sa situation juridique et de l’enseignement théologique à 1-Université. Comme écrivain dans ce domaine,
il faut citer Jakob Bonsdorff, déjà nommé, et sa Théologie pastorale, ouvrage estimé, composé pour les
besoins du séminaire académique, ainsi que ses plans de sermons. Le représentant le plus distingué et
le plus influent de la théologie pratique est F r an s L u dv ig S chauman, professeur, puis évêque (voir pp.
100, 114, 116). De sa chaire de théologie pratique, dont il a été le premier titulaire (de 1847 S 1865),
il a exercé une influence profonde sur la vie et l’action de l’Eglise de Finlande. Ses principaux ouvrages
sont un Manuel du droit ecclésiastique de Finlande, 1853, qui est resté inachevé, et La théologie pratique,
1875— 76. On a toute raison de citer dans l’oeuvre de Schauman le Projet de loi ecclésiastique du Grand-
Duché de Finlande, 1863, élaboré par lui; car si ce projet a subi mainte modification avant de devenir
101, les principes de droit ecclésiastique soutenus par Schauman, particulièrement en ce qui concerne les
rapports de l’Église et de l’État, ont servi de base à la nouvelle organisation de l’Église finlandaise. —
Schauman a aussi exercé une influence notable dans le domaine de l’homilétique. Trois volumes de
Sermons appartiennent à ce qui s’est produit de
plus remarquable en ce genre en Finlande.
Schauman a en outre eu l’occasion 'de se
prononcer sur un grand nombre des questions
théologiques et ecclésiastiques du moment, soit
comme rédacteur en chef; soit comme collaborateur
de revues religieuses. Il a vivifié et fortifié
l’étude dé la théologie pratique à l’Université.
Plusieurs revues périodiques ont été, au cours
du 19e siècle, l’organe de la science théologique.
Les principales furent: la Feuille d’avis ecclésiastique,
1839; la Feuille littéraire ecclésiastique, 1840—
1845, rédigée par E. Rancken; le «Vâkiaren» (le
Gardien), dirigé par A. A. L au r e l l , de 1847 à
1849, en collaboration avec B. O. Lille et F. L.
Schauman; la Revue de l'Église finlandaise, par
F. L. Schauman, 1857— 59; le Témoin de la vérité,
revue mensuelle dirigée par F. L. Schauman,
1869— 79; la Revue de théologie et d‘Église, par
H. Râbergh, 1877— 82, et le «Vartija» (le Gardien),
rédigé en finnois depuis 1888 par E. Bergroth.
La littérature d’édification religieuse, qui comprend
une foule d’écrits grands et petits^ a subi
r r , . e , profondément r rans L u d v ig Schauman. 1 l’influence des mouvements relig° ieux.
H. Renqvist fut le principal écrivain du réveil
dont il était l’auteur et le directeur. Citons, de lui, comme caractérisant la tendance particulière de ce
mouvement, deux publications en finnois intitulées;: Courte instruction sur l’examen de conscience et l'amendement,
1827, et Courte enquête sur la nécessité de la prière, 1835. J. F. B e rgh fut le directeur du mouvement
piétiste qui se répandit d’abord dans le Savolaks. Plusieurs écrits, souvent polémiques, marquent
l'opposition existant entre les idées religieuses du piétisme et la tendance dite évangélique, dont F. G.
H e d b e r g fut le principal représentant. Hedberg n’a pas seulement rédigé divers écrits périodiques qui
furent les organes du mouvement évangélique, il a encore exposé les idées qui distinguent cette doctrine
dans plusieurs ouvrages, parmi lesquels nous citerons: Réfutation de la doctrine des oeuvres et défense de
l’Evangile, 1847— 51» et Le salut par la foi, 1853. Il faut ajouter que ces mouvements religieux n’ont
eu aucune tendance à former des sectes séparées de l’église luthérienne.
