l’autre de ses membres a fait pour la science“ Nous osons croire que, même sans entrer dans plus de
détails, on nous accordera que, non seulement par les fruits de son travail, tel qu’il est consigné dans
ses publications, mais encore par la mesure dans laquelle elle a encouragé les recherches et la production
scientifiques, la Société a eu une part importante dans le travail civilisateur du 19e siècle en Finlande,
et qu’elle a contribué à resserrer les liens de solidarité intellectuelle qui rattachent la Finlande aux autres
nations civilisées de l’Europe.
L . L in d e l ô f .
B. SOCIETAS PRO FAUNA E T FLORA FENNICA.
Ce n’est pas par un pur effet du hasard que la Societas pro fauna ei flora fennica fut la première
en date des sociétés scientifiques finlandaises. En effet, il n’est aucun domaine de la science où l’association
sous une direction capable donne d’aussi heureux résultats que l’histoire naturelle dans les premiers
stages de son développement. Et ce n’étaient pas des hommes de science qui fondèrent cette
Société. C’étaient pour la plupart de jeunes étudiants, qui se réunirent, le i«- novembre 1821, chez le
professeur C. R. S ahlberg et convinrent avec leurs maîtres de fonder une Société de zoologie et de
botanique finlandaises «pour faire, en rassemblant des animaux et des plantes de la Finlande, plus ample
connaissance avec la faune et la flore du pays». On se mit à l’oeuvre avec ardeur. Les ressources de
la jeune Société étaient plus que modestes — elles se composaient principalement des petites contributions
d’inscription des membres — mais lé désintéressement et le zèle scientifique et patriotique étaient d’autant
plus grands, et en peu d’années on eut déjà réuni d’assez importantes collections d’animaux et de
plantes du pays. L ’Université donna un local pour les ordonner et les conserver. L ’incendie d’Âbo,
en. 1827, détruisit tout; mais après le transfert de l’Université à Helsingfors, la Société se réorganisa
dans cette ville et se remit à l’oeuvre. D’après les nouveaux statuts de 1829, l’objet de la Société était
«de fonder et de former un musée finlandais d’histoire naturelle et de réunir les matériau^ d’une faune
et d’une flore finlandaises aussi complètes que possible» ; pour arriver à ce but, la Société devait «rassembler
et conserver: 10 les êtres organiques se trouvant dans les limites de la Finlande5 :20 les détails et les
renseignements à leur sujet»; enfin, pour assurer l’avenir des collections, on réunirait un capital. On
inviterait à faire partie de la Société «tous les hommes zélés pour la connaissance de la nature finlandaise
». En 1838, la Société fut pour la première fois à même de donner une bourse de voyage à un
explorateur, ' qui visita la Laponie; elle envoya depuis, à des intervalles plus ou moins longs, d’autres
émissaires, dont les collections enrichissaient le’ musée.
La Société avait suffi d’abord, grâce au dévouement de quelques-uns de ses membres, à classes et
à soigner ses collections dans le local que l’Université avait mis à sa disposition, mais avec le temps
cela devenait de plus en plus difficile, et le cours naturel des choses devait amener ce qui arriva en effet
en 1858, c’est-à-dire que la Société céda à l’Université toutes ses collections présentes et à venir,pour y être
conservées en sa possession et par le soin de ses fonctionnaires et y former un musée finlandais d’histoire
naturelle. Ainsi la Société n’a plus de collections à elle. Elle envoie tous, les ans dans le pays des
collectionneurs à ses frais, mais les exemplaires qu’ils rapportent sont immédiatement livrés à l’Université,
dont le musée finlandais a entièrement pris le caractère d’une collection nationale, telle que la Société
se l’était proposée dès sa fondation.
