IV. ÉCONOMIE N AT ION A LE .
vastes et qu’on ne les diminuait pas trop au profit de l’avoine, on pouvait donner
aux champs un fumage à peu près suffisant. Ces terres-là n’étaient pas rares. Si
elles avaient en outre sous leur dépendance des métairies («torp») fournissant un
grand nombre de journées d’ouvrier, la propriété pouvait prospérer et le propriétaire
s’enrichir. Mais autrement la terre, affaiblie, diminuait peu à peu de valeur.
Il en était de même des petits biens.
Le gouvernement n’avait pas d’abord fait entrer dans sa sphère d’action l’amélioration
de l’agriculture. Mais une association semi-officielle, la Société finlandaise
d’économie domestique, y donna bientôt ses soins. Fondée le I er novembre 1797
par des citoyens éminents, l’oeuvre de cette société a été multiple et fructueuse. 3. Gripehberg.
Son premier acte important au point de vue agricole fut la propagation de la pomme
de terre. L ’Empereur Alexandre 1er s’en déclara le protecteur après 1809. Elle reçut des particuliers à
diverses reprises de riches donations. Ce fut sur son initiative qu’une ordonnance Impériale du 24 août
1836 institua un Institut agronomique. La grande terre de Mustiala, un domaine de 6,000 hectares, fut
assignée à la nouvelle école. C’était le commencement d’une ère nouvelle, où la science allait conduire
l’agriculture dans la voie du progrès. De 1838 à 1847, l'Institut fut dirigé par S. G ripen berg (1795— I
1869, sénateur en 1861), qui fit preuve d’une prévoyance
remarquable, surtout en ce qui concerne l’amélioration
des races laitières.
L ’École de Mustiala et la Société d’économie domestique
furent des foyers d’impulsions nouvelles^v- Ainsi,
ce fut cellè-ci qui organisa les expositions agricoles,
dont la première eut lieu en 1847. Un certain nombre
de propriétaires avaient étudié l’agronomie à l’étranger
et introduisirent de nouveaux modes de culture sur
leurs terres. Dès avant 1860, des méthodes rationnelles
de culture par assolements étaient en usage dans beaucoup
de grands domaines. Citons parmi les premiers
qui suivirent cette voie: W. B a e c k m a n (né en 1818),
V a c h e d e S ip p o l a , t y p e A y r e s h i r e . . --
sur le domaine de Harjus, gouvernement de Viborg;
A. v o n D a e h n ( 18 2 3— 189 4 ), qub dans son grand domaine de Sippola (gouvernement de Viborg), a créé
une des plus belles races de bestiaux, type Ayreshire; Ju l iu s F r e y , terre de Kaislaks, près de Viborg;
C. W e t t e r h o f f , terre de Hongola, gouvernement de Tavastehus; le comte A u g . A r m f e l t (18 26— 189 4 ),
Viurila, gouvernement d’Àbo (voir la gravure p. 2 5 ) ; G. J. S i l f v e r s v a n ( 18 1 9— 18 8 7 ) , qui en transformant la
culture de la terre de Vestankârr, gouvernement d’Àbo, a montré que la mise en pratique de méthodes rationnelles
conduit à l’aisance, non à la ruine; P. Ô s t r in g
( 1 8 1 9 — 18 7 2 ), qui, après avoir dirigé la transformation
de la culture du domaine du baron Munck, Erkkylà,
gouvernement de Tavastehus; publia ensuite des ouvrages
sur l’agronomie.
Au cinquième congrès agricole, qui se réunit à Fred-
rikshamn en 1860 et qui fut très fréquenté, la Vivacité
des discussions témoigna de l’intérêt qu’on accordait
dès lors aux questions d’économie agricole; ce congrès
eut en outre une importance particulière en ce qu’on
y discuta un projet d'organisation du crédit agricole.
