a38 ______________________ VII. LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE.
Citons parmi les anciens dont le travail a embrassé un vaste champ: C . A . G o tt lun d, déjà nommé,
J. A. L indström et D. E. D. E uropæ u s . Chacun d’eux a'publié plusieurs travaux, soit de linguistique,
soit de philologie et d’histoire, où l ’excellent est toujours mêlé à beaucoup d’idées purement fantaisistes.
Il faut compter parmi les titres d’Europæus un assez bon dictionnaire suédois finnois- (1853); :i travailla
aussi à rassembler les runes épiques: c’est à lui qu on doit la plus belle contribution à là seconde rédaction
du Kalevala, les runes de Kullervo.
Les jeunes avaient appris à -concentrer leurs recherches dans de justes limites. Leur attention se
porta surtout sur l’étude des dialectes finnois en Finlande et au dehors. Depuis que T o rsten A minoff
(1838— 1881) étudia en 1866 le dialecte du sud de POstrobothnie, sur lequel il publia un excellent tra-
vail, les recherches dialectiques se succédèrent rapidement. Il faut citer les travaux que publia sur le
carélien russe et le dialecte d’Olonetz A . G enetz (né en 1848, professeur dé langue et de littérature finnoise
en 1891, de linguistique finno-ougrienne en 1893), le travail de V . P o r k k a sur le dialecte ingrien, de
O. A. F. L önnbohm sur le dialecte de Jääskis, l’étude 'syntaxique de E. N. S e t ä l ä sur la langue populaire
du nord-est du Satakunta. Presque tous ces travaux ont paru dans la revue -Suomi, publiée par
la Société de littérature finnoise. La même Société a commencé la publication des anciens monuments
de la langue finnoise (Monumenta linguoe fennicoe, Suomen kielen muistomerkkejä), dont a paru le premier
volume, rédigé par E. Nr Setälä et le Suédois K. B. Wiklund,
L ’étude de la formation des sous du finnois gavait déjà: été abordée par Ma th ia s A kian d er dans
son travail intitulé Essai sur la formation des sons de la langue finnoise (1846); plus tard elle a été poursuivie
avec plus de succès par A. Genetz dans un mémoire, Lautphysiologische Einführung in das Studium
der westfinnischen Sprachen, 1877. Le même auteur emploie.une méthode phonétique pour l’èxplication
des phénomènes du lan g ag e dans son Versuch einer karelischen Lautlehre. G. A . A v e l la n ( 1785_
^591 publia plusieurs études sur la syntaxe finnoise. Les manuels de syntaxe de Y r j ô K o s k in en . A . G .
C o r a n d e r , A. W. J a h n s so n et|ÎJ N. Setälä sont en grande partie fondés sur des recherches person
nelles. Le plus important des manuels de phonologie et de morphologie parus depuis celui d’Eurén. a
pour auteur A. Genetz.
Pour les travaux relatifs aux langues qui tiennent de moins près au finnois nous renvoyons à ce
qui a été dit à propos de la Société Finno-Ougrienne; nous nous bornerons à rappeler ic i les textes
tchérémisses de A. Genetz et son vocabulaire du lapon de Kola, la phonologie et les textes morduins
de H. P aaso nen et les textes votiaks de Y . W ichmann.
Le nombre des travaux de linguistique comparée et de linguistique historique est relativement petit.
Un des plus anciens 'est une publication de O s k a k B lomstküt (1833 18/1. agrégé de finnoisf| de
hongrois en 1869), intitulée Ualotti haszéd (le plus ancien monument de la langue hongroise) et rcchcr-
ches comparatives sur le hongrois, le finnois et le lapon, faites à cette occasion (1869, en finnois). Dans
son ouvrage, Vergleichendes Wörterbuch der .finnisch-ugrischen Sprachen, dont il a paru trois fascicules
(1874— 1888), O t t o D onner (né en 1835. professeur de sanscrit et de philologie comparée en 1875) rapproche
les vocabulaires des langues finno-ougriennes et cherche à déterminer les «mots racine» primitifs.
Le même auteur a exposé son opinion sur la .parenté des langues finno-ougriennes dans1 un travail intitulé
Die gegenseitige Verwandtschaft der finnisch-ugrischen Sprachen. Il a aussi publié un aperçu de l’his-
toire de 1 étude des langues finno-ougriennes, et plusieurs, écrits de moindre étendue. E. N. S e t äl ä
(voir p. 205) a tenté d’étudier d’après de nouvelles méthodes la formation des: temps et des modes dans
les langues finno-ougriennes (Zur Geschichte der Tempus- und Modusstammbildung in den finnisch-ugrischen
sprachen, 1887). Dans un ouvrage intitulé Phonologie historique des langues finnoises (en finnois!
il s est proposé de faire l’histoire du développement des sons dans les langues finnoises de l’ouest, depuis
l’époque où ces langues formaient un seul idiome, jusqu’à nos jours. Il a publié encore Contributions
à l histoire de l étude des langues finno-ougriennes (en finnois).
