reconnaissait ce fait, et quand on lui proposa de répartir l’expédition des affaires finlandaises entre les
ministères russes, il déclara que toutes les questions relatives au Grand-Duché lui seraient soumises
directement par les organes du gouvernement finlandais. En
1811 fut institué à ^Saint-Pétersbourg un Comité des affaires
finlandaises dont les membres étaient Finlandais, et en même
temps un secrétariat d’État. Le secrétaire d’État avait pour
fonctions de rapporter à l’Empereur, en présence du président
du Comité, les affaires finlandaises, après qu’elles avaient été
préparées dans le sein du Comité. ■ Le premier président de ce
Comité fut le célèbre baron G u st a f Ma u r it z A rmfelt (1757—I
1814), le favori si richement doué de Gustave III. Après la
mort du roi, il avait couru des fortunes diverses et était rentré
en Finlande, sa patrie, en 1810. Là il s’établit d’abord dans
son majorât d'Âminne, dans la commune de Halikko, mais il
ne tarda pas à être appelé à Saint-Pétersbourg par l’Empereur,
qui le consulta déjà pour l’élaboration du projet d’organisation
du Comité. Il eut bientôt gagné la faveur de l’Empereur et le
servit avec dévouement, en premier beu pour ce qui-concernait
la Finlande, mais aussi dans d’autres affaires pour lesquelles
Alexandre réclama ses conseils et son concours. R ehbinder G u s ta f Mau ritz A rm fe lt.
(1777— 1841) fut nommé secrétaire d’Etat; ses grandes capacités s’étaient déjà révélées quand il remplissait
les fonctions d’adjoint de Speransky.
Le règlement du Conseil de gouvernement de 1809 ne traitait que très brièvement des fonctions du gouverneur
général. Une instruction en date de février 1812 règle plus en détail sa position comme président
du Conseil et ses attributions de chef du pouvoir exécutif. Il y est stipulé que: le gouverneur général
veillera à l’exécution ponctuelle dés ordonnances de l’Empereur; il aura soin que la protection de la loi soit
accordée à tous les habitants quant à leurs privilèges légitimement acquis, leurs libertés et leurs droits; il
aura la haute surveillance sur les institutions administratives; par des voyages d’inspection il se tiendra au
courant de l’état du pays et donnera ses soins au développement de l’industrie, etc. En même temps émanèrent
des instructions au procureur comme contrôleur de l’application des lois et accusateur public en chef;
Une stipulation importante au point de vue politique est que, dans le cas où le g o u v e rn e u r général ou le
Conseil s’écarterait de la loi, le procureur est tenu de leur faire des représentations, et, si ses observations
ne sont pas écoutées, d’en référer
à l’Empereur.
L’organisation du gouvernement
de la Finlande était
complète.
Cependant un nouveau
projét, inspiré, lui aussi, par la
bienveillance envers la Finlande,
avait mûri dans la pensée de
l’Empereur. La partie du pays
cédée à la Russie par les traités
de 1721 et de 1743 ne s’était
pas assimilée à l’empire. Le
système administratif russe y
avait étéj introduit, mais les
La terre seigneuriale d’Âminne. lois suédoises y étaient encore
partiellement en vigueur. Les Caréliens forment, il est vrai, une branche distincte du tronc finnois; et
une partie d’entre eux, surtout au nord du Ladoga, confessaient la religion grecque-orthodoxe. Et cependant
la grande majorité des habitants de la province dite Vieille Finlande continuaient à ressembler
essentiellement pour la langue et pour les moeurs à leur frères restés de l’autre côté de la frontière
tracée par la politique. Maintenant que la Finlande tout entière était réunie sous le même sceptre, il ne
paraissait pas .y avoir de motifs suffisants de maintenir cette population sous un régime différent du reste
du pays. Il n’y avait pas d’inconvénients politiques .à ce, que la frontière du Grand-Duché fût rapprochée
de la capitale de l’empire. Aussi Alexandre décida-t-il d’incorporer le «gouvernement finlandais» au
Grand-Duché, sous le -nom de gouvernement de Viborg. Cette réunion fut proclamée par un manifeste
du 23 décembre 1811, lequel fut suivi, le 31 du même mois, d’un décret établissant la procédure à observer
pour l’incorporation du gouvernement de Viborg au reste de la Finlande. Parmi les preuves nombreuses
du soin et de l’esprit de suite qu’Alexandre 1er apportait dans l'accomplissement des promesses faites par
l’acte du 15/27 mars 1809, citons le fait que l’Empereur rédigea de: sa propre main l’article suivant de ce
décret : «L’ordre de la représentation nationale à la Diète des Etats du Grand Duché de Finlande est établi,
dans le gouvernement-de Vibourg, conformément aux principes, généraux de la Constitution .de.ee pays».
