différents pays, mais par l’esprit dans lequel ils sont appliqués. L’école primaire finlandaise est pestaioz-
zienne dans son origine et dans ses visées; ce à quoi elle attache le plus d’importance -M en principe
du moins — ce n’est pas l’étendue des connaissances que l’enfant acquiert, mais son activité individuelle
et l’harmonieux développement des qualités physiques et intellectuelles qui en résulte. Un autre caractère
typique de l’école primaire en Finlande, c’est qu’elle se propose pour but d’être une école fondamentale
commune pour les enfants de toutes les classes de la nation. Voici en quels termes Cygnaeus
résume ces deux principes: «Si on comprend l’école primaire telle qu’elle doit être à notre époquecomme
l’école fondamentale de la société tout entière il faut établir une école fixe qui soit, non
pas un établissement où l’on fasse réciter aux enfants des leçons apprises par coeur et où on leur enseigne
à lire machinalement et sans penser,' mais un établissement d’éducation». C’est à ce même ensemble
d’idées qu’appartient l’importance qu’on attache en Finlande à l’enseignement des travaux manuels et des
industries domestiques. A cet égard les idées de Cygnaeus, suivant logiquement les impulsions données
par Pestalozzi et par Froebel, ont ouvert une voie nouvelle à l’enseignement primaire.
La réalisation pratique de ce programme laisse encore beaucoup à désirer, mais du moins nous
n’ignorons pas ces-lacunes. A
l’extérieur comme à l ’intérieur
l'école primaire en Finlande en
est encore à sa période de formation;
mais cela n’empêche
pas qu’elle soit déjà considérée
dans toutes les classes de la
nation comme un des plus puissants
leviers de civilisation; de
culture autonome et de progrès.
Les écoles d’infirmes ;ont
un but analogue à celui de
l’école primaire; c’est donc ici
la place d’en dire quelques mots.
L ’instruction des sourds-muets a
été d’abord une entreprise particulière.
Ce n’est qu’en 1858
que l’Etat institua une école de
sourds-muets à Âbo. En 1866
on ouvrit à Helsingfors une
école pour les aveugles. Quelques autres institutions du même genre ont été fondées depuis. Enfin
dans ces derniers temps on a ouvert des écoles pour les enfants idiots. Le gouvernement a fait élaborer
récemment un projet, d’organisation complète d’enseignement pour les infirmes. Il est à prévoir que les
conclusions de ce projet seront réalisées avant la fin du 19e siècle.
Ces dernières années ont été signalées par de nouveaux efforts pour élever le niveau de l’instruction
populaire. On connaissait depuis une vingtaine d’années les académies ou instituts primaires («folk-
hôgskolor») institués en Danemark, et il avait été plusieurs fois question de les introduire en Finlande.
Mais 1 enthousiasme manquait. L ’étincelle qui devait l’allumer partit des nuages qui commencèrent à
assombrir l’horizon politique un peu avant 1890. Les particuliers et les communes, des personnes de
toutes classes, les sociétés et surtout les sections du corps des étudiants rivalisèrent d’ardeur pour réaliser
cette idée. Les étudiants réunirent à eux seuls, en un an, 85,000 marcs destinés à fonder des instituts
primaires. Le premier établissement de ce genre de langue finnoise fut ouvert à Kangasala, le premier
de langue suédoise, à Borgâ. Le premier bâtiment affecté à cette destination fut élevé à Kronoby
avec l’aide des paysans de la contrée, qui y mirent beaucoup de zèle et d’activité. Il existe maintenant
des instituts primaires à Limingo et à Ilmola (Ostrobothnie), à Jorois (Savolaks), à Lahtis (Tavastland),
à Hvittis (Satalumta), à Esbo (Nyland), à Pargas (Finlande propre); d’autres sont projetés en Âland, dans
le Nyland et dans la Finlande orientale. Ce mouvement est encore trop récent pour qu’on en puisse
écrire l’histoire, mais le commencement
promet beaucoup et, ce qui n’est pas
moins réjouissant, les programmes sont
sensés, pratiques, et la nouvelle institution
n’est pas la création d’un parti religieux
ou politique, ni d’une classe particulière
de la société. Toutes les forces sociales,
toutes les tendances se sont donné la
main dans ce nouvel effort pour répandre
l’instruction dans le peuple.
Mais le nombre de ceux qui peuvent
profiter des instituts primaires n’est pas
grand, dans un pays où la dissémination
de la population sur de grands espaces rend
difficile la fréquentation même de l’école
L ’in s t i t u t p r im a i r e d e K r o n o b y .
primaire ordinaire. Il était d’autant plus nécessaire de répandre au moins les livres le plus possible.
Aussi a-t-on commencé dès le milieu de ce siècle à fonder des bibliothèques populaires, et le nombre en
a dès.|ors augmenté rapidement. Ainsi, en 1888, il y avait dans les communes rurales 522, et dans les
villes, 84 bibliothèques populaires, contenant environ 224,000 volumes d’une valeur de 500,000 marcs.
De même que les écoles, les bibliothèques étaient inégalement réparties; 68 communes n’en avaient pas
encore, d’autres en avaient six ou sept. La plus grande est celle de Helsingfors, qui contenait, cette
année-là, environ 2,000 volumes finnois et 6,000 volumes suédois, représentant une valeur d’à peu près
20,000 marcs. Le nombre des prêts annuels de livres s’élevait à 34,000. La ville a construit pour cette
bibliothèque un bâtiment de belle apparence, contenant de vastes salles de lecture.
Mais une autre condition nécessaire de la propagation de l’instruction populaire, c’était de susciter
et de répandre une bonne littérature, appropriée aux besoins du peuple. Plusieurs associations ont été
fondées dans" ce but. La principale est la «Société pour la propagation des lumières dans le peuple», qui
existe depuis 1874. Elle a une direction centrale
à Helsingfors avec des ramifications dans
tout le pays, et a publié jusqu’ici environ 80
ouvrages populaires, se rapportant à la plupart
des domaines du savoir humain. Ces écrits
paraissent dans les deux langues; plusieurs sont
illustrés. La Société publie depuis 1881 un
almanach populaire illustré. Elle compte de
quatre à cinq mille membres; grâce à leurs
contributions annuelles, elle peut livrer ses
publications à un prix très modique. Elle organise
tous les trois ans une grande fête musicale,
où l’on prononce des discours patriotiques
et où l’on institue des concours entre les sociétés
de chant et de musique instrumentale existant
parmi le peuple. Le secrétaire d é la Société, A. A. G r an f e l t (né en 1846), occupe ce poste depuis 1878.
En 1882 fut fondée, sous le nom de «Les amis de f école primaire suédoise», une société dans le but
de répandre l’instruction dans la population de langue suédoise. Son oeuvre est analogue à la précédente.