pas effacé en lui l'intérêt pour sa patrie finlandaise, mais il n’avait pas la connaissance approfondie,
nécessaire au ministre-secrétaire d’État, des conditions de la vie politique de la Finlande. Ce poste fut
occupé pendant deux ou trois ans par le général C. E hrn rooth, après quoi, i l échut, en 1891, au général
W. von D aehn (né en 1838, fit sa carrière militaire en Russie, fut nommé
gouverneur de la province de Viborg en 1881, sénateur en 1885, adjoint
du ministre-secrétaire d’État en 1889). Le sénateur V. P ro co pê fut nommé
aux fonctions, d’adjoint. La même année le Comité attaché au secrétariat
d’État fut supprimé.
L ’organisation et le fonctionnement du Sénat ont subi à diverses
reprises des modifications qui ne touchent toutefois aucunement aux principes
établis en 1809. D’une part, le droit du Sénat de décider certaines
questions sans recourir au monarque, a été étendu; d’autre part, le nombre
des sections du département administratif a été successivement augmenté.
Ces sections sont actuellement au nombre de neuf: la justice, l’intérieur,
les finances, les affaires camérales, les-affaires militaires, -les cultes et
l’instruction publique, l’agriculture, les communications, lé commerce et
A . B r u n ou. - l’industrie. Les sections ont pour attributions de surveiller et de diriger
les autorités et les institutions relevant de leur branche d’administration
et de prendre l’initiative des mesures de législation et de gouvernement; elles ont par conséquent une
situation analogue à celle des ministères dans les autres pays. Autrefois le grand conseil des deux
départements réunis traitait toutes les affaires soumises à la diète, mais maintenant il ne connaît plus que
de celles qui lui sont spécialement déférées par l’Empereur.
Parmi les sénateurs, morts aujourd’hui, qui ont appartenu au département de la justice depuis-1855,
nous croyons devoir citer les suivants: J. E. B ergbom (1796— 1869), qui a dirigé, en qualité de président
de plusieurs comités législatifs, l’élaboration d’un grand nombre de propositions à la diète; E.- vo n K nor-
ring (1812— 1874), un temps aussi procureur; J. D. D a h l (1816— 1892), eriminaliste éminent; A . B runoü
(1821— 1887), sénateur depuis 1872, ayant pris part auparavant à de nombreux travaux législatifs, un des
plus habiles jurisconsultes et des hommes d’État les plus clairvoyants que la Finlande ait produits, indépendant
dans ses vues, ferme de caractère; C. G. E hrstrôm (1822— 1886), dont le nom est honorablement
lié à la réforme du code pénal. — Dans le département administratif, le poste de vice-président a été rempli
avec énergie et dignité pendant vingt-quatre ans par N ordenstam (voir plus haut, pp. 101 et 109). C. O .
C ronstedt (1800— 1883), sénateur de 1845 à 1870, unissait à l’expérience ■
de l’ancien régime un esprit ouvert aux nécessités du temps présent. B. Fe-
d e r l e y administra avec une compétence reconnue les affaires camérales de
1857 à 1862. Il sera question au chapitre suivant des actes de Snellman et
de Langenskiôld comme chefs des finances. S. H. A n t ell (1810— 1874)
apporta à la direction de la section de l’intérieur un talent et une souplesse
exercés dans un grand nombre de missions diverses. H. V. F uruhjelm
(1810— 1872), chef de la section des cultes de 1857 à 1868, dirigea l’élaboration
définitive de l’organisation de l’instruction primaire. F. O. a f B runér
(1807— 1874), pendant dix-sept ans membre du Comité des affaires finlandaises
à Saint-Pétersbourg, y devint le collaborateur assidu du comte A-
Armfelt. R . von T r a p p (1802— 1875), versé dans les détails des affaires
financières, fut chef des finances après Snellman. K. F uruhjelm, chef de c G Ehrstrôm
la section des affaires militaires de 1862 à 1882, dirigea les mesures administratives
pour l’organisation du service obligatoire. O. N orrmén (1822— 1889), qui succéda à von Born
comme chef de l’agriculture en 1873, a dirigé avec habileté l’administration des chemins de fer de l’État,
et a énergiquement contribué aux mesures destinées à favoriser le dévéloppement de l’agriculture.