La mise à exécution de cette incorporation présentait d’assez grosses difficultés, d’autant plus qu’elle
était désagréable à beaucoup de ceux dont le nouvel état de choses ne favorisait pas les intérêts personnels.
Une commission spéciale, nommée par le Conseil, fut chargée d’élaborer un projet pour mettre
les différentê§; branches d’administration- de ce nouveau gouvernement de Viborg en accord avec l’organisation
du reste de la Finlande. Armfelt prit une part active à ces mesures préparatoires; c’est à son
influence qu’on dut la nomination au poste de gouverneur de la nouvelle province d’un homme sage et
énergique, K a r l Johan S tje r n v a l l (1764-—1815). La commission d’organisation, présidée par Stjernvall,
mit tant de zèle à l’accomplissement de sa mission, qu’avant la fin de 1813 elle avait terminé ses travaux.
Les propositions préparées par elle, puis examinées par le Conseil, furent ensuite soumises à la ratification
de l’Empereur et promulguées comme lois du. gouvernement de Viborg.
Les premières années de la réunion à l’empire, surtout 1811 et le commencement de 1812, furent
marquées par l’adoption d’un grand nombre de mesures intéressant le pays tout entier et relatives au
développement de l’administration selon les nécessités créées par le nouvel état de choses. Armfelt et
Rehbinder, qui furent alors les collaborateurs d’Alexandre fer, parlent avec une chaleureuse admiration
de l’intérêt et du soin que l’Empereur apportait à l’étude de ces questions.
La grande campagne entreprise par Napoléon contre la Russie interrompit nécessairement ces
travaux. L ’Empereur quitta Saint-Pétersbourg et se rendit à l’armée. Lorsque la Russie eut réussi, au
prix d’énormes sacrifices inspirés par le plus ardent patriotisme, à anéantir les puissantes armées françaises^
Alexandre f a se trouvait tout désigné pour prendre la tête de la coalition qui devait amener le
renversement de Napoléon.
Un des premiers actes préparatoires de cette coalition fut la convention conclue, en août 1812,
entre Alexandre et le nouveau prince royal de Suède, Charles-Jean. L ’entrevue des deux princes eut
lieu à Âbo, alors capitale de la Finlande. Il ne manquait pas de gens en Suède qui espéraient que cette
entrevue aurait pour effet la restitution de la Finlande. Mais la convention fut conclue sur de tout
autres bases. La Suède devait recevoir pour prix de son alliance — la Norvège. Cette combinaison
ressemblait à celle imaginée par Napoléon, lorsque en 1807, à Tilsitt, il engagea l’empereur de Russie à
s’annexer la Finlande. Mais ni dans l’un ni dans l’autre cas cet agrandissement de territoire n’eut lieu
de la façon ordinaire. Le conquérant de la Finlande comprit et respecta la grande importance qu’un
peuple arrivé à un degré suffisant de culture et d’individualité nationale, attachait à la possession de
l ’organisation politique qui lui était propre. Le même principe présida à la réunion de la Norvège à la
Suède, en 1814: elle non plus né fut pas traitée comme un butin de guerre, mais comme un état indépendant.
Ici encore le témoignage de l’histoire prouve que, pour être durables, les créations de la
politique veulent être fondées sur le droit. Innombrables furent les combinaisons politiques écloses pendant