Bientôt après fut fondée la Société hypothécaire
(voir plus haut, p. 138). Les prêts furent très demandés, T a u r e a u d e S ip p o l a , t y p e A y r e s h i r e .
mais les .années de disette survinrent et les cultivateurs eurent peine à soutenir
leur crédit. Or. a souvent rendu l’agriculture rationnelle responsable des mé-
.comptés. Et il est incontestable que maint agriculteur subit des pertes à la suite
du zèle avec lequel il avait transformé ses méthodes, car ce zèle n’était pas toujours
appuyé par des 'connaissances suffisantes. Il est évident du reste que les
doctrines agronomiques doivent être modifiées par rapport au climat de ce pays
et qu’on ne pouvait arriver à; une juste application des méthodes nouvelles sans
faire quelques faux-pas et sans avoir à payer l'expérience, acquise.
Les paysans hésitèrent d'abord à changer leur mode de culture. «Où
prendra to n de quoi faire du pain, disaient ils, si l’on cultive de l’herbe- dans son
champ?» Peu à peu cependant les nouvelles idées gagnèrent du terrain. On G j silfversvan.
établit, dès 1858, des écoles agricoles à 1 usage des gens du peuple dans différentes
parties du pays et elles' répandirent les éléments d'une agriculture rationnelle. Un des premiers
instituteurs agricoles fut. A. M a n n în e n (183.-- r866;, lu: même 1:1s ce paysan du Savolaks. Il exposa .
avec ¿ne grande clarté dans des écrits populaires l'importance des connaissances théoriques pour le
cultivateur. Le gouvernement nomma, des agronomes d'État et des agronomes provinciaux qui reçurent
pour mission de fournir aux agriculteurs des informations et des conseils. L ’exemple des grands domaines
bien soignés eut aussi son influence. Et la disette même de 1867 ne montra que trop clairement le
danger de me cultiver que les céréales. La nécessité où on se trouva d'acheter des grains au dehors,
puisque le gel avait détruit la récolte, provoqua une augmentation subite de l’ex-
portation du beurre. Ainsi fut confirmé le principe soutenu par les amis de la
réforme: la vacherie est une source sure de revenus alors même que la récolte
des céréales manque; il est par conséquent d'une bonne administration d’augmenter
par la culture la récolte des fourrages, d’où dépend le produit de la laiterie.
L ’économie agricole en Finlande n’a : pas cessé dès. lors de marcher dans
cette voie. Les sociétés ¿agriculture .ont puissamment contribué au progrès. La
Société d'économie domestique ne pouvait: suffire aux. besoins du pays tout entier,
ni s'occuper spécialement des détails des affaires agricoles. Dès 1828 il se fonda
à Ule4b.org une société particulière d'économie domestique, puis, en 1847, une
■ société d’agriculture du gouvernement de Viborg. La société agricole des gou-
vernements de Nyland et de Tavastehus date de 1856, celle de S:t Michel, de 1858, celle de Kuopio, de
l86i celle du Satakunta, de 1862, celle de Vasa, de 1863. Organisées en sociétés privées, ces associations
ont pourtant exercé une part d'action dans la vie publique, en soutenant le gouvernement dans ses
efforts pour le bien de l’agriculture. En effet, les directions de ces sociétés ont été Chargées de la surveillance
d’une partie des écoles d’agriculture et de toutes les écoles de laiterie instituées en grand
nombre depuis 1860; elles ont rempli divers mandats qui leur ont été confiés par le gouvernement, et
ont été consultées relativement à un grand nombre de questions concernant l'agr,culture. Quant à
l’action propre de ces ■ associations, elle a eu princi- ■
paiement pour objet d’organiser des concours et des
expositions agricoles, d’envoyer des vachères régionales,
des jardiniers et des instructeurs d’arts manuels
pour instruire et conseiller les cultivateurs. Les sociétés
agricoles sont subventionnées par l’État, à raison
d’environ 8,000 marcs par an et par gouvernement. —
Dans quelques endroits il s’est formé en outre des
associations de cultivateurs d’un caractère tout local.
Il a fallu de grands efforts pour amener l’industrie
laitière à un niveau un peu élevé. La race bovine L a t e r r e s e i g n e u r i a l e d ’E r k k y l à .