais! A minuit le thermomètre est à o; .au lever du soleil, il marque — 2 degrés, souvent’
moins. Les épis se recouvrent d’une mince couche de glace, inoffensive encore. Mais si le jour
qui commence est chaud, l’épi nourricier ne contiènt bientôt plus qu’un liquide sans valeur, le mal est
fait, l’espoir du laboureur, anéanti pour une année.
Après la première période de l’automne, suit ordinairement, en octobre, «l’été de Ste Brigitte»,
un clair soleil, un air vif et fortifiant; puis vient la pluie, les brouillards, un ciel toujours couvert et
d’épaisses ténèbres. Enfin tombe la première neige, qui semble rendre un peu de vie et de lumière à
la nature mourante. Le plus long'jour et la plus longue nuit varient, dans les limites de la Finlande,
de dix-neuf heures à deux mois, selon la latitude. Les régions du nord ont toujours un petit surplus
de lumière, grâce aux reflets de la neige, aux aurores’ boréales .et aux crépuscules du matin et du soir.
L ’hiver vient,, on l’accueille, non comme, un ennemi, mais comme un ami cher et fidèle. Il jette
des ponts, égalise les chemins et rend
praticables les marécages inaccessibles.
La vie des plantes semble éteinte, celle
des animaux est pour la plupart assoupie;
là vie des hommes aû contraire se réveille
et s’anime d’une activité nouvelle.
Sous cès latitudes, l’agriculture serait
impossible sans la neige, les . communications,
difficiles '/sans la glace... Au
coeur de l’hiver, la lumière qui augmente
apporte déjà l’espoir du printemps.
Les vents;-, dominants sont ceux du
sud'et du sud-ouest; puis viennent, dans
l’ordre de fréquence, ceux du nord,
d’ouest, du sud-est, du nord-ouest, d’est
et du nord-est. Les tempêtes sont fréquentes
et soufflent quelquefois en cyclones.
La quantité d’eau tombée varie
P a y s a g e la p o n , 'd ’après un tableau de T . W a s a s t j e r n a .
avec les années; elle est en moyenne de six cents millimètres. Les aurores boréales sont intenses dans
le nord de la Finlande. Le tonnerre et la grêle sont assez peu fréquents et ne causent pas grands
dégâts. -.
L e s végétaux. Située près du cercle polaire, sur la limite de la zone glaciale et de la zone tempérée,
la Finlande tient de toutes les deux pour sa faune et sa flore. Les plantes et les animaux y
subissent à toùs les degrés les alternatives de la misère et de la lutte, de la victoire et de la défaite,
nulle part la vie n’est absente; elle lutte encore à la limite des glaces éternelles. Mais le nombre des
espèces diminue en avançant vers le nord. Tandis qu’au sud de la Finlande, on compte 709 espèces
de plantes vasculaires, le nord n’en possède plus que 329. Lés espèces inférieures augmentent, les plus
nobles disparaissent ou se rabougrissent. Les forêts montent jusqu’au 69e degré; mais quelques espèces,
le bouleau par èxemple, semblant user dé ruse, rampent le long du sol et parviennent bien plus
haut. Il n’y a pas encore bien des siècles que les landes actuellement dénudées de la Laponie étaient
couvertes de forêts de conifères, dont les voyageurs déterrent aujourd’hui les racines pour s’en servir
/comme .combustible. C’est ici la Nature elle-même qui a ravagé ces forêts; son activité vitale s’est
• affaiblie sous l’influence du climat. Autour dés racines, auxquelles le soleil et l’air n’avaient plus d’accès,