On a poursuivi dans ces dernières années avec un zèle toujours plus grand la tâche de recueillir,
de publier et d’étudier les poésies populaires finnoises: la Société de littérature,finnoise a été dès le
commencement le foyer central de ce travail. Elle a envoyé à diverses reprises des explorateurs chargés
de noter les poésies du peuple en différents endroits; dans ces derniers temps, toute la nation finlandaise,
pour ainsi dire, s’est associée à ce travail: à chaque séance de la Société on annonce des collections
cle poésies:-populaires recueillies par .des personnes appartenant’ aux conditions les plus diverses:
prêtres, forgerons, instituteurs primaires, tailleurs dej pierres, écoliers, paysans.
Parmi les nombreuses publications de ce genre que la Société prépare, les Contes populaires finnois
(en finnois), (rédigés par K a a r l e K rohn, ont commencé de paraître; cet ouvrage est une édition faite en
vue de l’étude scientifique, tandis que la collection de légendes et de contes finnois publiée de 1852 à
1866 par E ero S almelainen (E rik R u db eck ) était destinée au grand public. Il a paru deux fascicules
des Mélodies populaires finnoises (en finnois), et M. V aronen a publié deux volumes à?Anciennes pratiques
magiques du peuple finnois (en finnois).
Citons parmi les études Sur la poésie populaire deux mémoires de O. Donner: Kalevipoeg (1866)
et Der Mythus von Sqmpo (1871). L ’auteur s’y rattache à une opinion très générale à cette époque et
qui veut expliquer les contes populaires comme provenant en partie d’une conception poétique de certains
phénomènes de la nature. E lie l A spelin (né en 1847, professeur chargé de cours d’esthétique en
1892) se place au même point de vue dans un ouvrage très riche d’idées, Études sur le Kalevala (1882,
en finnois); il a puisé à la source des collections originales de runes et ne s’est pas borné à l’édition
imprimée du Kalevala. K a a r l e K rohn (né en 1863, agrégé de folklore en 1888) a appliqué la méthode
de son père^ulius Krohn, à l’étude des contes populaires. La première partie de ses Recherches sur
les contes populaires finnois (en finnois et en allemand) traite des contes où les personnages sont des
animaux. La première partie de la Mythologie finnoise de Julius Krohn, achevée par Kaarle Krohn, est
actuellement sous presse.
Dans nôtre pays, l’étude scientifique des langues et du folklore finnois, a puisé dès l’abord, et plus
tôt qu’ailleurs, à la source vivante, le peuple lui-même. Ne possédant pas d’anciens monuments écrits,
nous ne pouvions guère être tentés de nous livrer à des études en chambre; aussi les savants de cabinet
ont-ils été très peu nombreux chez nous. Il a fallu recueillir sur les lèvres du peuple les matériaux de
l’histoire de la langue et de la littérature populaire finnoises. ' Cette absence de sources anciennes, tout
en rendant le travail plus difficile, l’a dirigé dans la voie vraie et naturelle. C’est sur ce terrain de la
philologie finnoise que la science finlandaise a accompli son oeuvre la plus originale et la plus indépendante;
les résultats déjà atteints nous autorisent à espérer dans l’avenir une moisson féconde pour la
science nationale et internationale.
E. N. S e t â l â .
B. La philologie suédoise. La philologie suédoise en Finlande est naturellement en connexion
intime avec celle de la Suède. Au 17e et au 18e siècle, il fut publié dans ce dernier pays un grand
nombre de travaux importants ayant pour objet la langue et la littérature anciennes. Ces travaux, éditions
des contes islandais, des lois provinciales et d’autres écrits du moyen âge, études sur les rimes et
les grands glossaires,; étaient également connus et étudiés en Finlande, mais on ne s’y livra pas à des
recherches indépendantes.
Nous trouvons la première étude d’un dialecte populaire suédois en Finlande dans un travail du
pasteur A. J. H ipping, publié en 1846 sous le titre de Le dialecte suédois du Nyland. Le but en est
plutôt historique que linguistique. L ’auteur veut prouver que la côte sud et ouest de la Finlande a été
habitée de temps immémorial par une population Scandinave. Il y réfute avec raison l’opinion d’une influence
-considérable du finnois sur le dialecte nylandais, et montre que ce dialecte révèle à bien des
égards une origine très ancienne; il est moins heureux dans sa tentative de déterminer le degré de parenté,
du nylandais avec des dialectes de la Suède.
Ce fut A x e l O lo f F reudenthal (né en 1836) qui inaugura en Finlande une étude vraiment scientifique
du suédois. Son premier travail important traitait de la littérature islandaise, sujet qui lui est