l’époque napoléonienne et au congrès de Vienne, qui en marqua la fin: remaniements de frontières, morcellement
et reconstitution de pays et de peuples, renversement et relèvement de trônes et de dynasties.
De toutes ces créations politiques, deux seulement ont subsisté, les deux où les droits des peuples
avaient été respectés : l’union de la Finlande avec la Russie et de la Norvège avec la Suède.
On put voir, en ces temps de troubles et de bouleversement, combien la politique adoptée par
Alexandre en 1809 à l’égard de la Finlande concordait avec les intérêts de la Russie. La pacification
de la Finlande avait si promptement suivi la réunion de la diète à Borgâ, la nation avait donné- des
témoignages si indubitables de son dévouement envers son nouveau souverain et de sa parfaite loyauté,
qu’en 1812 Alexandre put retirer de la Finlande toutes les troupes russes qui y tenaient garnison depuis
la guerre, et en former un corps d’armée qui prit part à la campagne de France sous le ;commandement
du gouverneur général Steinheil, tandis que les troupes finlandaises nouvellement formées tinrent garnison
à Saint-Pétersbourg. G. M. Armfelt fut désigné pour remplir les fonctions de gouverneur général pendant
l’absence de Steinheil.
Alexandre rentra dans sa capitale en juillet 1814. Armfelt était alors condamné par la maladie à
garder la chambre. L ’Empereur Se rendit auprès de lui deux fois par semaine pour expédier les affairés
finlandaises, — témoignant par là sa faveur pour l’illustre malade, non moins que son intérêt pour le pays
qu’il représentait. Après la mort d’Armfelt, qui arriva le 19 août 1814, l e baron K n u t v o n T r o i l
(1760— 1825) fut nommé président du Comité des affaires finlandaises.
Quelque temps après la clôture du congrès de Vienne, la Finlande reçut de l’Empereur une nouvelle
confirmation de la situation politique qu’il lui avait constituée en 1809: le manifeste du ®/2, février
1816.. Ce manifeste statuait que le Conseil de gouvernement serait dorénavant appelé Sénat Impérial de
Finlande; un simple changement de nom ne serait pas en soi un fait considérable, mais il tire sa grande
importance des termés dans lesquels il est motivé. L ’Empereur voulait marquer la nature immédiate des
rapports du gouvernement finlandais avec le Chef de l’État en lui donnant le même nom qu’au plus
haut organe du gouvernement de l’Empire et du royaume de Pologne, récemment annexé. L ’exposé des
motifs qui ouvre ce manifeste en fait un des actes qui donnent une expression authentique à la politique
constitutionnelle suivie par Alexandre à l’égard de la Finlande, comme on en peut juger par l’extrait
suivant: .
— Convaincu que la constitution et le s lois qui, conformes au caractère, au x moeurs e t à la culture du
peuple finlandais, ont formé pendant une longue suite d’années le fondement de la liberté et de la trànquillité des habitants,
ne sauraient être limitées ou changées sans péril pour eux, Nous avons, dès le premier instant’-de Notre domination sur ce
pays, non seulement confirmé de la manière la plus solennelle ladite constitution et lesdites lois, ainsi que le s libertés et
le s droits qui en découlent pour chaque citoyen finlandais, mais aussi, ap rès en avoir délibéré av e c les états du pays,
Nous avons constitué une administration spéciale qui. sous le nom d e Notre Conseil de gouvernement, composé de citoyens
finlandais, a ju squ ’ici e xercé en Notre nom le gouvernement civil du p a y s et l’administration de la ju s t ic e en dernière
instance, indépendamment de tout autre pouvoir que celui des lois et celui que celles-ci Nous confèrent comme Souverain.
Nous avons voulu ainsi faire paraître le s sentiments qui Nous ont guidé et Nous guideront à l’avenir vis-à-vis de Nos
sujets finlandais, et en même temps confirmer à tout jamais l'assurance que Nous leu r avons donnée du maintien de leur
constitution propre sous Notre sceptre et celui de Nos Descendants».
Dès 1812 un décret Impérial avait statué que Helsingfors serait la capitale du Grand-Duché. On
éleva alors dans cette ville les édifices publics nécessaires, parmi lesquels le palais du Sénat se distingue
par sa beauté et ses proportions monumentales: Le 1er octobre 1819 eut lieu le transfert d’Âbo à Helsingfors
du Sénat et des administrations centrales qui y ressortissent.
Bien des fois depuis 1809 il avait été question de convoquer la diète. En 1812 on avait reconnu
que la décision d’un grand nombre d’affaires réclamait le Concours des états; mais la guerre empêcha la
réalisation du projet. En 1818 et en 1819 cette question fut remise sur le tapis. Le Comité des affaires
finlandaises présenta à l’Empereur, à ce' sujet, un mémoire où était signalée aussi la nécessité de certaines
réformes constitutionnelles (entre autres une disposition relative à la périodicité des diètes). Sans repousser
ce projet, l’Empereur en différa l’exécution; et bien qu’il eût, à différentes reprises, déclaré expressément
que telle affaire serait déférée à la diète, le règne d’Alexandre Rr s’acheva, sans que les états fussent de
nouveau convoqués.
Le comte A. Z a k r e w s k y (1783— 1865) succéda au comte Steinheil comme gouverneur général en
1823. Complètement étranger au moeurs constitutionnelles, il fut d’abord porté à outrepasser les limites
de l’autorité personnelle que la loi lui reconnaissait comme gouverneur général. Peu après sa nomination,
il réussit à obtenir la promulgation d’un certain nombre de décrets Impériaux, sans que les affaires en
question eussent été préparées par le Sénat et le Comité finlandais. Mais le Sénat ne laissa pas passer
cette infraction aux lois; il adressa à l’Empereur un mémoire où il signalait «l’oubli» commis par le
gouverneur général «des formes consacrées» et l’illégalité de certains des décrets en question. «Dans
l’attente de l’auguste décision de "Votre Majesté Impériale .;. . . le sénat doit s’abstenir de mettre à exécution
les cinq décrets du gouverneur général, ainsi que tout autre semblable que ce général pourrait
encore adresser au sénat.dans les mêmes formes et avec les mêmes tendances». Ce recours au monarque
n’eut pas lieu en vain. La gestion des affaires fut ramenée dans les voies légales; mais quelques difficultés
survinrent encore tant que Zakrewsky fut gouverneur général.
En 1819 l’empereur Alexandre entreprit un long voyage en Finlande. Venant d’Archangel, il arriva
le 25 août à Sordavala, visita Kuopio, fit un détour fatigant et difficile par Kajana, traversa Uleâborg
pour se rendre à la ville frontière de Toraeâ, puis redescendit le long de la côte ouest jusqu’à Àbo, où
le Sénat siégeait encore et où l’Université lui rendit hommage; il admira ensuite les puissants rapides de
Tammerfors, qui, grâce aux privilèges de ville libre dont l’Empereur lui fit don peu après, est devenu
un centre industriel important, passa en revue les troupes finlandaises au camp de Luolais, près de
Tavastehus, témoigna sa satisfaction des travaux de construction et d’agrandissement en voie d’exécution
à Helsingfors, et rentra à Saint-Pétersbourg le 14, septembre. Mais ce voyage est moins mémorable par
les détails du parcours, que par l’échange de sentiments dont il fut l’occasion entre le souverain et son
peuple. Partout l’Empereur fut accueilli avec de sincères témoignages de dévouement et d’enthousiasme.
Partout aussi il montra une clémence et une affabilité qui lui gagna les coeurs. Auparavant déjà ce