une piste elliptique longue d’un kilomètre; le vainqueur est salué par les hourras de la foule qui se
presse le long de la piste. Les trotteurs finlandais, réputés pour leur endurance, ont dépassé ce qu’on
attendait d’eux en vitesse. Le plus haut record de trotteur connu est de i minute 17 secondes au
kilomètre. Le meilleur record de trotteur finlandais est de 1
m. 42 s.; mais ce dernier chiffre est une moyenne et a été
obtenu sur une distance totale double du premier.
Les nombreuses régates ont pour but, les unes simplement
un exercice de sport, les autres, de favoriser les progrès- dans
la construction des barques de pêcheurs; c’est une occasion de
rassemblements très goûtée des populations de la côte et des
îles. Les yacht-clubs s’adressent des défis et se disputent la
coupe d’honneur. Les courses à la rame et en canot à pagaye
intéressent un public plus nombreux d’année en année.
La gymnastique est enseignée dans toutes les écoles et
aux élèves de tout âge; Les nombreuses sociétés de gymnastique
d’hommes et de femmes savent intéresser le public à leurs
Trotteur finlandais. progrès par des exhibitions périodiques. La jeunesse des
écoles s’exerce , à la natation. Il y a des sociétés de véloeipé-
distes. Le canot à pagaye a de nombreux amateurs. L ’armée et les sociétés cynégétiques organisent
des tirs. Il y a toujours eu dans le peuple des chasseurs de profession, dont la balle manque rarement
le but.
En dehors du sport proprement dit, les glissades en petits- traîneaux,, la balançoire, les jeux de
paume et de disque sont des plaisirs très goûtés du peuple. Les glissades surtout sont aimées des
enfants; outre les pentes naturelles favorables à cet exercice et qu’on trouve partout, on a oemmenc|
dans les villes, ces dernières années, à en établir d’artificielles, les montagnes russes. Une autre forme
du même jeu consiste à attacher le traîneau au bout d’une longue perche horizontale, fixée par son autre
extrémité à un pieu planté dans la glace; une fois l’impulsion donnée, le traîneau est entraîné dans un
cercle avec une rapidité vertigineuse. La balançoire et l’escarpolette font les délices de la jeunesse villageoise,
les soirs d’été. Les écoliers jouent à divers jeux de paume; les jeunes paysans, divisés en deux. -
partis, se livrent avec passion, le long des grandes routes, à une sorte de jeu de disque. Le jeu de
quilles n est guère pratiqué par le peuple; on y joue surtout dans les villes et dans les châteaux, où
ont pénétré aussi les jeux plus modernes de croquet, de lawn-tennis, etc.
Un des grands plaisirs de la jeunesse de tous pays, c’est la danse. En Finlande il ne reste que
-peu de danses populaires, mais les airs de danse originaux et les variations originales de motifs connus
sont nombreux. Les danses des messieurs de la ville tendent à remplacer peu à peu les vieilles danses
nationales, plus simples. Mais on trouve en grand'nombre des rondes et des jeux populaires, qui se dansent
et se jouent à certaines époques, surtout à Noël.
Un plaisir original des campagnes finlandaises^ ce sont les talkkoo. . On appelle ainsi des espèces de
corvées volontaires qu’on s’impose pour aider à un voisin, lequèl, en retour, vous régale et vous amuse.
Ainsi, il faudrait moissonner un champ,, rentrer le foin, enceindre un terrain, hâter la pêche, faire le
trousseau d’une mariée, mais, on n’a p as . le nombre de travailleurs nécessaire: autant d’occasions de
talkkoo. On invite les voisins et les amis, qui viennent, travailler de bon coeur, après quoi on les régale
selon ses. moyens. De eètte façon. l’ôuVrâge de plusieurs jours est expédié en quelques heures, et la
gaîté, la cordialité, le bon voisinage qui caractérisent ces réunions en font un dés plus jolis épisodes de
la vie du peuple dans les campagnes finlandaises.
Le Finnois aime la musique, même la musique gaie, Comme le témoignent assez lès joyeuses mélodies
qu’onl entend partout exécuter sur l’accordéon et le violon par des musiciens rustiques. Il n’en est pas
moins vrai que le plus souvent la chanson populaire a emprunté au paysage finlandais son caractère un
peu mélancolique. A défaut de chansons, on chante les psaumes monotones de l’Église, qui à leur tour
trouvent un écho dans les chants populaires religieux.
Les vieux chants runiques du mythe finnois étaient chantés par deux chanteurs, qui, assis vis-à-vis
l’un -de l’autre, se tenaient par les mains : l’un répétait la strophe chantée, pendant que l’autre préparait
la suivante. Les chanteurs modernes, si bien vus dans toutes les fêtes populaires de la Finlande orientale,
improvisent avec ou sans accompagnement du kantele, l’instrument national, sorte de cithare, leurs chansons
souvent satiriques, aux applaudissements d’un cercle compact d’admirateurs. Les sujets en sont
généralement empruntés à la vie du peuple; mais ils s’élèvent quelquefois à une véritable inspiration
patriotique. Les Finnois font un très grand usage de proverbes. Ils aiment aussi à proposer des énigmes;
le soir, à la lueur du foyer, jeunes et vieux s’ingénient à deviner le mot. Si l’un des assistants a manqué
à deviner un certain nombre d’énigmes, on le condamne, au milieu des rires et des quolibets, au bannissement
en un lieu mystérieux,- appelé Hymylâ, où fout est-sens dessus dessous et se fait à rebours, où
le bois ; coupe la hache, la marmite fait cuire la ménagère, etc., toutes choses dont il devra rendre compte
à ¿son retour.
L’étranger ne devinerait pas la bonne gaîté naturelle qui se cache sous l’aspect un peu maussade
du Finnois, et à laquelle il donne cours, lorsque, libre de soucis, il peut être tout à fait lui-même. Si
le poids à. porter est lourd, la réaction est d’autant plus sensible, Cette nature si sévère du nord a son
printemps, court, mais charmant. L ’homme du nord ne peut pas s’abandonner entièrement aux impressions
gaies; il y a toujours du sérieux dans son sourire; mais cela même dénote une nature plus profonde
que la gaîté légère, oublieuse de la veille, insouciante du lendemain.
Z . T o p e l i u s .