V. L’INSTRUCTION PUBLIQUE.
■ A. L’UNIVERSITÉ.
L 'Université de Finlande, fondée à À b o en 1640 sur l’initiative du gouverneur général, le comte P e r
B r a h e , et transférée p lu s tard à Helsingfors, a eu sur tout le développement de la civilisation en
Finlande une influence qu’on ne peut pas estimer trop haut, et qui lui a mérité à juste titre la qualification
de «coeur du pays». Elle a été depuis sa fondation le foyer où se concentrait et d’où se répandait
toute vie intellectuelle. Pour bien comprendre ce rôle prépondérant de l’Université, il faut se rappeler
qu’il n’y avait pas d’autre centre de culture qui pût donner le ton, pas de cour, pas de puissante et riche
aristocratie de naissance qui pût prétendre à régenter les opinions et les moeurs. Même les grandes
fortunes gagnées dans le commerce et dans l’industrie .et l’influence qui s’y attache ont été rares jusqu’en
ces derniers temps. La Finlande n’a pas eu de Médicis. Les fonctionnaires civils, auxquels il faut joindre
le clergé et le personnel de l’enseignement, ont constitué la classe dirigeante. Quant aux emplois militaires,
ils ont été fort peu nombreux, du moins à partir de 1809. Les études universitaires ont toujours
été une condition indispensable d’admission aux emplois civils, sauf les plus inférieurs; aussi tous ceux
qui ambitionnaient une condition sociale supérieure à " celle de la grande masse du peuple, affluaient à
l’Université, qui imprimait sur eux son cachet intellectuel. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions,
qu’elle ait exercé une si grande influencé sur les opinions, et qu’elle ait concentré sur elle l’attention
publique plus que Ce n’est le cas ailleurs.
Après la séparation d’avec la Suède, l’importance de l’Université comme centre intellectuel se trouva
plutôt augmentée que diminuée, la nation étant dès lors plus isolée, plus réduite à ses propres ressources.
Presque toutes les entreprises, sociétés, associations qui se fondèrent dans les premières années pour
travailler au développement de la haute culture intellectuelle, naquirent dans le sein de 1 Université ou
eurent pour origine des impulsions venant d’elle. Il en résulta qu’on fut porté, dans les hautes sphères
gouvernementales, à voir dans les manifestations de vie données par l’Université et la jeunesse studieuse