Cet aperçu fragmentaire ne donne qu’une image bien faible de l’influence profonde que l’oeuvre des
théologiens finlandais a exercée sur la vie du peuple. La lumière qui a éclairé et guidé notre peuple,
ç’èst la parole de Dieu. C’est à cette lumière qu’est née sa force morale, sa patience, sa confiance au
milieu des souffrances et du travail, sa soumission aux lois, l’humble espérance qui n’a cessé de l’animer
dans les temps de ténèbres et de disette, tous ces traits heureux qui forment le caractère du peuple
finlandais. ...
- L ’Église au IfJ siècle a instruit et formé le peuple à comprendre et à accomplir son devoir, et
toute l’oeuvre des théologiens a tendu à mettre l’Église à même de remplir cette mission. Tel a été,
tel est encore le but de la théologie finlandaise — ce sera toujours sa joie et son honneur de mettre
son travail au service de la patrie.
H e r m a n R â b e r g h .
D. LA PHILOSOPHIE.
La philosophie qui prédomina dans les universités luthériennes après la Réformation sous l’influence
de Mélanchton, régna aussi à l’Académie d’Âbo. C’était une scolastique quelque peu simplifiée et débarrassée
d’une partie de ses subtilités, pourtant très semblable à celle du moyen âge, alors même que
l’orthodoxie qu’elle préconisait n’était plus la catholique,, mais la luthérienne. Chez nous aussi on mettait
tout son zèle à exclure les, idées nouvelles, surtout le système Cartésien, proclamé hérétiquè, qui, favorisé
par lés naturalistes, avait fait quelques tentatives pour pénétrer à Âbo. Ce ne fut qu’au dix-huitième
siècle que des systèmes nouveaux purent prendre pied à l’université finlandaise, d’abord le système Leib-
nitz-Wolf, plus tard aussi celui de Locke.
H. G. P o r th an, cet homme au vaste savoir, a été souvent déjà cité dans cet ouvrage; sa sollicitude
pour l’instruction de la jeunesse s’étendit aussi à l’enseignement philosophique; il fit des cours de
logique, je psychologie, d’esthétique, de droit naturel et de pédagogie. Sa méthode était plutôt celle de
l’éclectique vulgarisateur que d’un esprit strictement systématique. Il se rapprochait le plus de la philosophie
empirique de Locke, sans pourtant arriver aux conc lu sions matérialistes que certains penseurs
français en ont tirées. Porthan fut témoin de la révolution philosophique provoquée à la fin du 18e siècle
par les idées de K a n t , mais il ne les goûtait pas, et tant qu’il vécut, l’immense autorité qu’il avait acquise
empêcha le système de Kant d’être accepté à Àbo.
Peu après la mort de Porthan, il se produisit un phénomène curieux et unique jusque-là en Finlande:
l’éclosion d’un système philosophique nouveau, entièrement indépendant. L ’auteur en était G a brie l
Is r a ë l H artman, n é en 1776, fils d’un pasteur d’Àland; agrégé de philosophie et bibliothécaire de l’Académie,
il mourut en 1809, âgé de trente-trois ans seulement. Un manuel de géographie publié par lui
a eu dix éditions et a été beaucoup employé dans les écoles de la Suède et de la Finlande. Il est aussi
l'au teu r d ’autres écrits, mais sa véritable vocation était la philosophie. Sans parler de quelques dissertations
académiques, il publia un traité de philosophie, la Théorie de la connaissance, dont deux volumes
parurent en 1807 et 1808. La mort de l’auteur interrompit ce travail, que devait compléter un troisième
volume.
Hartman lui-même assure qu’il avait conçu les traits principaux de sa Théorie de la connaissance
avant d’avoir jamais entendu parler de Kant et avant d’avoir lu aucun ouvrage philosophique «sauf un
petit précis d’histoire littéraire». On a révoqué en doute la véracité de cette affirmation, on a accusé
Hartman d’avoir voulu dissimuler par vanité ce qu’il devait à d’autres penseurs. Mais si l’on y regarde
de près, on est amené à admettre que le système lui-même — autant qu’on peut le juger dans son état
d’inachèvement — appartient bien à Hartman, mais que, dans son élaboration, il a mis à profit ce qu il