Quand, vers le milieu du siècle, le besoin d’une mise en oeuvre scientifique des collections devint
urgent, la Société aurait désiré avoir un journal à elle où il fût rendu compte de ses travaux. Mais ses
ressources n’y suffisaient pas. Elle s’adressa alors à la Société des Sciences, et celle-ci fit les frais des
premières publications de notre Société, et les distribua comme suppléments à ses Actes sous le titre
de «Notices sur les travaux de la Societas pro fauna et flora fennica». En 1858 la Société commença à
publier ces Notices à ses propres frais. En 1876 il en avait paru 14 fascicules; elle divisa alors ses
publications en deux séries: «Communications de la Societas pro fauna et flora fennica», contenant un
compte-rendu des travaux et de courts articles, et des «Acta», destinés à des travaux de plus longue
haleine. Il a paru, de 1876 à 1893, dix-huit fascicules de la première et huit tomes de la seconde de ces
publications. On y trouve pour la plus grande partie dés articles sur la faune et la flore du pays, mais
aussi des travaux d’une portée scientifique plus générale. La Société s’est ainsi fait connaître à l’étranger,
si bien. qu’elle est maintenant en relations suivies avec non moins de 225 sociétés étrangères.
La présidence de la Société a été occupée pendant bien des années (1866— 89) par le professeur de
botanique S. 0 . L in db erg. Son prédécesseur avait été W. N y l a n d e r . •
L ’utilité de l’oeuvre accomplie avec tant d’activité par la Société avait engagé le gouvernement, en
1861, à lui accorder une subvention annuelle de 800 marcs. Cette subvention, augmentée successivement,
s’élève, depuis 1884, à 3.000 marcs. Le capital de la Société montait, en 1892, à environ 28,000 marcs.
F r e d r . E l f v in g .
C. LA SO C IÉ T É DE LITTÉRATURE FINNOISE.
* ^ TA sM iè c le s et demi se sont écoulés depuis la première publication d’un livre en langue finnoise,
et pourtant la littérature finnoise, au sens moderne de ce mot, ne date que du 19» siècle. Si deux ou
trois générations ont suffi à faire 'lj||vrage de plusieurs siècles, c’est à la Société de littérature finnoise
qu’on le doit, &%on travail dévoué et fructueux au service de la Culture .nationale, Aussi cette Société
occupe-t-elle une place tout à fait à part dans l’histoire de la civilisation finlandaise.
Ses commencements furent modestes.
Aux premiers jours de 1831, dans une conversation avec G a br ie l R ein, l’historien intègre, qui
devint plus tard une des colonnes d’appui de la Société, Mâ r ten Johan L in dfors, licencié en médecine,
proposa de fonder une Société pour favoriser le développement de la littérature finnoise. L idée fit son
chemin, et, le 16 février 1831, douze hommes, jeunes et vieux, appartenant à 1 Université, se réunirent
pour la discuter. C’était chez le lecteur de finnois K a r l N ik l a s K eckm an ; le court procès-verbal fut
rédigé par E l ia s L ônnrot, plus tard le membre le plus actif de la Société. Ce protocole est en langue
finnoise ; on y lit, comme résultat de la discussion que «de quelque façon que 1 affaire fût menée, il serait
plus facile à plusieurs qu’à un seul de la conduire à bonne fin» ; aussi la fondation d une association
fut-elle résolue. La séance suivante eut lieu le 23 février; on décida que la Société s’appellerait Suoma-
laisen Kirjallisuuden Seura, et qu’elle aurait pour objet de travailler au développement et à la propagation
de la littérature et surtout de la langue finnoises.
La nouvelle entreprise reçut bientôt 21 nouveaux adhérents; ces 33 sont comptés comme les fondateurs
de la Société. Nous trouvons parmi eux plusieurs des hommes qui ont le mieux mérité de notre
culture nationale. Le premier en date des présidents fut le professeur E. G. Me l ar t in , depuis archevêque,
le second,); J. G. L insén, l’éminent professeur de littérature latine. J. J. T engstrôm, philosophe
et historien consciencieux, fut longtemps vice-président. Les premiers statuts -furent rédigés par J. J.
N ordstrôm, l’habile et implacable champion des Sciences juridiques. J. L. R uneberg, l’auteur de notre
-hymne national, l’historien M. A k ian d er , les médecins I. Ilmoni et E. A. Ingman, faisaient partie de ce
premier petit groupe.
Parmi les milliers de membres que la Société a comptés depuis, on remarque J. V. S nellman,
philosophe et homme d’État, qui fut longtemps président et eut l’initiative d’un grand nombre d’actes
importants, les linguistes M. A. C a s tr ên et A u g . A h lq v ist , tous les deux secrétaires pendant peu de
temps, et qui tous les deux ont frayé des voies nouvelles dans le domaine de la linguistique, l’historien