jusqu’alors, fut placé dans des conditions pécuniaires convenables et fut augmenté. Dans le programme
de l’enseignement, on conservait aux langues classiques, surtout au latin, une position dominante, mais
on faisait une plus large place aux connaissances exactes. Le suédois continua d’être la langue d’enseignement,
sauf -que dans le gouvernement de Viborg quelques branches devaient être enseignées en
russe; l’étudè du russe était du reste, comme depuis 1812, obligatoire dans toutes les écoles.
Pour la première fois la loi scolaire finlandaise statuait que le programme de l’enseignement secondaire
comprendrait l’étude de la langue finnoise. Les temps étaient changés; on ne pouvait plus considérer
le finnois comme un patois parlé par le peuple; il avait été 1 objet dune étude scientifique, il était
l’organe de toute une poésie .populaire originale; enfin une littérature finnoise se créait peu à peu. En
1857 fut décrétée l’ouverture à Jyvâskylâ de la première école élémentaire supérieure de langue finnoise;
augmentée successivement de classes de gymnase, elle envoya à Helsingfors, en 1865, les premiers élèves
qui subirent en finnois l’examen d’admission à l’Université.
La réforme de 1841 s’étendit aussi à l’instruction des femmes. Jusque-là l’instruction des jeunes
filles avait été exclusivement l’affaire des familles; pour la première fois l’État s’en occupait en décrétant
rétablissement d’écoles supérieures de jeunes filles à Helsingfors et à Âbo, et la transformation de l’école
allemande qui existait depuis longtemps
à Viborg, en une école de
langue suédoise. La portée d’un
pareil progrès s’étendait bien au
delà de la sphère propre, de ces
écoles. ’ Car, bien que l’éducation
de la majorité des jeunes filles
ait continué encore longtemps à
se fairë dans la famille ou dans
des établissements particuliers du
pays ou de l’étranger, les écoles
publiques contribuèrent essentiellement
à fixer les exigences générales
pour l’instruction secondaire
des femmes.
T , . , . , . . u - . . Une autre réforme introduite L e l y c e e n o rm a l s u é d o i s , a H e l s in g f o r s .
par la nouvelle organisation scolaire
fut la bifurcation^e l’enseignement, à partir de la quatrième classe, en deux lignes, l’une, classique,;
conduisant aux carrières libérales, l’autre pour les jeunes gens qui se destinaient à d’autres carrières et
où l’étude des langues anciennes était remplacée généralement par celle des langues modernes et du.dessin.
Le besoin d’un développement ultérieur, surtout de l’enseignement professionnel, amena les réformes
partielles statuées par la loi scolaire de 1856, mais qui ne furent pas de longue durée. De nouveaux
problèmes s’étaient imposés.
L ’augmentation successive des matières d’enseignement pouvait facilement conduire à un fâcheux
éparpillement de forces et à des discordances fâcheuses, si l’on n’apportait tous ses soins à l’amélioration
des méthodes pédagogiques. Il ne suffisait pas que le professeur possédât les connaissances théoriques
dans sa branche; il fallait encore qu’il fût formé à l’enseignement, et cela ne pouvait se faire que sous
une direction et dans une institution spéciales. C’est pour répondre à ce. besoin que fut fondé à Helsingfors,
en 1864, un «lycée normal», qui devait être une école centrale pour la formation des professeurs
de l'enseignement secondaire. Cette école est placée sous la surveillance du professeur de pédagogie
et de didactique à l'Université; le candidat au professorat, après avoir subi ses examens universitaires,
y est admis en qualité d’«auditeur» pour une année, qu’il consacre à des exercices pratiques et à des
leçons d’épreuve sous la direction et la critique des quatre «professeurs supérieurs» du lycée. — Le lycée
normal forme un établissement •secondaire complet, comprenant les classes élémentaires et les classes
de gymnase. L ’enseignement y fut fait d’abord en suédois et en finnois dans des classes parallèles; en
1873 les classés finnoises furent transférées à TavastehuS, mais, ramenées à Helsingfors en 1887, elles y
forment dès lo r s un lycée normal séparé. .
