Y rjô-K oskinen, président de la Société pendant dix-huit ans d’une période très importante de son histoire,
les linguistes Ju lius K rohn, F. W. R othsten, A rvid G enetz et bien d’autres.
L ’histoire de la Société de littérature finnoise peut se diviser en quatre périodes bien distinctes,
dont les années 1850, 1865 et 1881 forment les limites.
La première période, jusqu’à 1850, est l’époque du réveil et des espérances. Personne ne se fait
encore une idée juste de la tâche entreprise; quelquefois on espère l’impossible, plus souvent on estime
trop bas la portée des résultats déjà acquis. Il semble que la Société n’existe que pour imprimer les
ouvrages d’un seul homme, mais
cet homme est E l ia s L ô nnrot,
le collectionneur de ■ la vieille
poésie finnoise, le créateur de
la langue littéraire finnoise moderne.
Les résultats les plus
importants de cette période sont
la -publication du Kalevala et du
Kanteletar.
Convaincue de l’importance
des recherches de Lônnrot, la
Société vota dès le 8 juin 1831
une subvention pour «faciliter à
M. Lônnrot le voyage scientifique
entrepris par lui avec un zèle
louable et qui touche de près; à
l’objet de la Société». En 1833,
la Société offrit de publier les
collections de «runes» finnoises
rassemblées par Lônnrot et non
encore imprimées. L ’offre fut
acceptée avec joie, mais Lônnrot
était d’avis que ces collections
devaient être «coordonnées - en
une oeuvre suivie, représentant
pour la mythologie finnoise
quelque chose de comparable à
l’Edda islandaise». Il avait alors
environ 5,000 vers runiques,
réunis en seize chants, mais il
Elias Lônnrot. voulait en recueillir encore, et
la Société-lui alloua un subside
dans ce but. Malgré quelques retards occasionnés par les devoirs de sa profession, Lônnrot acheva le
I er avril 1835 un manuscrit ayant pour titre «Kalevala eli Karjalaisten Runoja Suomen vanhoista ajoista»
(le Kalevala, ou Chants Caréliens sur les anciens temps de la Finlande). Ce manuscrit comprenait 12,078
vers en 32 chants. La Société décida de l’imprimer sans l’examiner, et l’oeuvre parut à la fin de l’année.
Le public ne comprit pas d’abord la portée de cette publication, mais le petit cercle de la Société
de littérature en sentait bien la haute valeur. On demanda à Lônnrot s’il, ne voulait pas continuer ses
recherches. Il répondit que les trésors de la vieille poésie finnoise étaient loin d’être épuisés, qu’il faudrait
aussi recueillir les proverbes, les énigmes, les légendes, les traditions antiques, et qu’il y avait en
outre beaucoup à faire au point de vue lexicographique et grammatical. Le moment était favorable pour
ces recherches et pour la réforme de la langue écrite. Douteux de sa propre capacité, Lônnrot ne se
serait pas chargé de ce travail, «si ce n’était qu’un irrésistible élan intérieur me poussait à travailler à
cet objet de tout mon pouvôir». Il exposa son plan, et la Sqciété lui assigna 1,000 roubles papier comme
bourse de voyage.. :
Au commencement de 1838 il rendit compte à la Société des résultats qu’il avait obtenus. Il avait
recueilli, outre des poésies lyriques, 5,000 proverbes, 1,200 énigmes, des légendes, etc., toute une moisson
de documents qui ont servi de base à toutes les publications subséquentes sur ce sujet. L ’année suivante,
il communiqua à la Société le manuscrit, de Kanteletar taikka Suomen kansan vanhoja lauluja ja virsià
(le Kanteletar, ou chants et poésies antiques du peuple finnois), en tout 21,007 vers (imprimé en 1840).
En 1842, Lônnrot publia la collection Suomen kansan sananlaskuja (Proverbes du peuple finnois), et, en
1844, Suomen kansan arvoituksia (Énigmes du peuple finnois).
Le succès de Lônnrot éveilla l’enthousiasme dans l’esprit de la jeunesse. Plusieurs jeunes savants
mirent la main à l ’oeuvre pour explorer le champ de la poésie populaire finnoise sous l’égide de la Société
de littérature. J. F. C ajan , M. A. C a s tr én , D. E. D. E u r o pæ u s , A u g . A h lq v ist , Z. S ire liu s, F. P o lén,
H. A ~ R einhç>lm, vouant leurs forces à cette tâche avec une ardeur et un dévouement sans égal, sauvèrent
de l’oubli des chants runiques d’une grande beauté. Il faut noter comme les plus remarquables le
cycle de Kullervo, recueilli par Europæus.
A l’aide de ces nouvelles sources, Lônnrot
put, ën 1849, la première édition
épuisée, publier le Kalevala dans la
forme sous laquelle il a pris place dans
la littérature universelle à côté des plus
grandes épopées. Cette édition, comprenant
22,805 vers en 50 chants, a été
bien des fois réimprimée depuis. Sur
l’initiative de la Société de littérature,
la première édition avait été traduite en
suédois par M. A. Castrén en 1841;
dans sa rédaction définitive, le Kalevala
a été traduit en suédois par K. Collan
en 1864— 65 ; il en existe des traductions
en allemand, en français, en anglais, en
hongrois, en esthonien et en russe.
L a m é t a i r i e d e P a ik k a r ) . l i e u d s s a n c e d e L ô n n r o t .
Mais l’activité de la Société s’étendit aussi dans d’autres directions pendant cette période. Elle
publia quelques bons écrits populaires, elle donna de petits subsides aux journaux finnois, elle fit réunir
et imprimer les chants du poète populaire P a a v o K orhonen et elle chercha à favoriser l’épanouissement
d’une littérature moderne en finnois, surtout pour arriver à une traduction parfaite des poésies de
Runeberg.
Elle voulut en même temps jeter les bases d’une littérature scientifique. Ainsi elle publia depuis
1841 la revue le Suomi, formant annuellement un volume. Les articles qu’elle contenait et où étaient traités
des sujets touchant à la Finlande, surtout d’histoire et de linguistique, étaient, il est vrai, pendant cette
période, écrits presque tous en suédois, mais le finnois gagnait du terrain de son côté. Pour lui faire
une place dans l’instruction secondaire, la Société fit imprimer en finnois des manuels d’histoire, de
géographie, de mathématiques. Le sentiment national fut puissamment éveillé par les revendications de
Snellman dans le journal le «Saima», les poèmes patriotiques de Runeberg, les travaux remarquables de
Castrén en linguistique et en ethnographie. En 1846 fut fondée une autre société finnoise de littérature,
la Suomalainen Kirjallisuus-Seura Viipurissa (la Société de littérature finnoise de Viborg), qui, dans une