La descente en bateau des rivières du nord et de leurs puissants rapides offre d’émouvantes péripéties.
Les embarcations qu’on y emploie et qui servent surtout au transport des tonneaux de goudron,
sont des canots longs et étroits. Les pilotes-jurés qui les dirigent ont le calme impassible de tout vrai
Finnois; mais l’exercice de leur rude métier a développé en eux une sûreté de coup d’oeil et une promptitude
dè décision sans lesquelles ils ne sauraient échapper aux dangers qui les menacent de toutes parts. Un
mouvement mal calculé, une seconde d’hésitation, et le frêle esquif, saisi par les tourbillons, irait s’écraser
contre les rochers. Lancé comme une flèche sur les eaux tumultueuses, il semble s’engouffrer dans des
flots d’écume, mais, guidé par une main sûre, il reparaît bientôt sur le dos d’une vague et glisse enfin
dans des eaux plus tranquilles. Les accidents sont rares ; s’ils. ;se produisent, c’est surtout quand les
eaux très hautes recouvrent les roches qui servent aux pilotes de points de repère.
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Avant les chemins de fer,
lés communications étaient peu
fréquentes d’une province à
Si.•'.'hautre ou avea-Ji’étranger. Le
H g Finlandais est attaché à son
lieu natal par des Liens très
•forts; l’amour d’une solitude
indépendante est un de ses
traits caractéristiques. Cepen-
: dant les guerres ou la disette
ont quelquefois forcé des po-
pulations entières à abandonner
leurs villages. En 1867 les
routes étaient remplies de longues
processions de malheureux
chassés ’ par la famine. On
B a t e a u r em o n t a n t u n r a p id e , dessin de A . Gallén.
fermait la cabane, 011 abandonnait le champ gelé, et toute la famille s’en allait mendier le long des grands
chemins. Mais il n’est jamais arrivé que ces troupes de désespérés, - qui partout tendaient la main pour
avoir du pain, aient forcé une serrure, pillé une maison isolée, volé un mouton paissant dans une clairière
de la forêt. Partout du reste ils rencontraient des mains secourables; on leur donnait tant qu’on avait
quelque chose à donner; mais les secours ne suffisaient pas et l’on ne put pas empêcher qu’un grand
nombre de ces malheureux qui se traînaient, malades et émaciés, né s’affaissassent enfin et ne périssent
sur le bord de la route. Plus tard il se produisit une autre émigration, déterminée non par la disette,
mais par le désir de plus d’aisance et d’une vie plus facile; elle se dirigea surtout sur l’Amérique, mais
aussi sur l’Afrique, l’Australie et les îles du Pacifique. Ce mouvement d’émigration, commencé parmi
lés populations plus remuantes de l’Ostrobothnie, ne s’est guère étendu aux autres parties du pays. La