De tout temps, l’enseignement en Finlande avait été sous la direction de l’Église; depuis la Réformation,
il était resté dépendant dès chapitres. Cependant le besoin d’une administration scolaire spéciale
devenait de plus en plus sensible.-La diètë consentit à la- séparation de l’École et de l’Église. Une loi
de 1869 institua une Direction supérieure des écoles. Organisée définitivement en 1874, cette Direction
a pour chef depuis lors L. L i n d e l ô f , auparavant professeur .de mathématiques à l’Université.
Cette création fut le signal de réformes importantes et nombreuses. Une. loi scolaire de 1872 est
Conçue dans un esprit plus libéral que les précéd en tes et tient mieux compte de l’expérience acquise dans
le domaine pédagogique. Le lycée normal y est pris pour type des établissements d’enseignement secondaire,
lesquels devaient comprendre désormais des lycées préparant à l’enseignement supérieur et des
écoles «réales» destinées à continuer et à étendre les cours des ’ écoles primaires et à préparer à l’entrée
dans le s écoles spéciales. Les anciennes écoles élémenta ires et les anciens gymnases furent alors réunis
de façon à former des lycées à huit classes, en même temps qu’il en fut fondé de nouveaux. L ’hébreu
fut banni complètement des programmes du lycée, et la place acbôrdée jusque-là au latin et au grec fut
un peu -réduite en faveur des deux langues du paÿsp A Helsingfors on organisa en outre un lycée
«réal» où les langues anciennes étaient entièrement remplacées par les langues modernes. — Il y eut n
lycées complets, dont 8 suédois et 3 finnois; des 19 écoles réales, 10 avaient pour langue d’enseignement
le finnois. Le nombre des écoles de jeunes filles- fut augmenté de 3 nouvelles, toutes suédoises.
Malgré les progrès incontestables qu’elle consacrait, l’organisation de 1872 ne fut pas de longue
durée. La «question des langues» était devenue une question scolaire. Le but que les champions du
finnois s’effprçaient d’atteindre, c’était, la mise sur un pied d’égalité complète du finnois, la langue de la
o-rande majorité du peuple, et du suédois, l’ancienne ' langue de la civilisation du pays. Il fallait pour
cela un plus grand nombre d’établissements d’instruction accessibles aux enfants de familles exclusivement
finnoises. Il fallait créer de nouveaux lycées finnois. Il y avait, il est vrai, partout des écoles;
réales, mais leur programme n’était pas jugé satisfaisant, on les .considérait plutôt comme un obstacle à
la réalisation des aspirations finnoises, puisqu’elles -n’ouvraient pas l’accès aux études supérieures, à l’Université.
Un mouvement enthousiaste, mais revêtant souvent un caractère d’agitation, se déclara dans le
but d’amener la création de lycées .finnois par l’initiative privée. Ainsi, outre celui qui existait à Hèl-
singfors depuis 1871, non moins de six lycées classiques- particuliers de langue finnoise furent ouverts*
là plupart dans dès villes possédant déjà un lycée suédois.
Une foule de pétitions sur l'organisation Scolaire furent adressées à la diète de 1877— 78; la plupart
avaient en vue l’augmentation de la part faite au finnois. Les voeux exprimés furent l’objet d’un examen
attentif. Les états finirent par s’unir pour adresser au Monarque une pétition commune, où ils posaient
pour considérant principal que toute personne cultivée en Finlande devait connaître les deux langues.
C’est pourquoi ils demandaient que les programmes de l’enseignement secondaire fussent modifiés de
façon à permettre aux élèves des lycées suédois-d'acquérir une connaissance ap profondie du finnois, et
vice versa. Ils posaient en outre quelques principes -qui devaient régir la décision de là langue d enseignement
à adopter; ils demandaient qu’une subvention de l’État fût accordée aux lycées particuliers qui
répondaient à un besoin réel et que, l’entrée d’un lycée public ne devant être fermée à personne pour
cause d’indigence,. le nombre des places gratuites cessât d’être limité. Ils demandaient enfin la création
par l’État, dans certaines villes spécifiées, de lycées ayant le finnois pour langue d’enseignement.
Le gouvernement, prenant en considération cette pétition, procéda à des mesures de réorganisation,
qui furent appliquées dès 1883. Les écoles réales étaient supprimées; les lycées étaient divisés en classiques,
conservant dans leur programme l’enseignement du latin et du grec, et en «réaux», où ces branches
étaient remplacées par des langues modernes, en même temps qu’une place plus grande y était faite