mettre en mouvement une scierie. Le paysan est tout étonné de se trouver en possession de richesses
inattendues; il vend ses arbres au quart du prix, ou bien il vend sa ferme, qui, bientôt déboisée, perd
toute valeur. La cognée du bûcheron travaille tout l’hiver, il faut qu’à la fonte des glaces, les troncs
soient réunis dans les cours d’eau. On rase complètement la forêt, mûre ou non: c’est plus commode;
et les bois de petite dimension peuvent toujours être vendus comme traverses, étais de mine, etc. ; C ’est
alors que commence le travail pénible, souvent très dangereux, du flotteur sur ces troncs roulants,
mouillés, glissants. Ces billes,
descendant isolément les fleuves
et les rapides, sont réunies
dans les lacs en immenses radeaux,
que des bateaux à vapeur
remorquent vers les scieries.
Le flotteur habite pendant
des mois la hutte qu’il
s’est bâtie sur le radeau. Parfois
celui-ci est disloqué par
la tempête ou bien les troncs
sont arrêtés par les roches des
rapides; alors il faut rassembler
de nouveau les billes égarées;
cependant plus d’une enfonce
et devient un écueil pour la
navigation. Les propriétaires
riverains protestent, les pêcheurs
se plaignent, les voies
navigables sont obstruées, les
eaux sont souillées de détritus
d’écorce. La législation â
essayé, pas toujours avec succès,
de concilier ces intérêts
opposés.
Enfin, après un voyage
qui dure souvent plusieurs
années, les troncs sont arrivés
à la scierie. Le pin centenaire
est débité, en planches, que
des navires emportent vers
l’Europe occidentale et la Méditerranée.
Kotka est en fête
- quand le premier million des
F o u r a g o u d r o n , c r o q u is d e A . G a l l é n .
troncs de l’année est complet;
mais les dimensions des billes diminuent avec le déboisement. L’industrie manufacturière s’empare d’une
partie du bois pour le transformer en pâte de papier et en divers autres articles.
Le goudron de Finlande est expédié en Allemagne, en Angleterre et dans l’Europe méridionale.
Il se fabrique maintenant dans des fours construits à cet usage. Mais les vieux procédés, qui mettent
trois ans à transformer le bois en goudron, sont encore usités. Voici en quoi ils consistent. Le premier
été on enlève une étroite bande de l’écorce de l’arbre. La résine suinte. L ’été suivant on ôte presque
toute l’écorce, n’en laissant que ce qu’il faut pour que l’arbre ne meure pas. Puis, quand l’hiver vient,
D é f r i c h e u r s
d’après un tableau de E. Jâ r n e f e l t .