surtout au sein de la noblesse,, ¡des idées d’un libéralisme plus prononcé que celles de la majorité; mais
-ces différences de ..points de vue n’amenèrent pas la formation de groupes nettement séparés. La division
en partis, quand elle'eut lieu plus tard, se fit sur la question des langues, ,c’est-à-dire sur la question de
reconnaître à la langue finnoise--dans la vie publique une .situation correspondante à la proportion numérique
de la population finnoise.-dans-la composition- de la nation.
Depuis 1809 l'e suédois était comme auparavant la langue officielle et l’organe de la culture supérieure.
Cet état de choses ne souleva' d’abord aucun mécontentement dans les couches profondes de la
population. Les, gens du peuple, ne sachant généralement-pas écrire, étaient habitués à recourir à des
interprètes dans leurs relations par écrit avec la justice ou l’administration. Oralement, devant les tribu-
naux, il n’était jamais refusé aux parties-de s’exprimer en finnois et ce n’était que l’exception parmi les
juges qui ne pouvaient pas communiquer directement avec eux, sans l’aide d’interprètes. Et même, à la
diète dé 1809, c’était précisément, l’ordre des paysans qui, parmi ses pétitions, en avait présenté une
demandant «le maintien à l’avenir, dans tous les actes publics, suppliques et documents légaux, même
ceux adressés- au ,pouvoir suprême, de la langue suédoise, en usage jusque-là». Cette pétition, dictée,
sans doute, non par l’indifférence
pour la langue finnoise, mais
par la crainte d’un changement
dans un autre sens* explique
•cependant pour sa part pourquoi
la- question des langues n’était
pas encore née.- Et c’était en
effet plus qu’un avantage de
simple forme, pour le jeune
Etat finlandais, d’avoir dès
l’abord à son service une langue
depuis longtemps formée et pliée
aux nécessités du style officiel,
au lieu d’avoir à entreprendre
la tâche difficile de construire
et d’apprendre unç^ nouvelle
langue de chancellerie.
Mais à mesure que se développèrent
la littérature finnoise,
l’instruction populaire et le sen- • L a M a is o n d e la n o b l e s s e .
timent national, on commença à ressentir l’exclusion du finnois de l’usage officiel comme une injustice
quil faudrait réparer tôt ou tard. Sous le règne de l’Empereur Nicolas et sur l’initiative de certains
membres du gouvernement singulièrement timorés et peu clairvoyants, il avait été rendu, en date du 8
avril 1850, un décret prescrivant à la censure de ne permettre la publication en langue finnoise que
d écrits ayant pour objet «l’édification religieuse ou l’utilité économique». Une tentative aussi peu naturelle
d étouffer le développement de la littérature finnoise devait échouer. Plus .fard le réveil de la vie
politique donna à cette littérature une n o u ve lle impulsion, en même temps que la question de la situation
respective des deux langues dans les relations de la vie publique commença à attirer l’attention.
Sur ces entrefaites, Jo han V ilhelm S nellman (1806— 1881), éminent publiciste et philosoph e, qui
en 1863 avait été nommé membre du Sénat et avait, peu après, succédé à Langenskiôld au portefeuille
dés finances, obtint la sanction de l’Empereur à une ordonnance qui devait être-le point de départ de
la question des langues. . C’était pendant la visite de l’Empereur au camp de Tavastehus. L ’ordonnance
en question, promulguée, déjà le 1er août 1863, contenait, la stipulation suivante: «Bien que le suédois
continue à être la langue officielle du pays, la langue finnoise est déclarée jouir des mêmes droits dans