Le Sénat a été recruté, en général, dans les rangs des hauts fonctionnaires civils, exceptionnellement
parmi les hommes de science; Mais en 1882, trois hommes furent nommés presque en même temps en
raison de la part qu’ils avaient prise à la vie publique comme représentants à la diète; c’étaient L. M e -
chelin et G. Z. F orsman (qui, plus tard, ayant été anobli, prit le nom de YrjÔ-Koskinen) au département
administratif, et R . Montgomery comme procureur. On attribua, non sans raison, une certaine signification
politique à ces nominations. Mechelin donna sa démission en juin 1890; Montgomery quitta aussi, peu
après, la place qu’il avait alors dans le Comité finlandais de Saint-Pétersbourg. Le procureur A. v o n
W eissen ber g se retira également la même année. — Ceux des sénateurs actuels qui ont occupé leurs
postes le plus longtemps, sont le baron J. P h . P almén (né en 1811), vice-président du département de
la justice, sénateur depuis 1867, èt le baron H. Molan d er (né en 1817), chef des finances, membre du
Sénat depuis 1869.
La question de l’égalité des deux langues nationales dans les relations officielles, dont nous avons
raconté les origines, a été résolue dans l’intervalle par des ordonnancés administratives qui donnent pleine
satisfaction aux réclamations émises dans l’intérêt de la langue finnoise. La majorité du Sénat, s appuyant
_Sjir des considérations de droit et de principes, avait demandé la remise: de la question à l’examen
de la diète-. Mais elle fut décidée administrativement, conformément à l’opinion de la minorité, appuyée
par le gouverneur général. — La réforme s’accomplira dans. son application pratique à mesure que les
anciens fonctionnaires -seront remplacés par de plus jeunes, car la loi exigé maintenant que ceux-ci sachent
les deux langues. Le sentiment de solidarité entre les classes cultivées et le peuple, sentiment fondé,
du reste, sur la nature même des conditions sociales en Finlande,, s’est encore fortifié depuis que les
gens cultivés se sont donné la tâche d’apprendre à se- servir des deux langues nationales. La question
a aussi une assez grande importance politique dans un pays où l’union nationale est une nécessité vitale,
et oî 1 des luttes de parti sur le terrain délicat de la différence des langues auraient pu conduire à une scis-
1 sion néfaste. Dans ces derniers temps, des circonstances venues du dehors ont contribué à généraliser
la Conviction qu’une coopération fraternelle doit exister entre les deux éléments dont se compose la
nation finlandaise, et que les inconvénients du dualisme de langue sont bien moindres que ne serait le
■ danger d’une rupture avec les traditions de la culture nationale.
Les opinions et les sentiments à l’égard de la Russie et des Russes ont varié. Les craintes qui
existèrent d’abord dans le public après 1809, furent bientôt dissipées par les déclarations réitérées d’Alexandre
1er, et l’on vit bien que la direction imprimée au gouvernement‘ était conforme à ces déclarations.
Cet état de choses ne souleva pas d’opposition de la part de l’opinion en Russie. Et la sécurité dont
on jouissait contre les dangers de guerre, toujours menaçants autrefois, contribuait beaucoup à disposer
les esprits favorablement pour le nouveau régime. Il n’y avait donc pas d’obstacle à 1 établissement de
relations amicales entre Russes et Finlandais. Toutefois, la stagnation de la vie publique qui marqua la
période suivante, fit naître un sentiment de découragement, naturellement peu favorable à un rapprochement
entre les deux peuples. Mais il en'fut tout autrement lorsque, en 1863, la nation finlandaise eut
recouvré la certitude que ses lois fondamentales seraient appliquées dans toute leur portée et lorsqu elle
eut reçu de la bouche même de l’Empereur l’assurance que la politique de l’Empire ne s’opposerait plus
à la pratique, dans le Grand-Duché, des principes de la monarchie constitutionnelle. Alors l’union avec
la Russie apparut sous un jour plus favorable, ce qui imprima un cachet de bienveillance mutuelle aux
relations personnelles entre Finlandais et Russes. Et ces relations, étaient devenues plus actives et plus
fréquentes depuis que l’améhoration du régime commercial favorisa les échanges, et surtout depuis que
la construction du chemin de fer de Saint-Pétersbourg avait facilité les communications.
Cette disposition favorable des esprits n’a malheureusement pas pu s’affermir. Depuis une dizaine
d’années la position de la Finlande au point de vue du droit publie a été l’objet d’attaques constantes
de la part de la presse russe. Des attaques semblables s’étaient produites auparavant, mais isolément,
et n’avaient pas éveillé d’écho dans le public russe. Dans ces dernières années, c est une véritable
campagne, acharnée, haineuse, que certains journaux russes ont menée contre les institutions de la
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