réforme monétaire de 1865 apparaît comme un des points les plus lumineux de l’histoire économique
de la Finlande.
Fabián Langenskiôld était chef de la section des financés quand la réforme monétaire fut mise à
l’ordre du jour. Mais il mourut en 1863, c’est-à-dire deux ans avant sa réalisation. C’est à son successeur,
Johan Vilhelm Snellman, qu’il était réservé de la poursuivre, et il fallut toute sa ténacité et son
chaleureux patriotisme pour mener à bonne fin cette oeuvre capitale. Lui-même ne s’en attribuait pas
exclusivement le mérite et se plaisait à reconnaître la part qüe d’autres y avaient eue. Les hommes
d’État russes même qui eurent à se prononcer sur cette réforme, avaient fini par admettre qu’elle était
justifiée.
Depuis lors la Finlande a joui d’un système monétaire bien ordonné, fondé sur l’étalon métallique
comme unique monnaie légale. Mais des modifications se sont montrées nécessaires. Plusieurs des pays
avec lesquels la Finlande entretient les plus actives relations de commerce ont adopté l’or comme étalon.
La valeur de l’argent ayant subi depuis 1870 des fluctuations considérables, il en résultait des variations
de rapport entre la monnaie d’or de ces pays et la monnaie d’argent finlandaise. Pour parer à ces
inconvénients le gouvernement s’occupa de préparer l’adoption de l’étalon d’or en Finlande. La diète
fut saisie d’une proposition à ce sujet, et, le 9 août 1877, fut promulguée la loi monétaire actuellement
en vigueur. D’après cette loi le seul instrument légal d’échange est la monnaie métallique basée sur
l’or comme évaluateur; l’unité monétaire, le marc, est fixée au même poids d’or fin qu’en France et dans
les pays qui ont adopté le système monétaire français. L ’argent ne sert plus que de monnaie d’appoint.
La monnaie d’or, frappée en pièces de dix et de vingt marcs, n’est pas très employée dans* la circulation,
à laquelle suffisent les billets de la Banque de Finlande. — Une ordonnance de 1866 autorisait
également les banques privées, sous certaines restrictions, à émettre des billets. Mais cette autorisation,
dont il n’a jamais été fait grand usage, fut révoquée par une nouvelle loi de 1886 sur les banques privées.
La frappe des monnaies se fait depuis 1864 à la Monnaie de l’État, dont un habile ingénieur, A. F.
S o l d á n , a été directeur pendant plus de vingt ans.
2. Les banques. Le premier établissement de crédit en Finlande fut une caisse d’escompte
effectuant des prêts sur lettres de change, actions ou caution. Fondée à Àbo en 1803, au capital de
150,000 riksdales banco, elle ne dura que jusqu’à la guerre de 1808.
Trois ans plus tard, le 12 décembre 1811, fut promulgué le règlement du «Comptoir de change,
de prêts et de dépôts», devenu depuis; la Banque de Finlande. Selon le règlement, la Banque, placée
à Abo, devait être dotée d’un capital d’un million de roubles argent ou de deux millions de roubles en
assignats, mais elle n’en reçut que la moitié, et cela même successivement dans l’espace de, cinq ans.
Le premier objet de la Banque était de fdurnir des prêts aux personnes qui avaient des obligations
pécuniaires à acquitter en Suède. Elle prêtait sur hypothèque de propriétés foncières, de fabriques et
d’usines, mais aussi sur caution. Le programme de l’établissement portait aussi l’émission de billets,
mais pour un faible montant. En effet les billets ne devaient être que de basse valeur, de 20, de 50,
de 75 kopecks, de 1, 2 et 4 roubles banco. Cette émission atteignit son maximum de 2,139,000 roubles
en 1821, descendit en 1833 à 828,000 roubles, pour remonter les années Suivantes à 1 ou 1 1k million
de roubles banco.
A partir de 1840, l’émission de billets devint plus importante. Ces billets, qui portaient alors sur
de plus hautes valeurs, devinrent, par suite de l’opération de réalisation et de ses conséquences, le principal
instrument d’échange. La valeur des billets émis était, en 1841, de 2,329,000 roubles argent, l’année
suivante, de 3,675,000 roubles et varia ensuite entre quatre et six millions de roubles argent.
Grâce aux ressources qu’une émission plus considérable mettait à son service, la Banque put étendre
ses opérations; elle fut du reste aussi l’objet d’une réorganisation. En 1859 de nouvelles branches
d’activité lui furent ouvertes. Mais ce n’est qu’en 1868 qu’elle reçut sa formé actuelle, alors qu’elle fut
placée sous la dépendance de la diète.
La diète de Borgâ déjà avait demandé la création d’un établissement de crédit qui, sous le nom de
«Banque des États de Finlande», serait gouverné et administré par la diète ou par ses délégués. Ainsi
dans ce domaine aussi la diète avait voulu organiser les nouvelles institutions sur la base des anciennes.
En effet, la banque d’État suédoise, nommée-«Banque des États de Suède», avait été placée dès sa création
sous «la garantie' et les soins» des états, et cette situation avait été formellement ratifiée par l’article
55 de la Forme du gouvernement de 1772. Pendant longtemps cette stipulation ne fut observée en
Finlande qu’en ceci que la révision des comptes avait lieu en présence de représentants des quatre ordres.
Mais lorsque la diète fut de nouveau -convoquée en 1863, le projet autrefois présenté par la diète
de Borgâ fut repris sur l’initiative du gouvernement. Toutefois, à la diète de 1863, le gouvernement et
les représentants ne'.’réussirent pas à Sè mettre d’accord sur les détails de la question, de sorte que cette
réforme ne fut réalisée qu’à la diète suivante, èn 1867.
Mais depuis 1868, la Banque est placée sous la garantie et la surveillance des états. Le gouvernement
de la Banque est exercé par quatre délégués, un de chaque ordre; d’autres délégués choisis d’après le même
principe sont chargés de contrôler
la gestion. Mais le directeur-
gérant est nommé immédiatement
par l’Empereur, qui choisit
aussi, sur trois candidats présentés
pour chaque poste par les
délégués de la diète, les autres
menxhfes de la direction, ainsi
que les; commissaires-directeurs
des succursales de la Banque.
Jusqu’en 1876 la Banque
était chargée de la gestion des
biens de l’État; mais d^soin
—incombe maintenant à un bureau
spécial, institué nette année-là,-
le Comptoir d’État.
Les règlements relatifs à
l’administration de la Banque
jsont discutés et votés par la
diète, mais sont soumis à la
u e d e F in la n d e .
ratification de l’Empereur et Grand-Duc.. Le bénéfice des opérations de la Banque est affecté par la
diète, partie au renforcement du capital, partie aux besoins du budget.
A la fin de 1892 le capital de la Banque était de 10 millions, le fonds de réserve, de 8 3/i millions.
Le montant des billets en circulation était de 46 millions de marcs, garantis par une encaisse métallique
de 22 millions, des créances sur l’étranger et des obligations d’État payables en monnaies étrangères,
pour la somme de 24 millions. 39 millions étaient placés à l’intérieur en lettres de change, prêts et
crédits de caisse.. L ’exercice de l’année se bouclait par un bénéfice net de 2,536,694 marcs 10 penni.
La Banque, dont le comptoir principal, ainsi que les autres administrations centrales, fut transféré à Hel-
singfors en 1819, a des succursales à Saint-Pétersbourg et dans douze villes de la Finlande.
En 1883 fut inauguré le nouveau bâtiment destiné à la Banque, logée jusque-là dans une aile du
palais du Sénat. Plus tard on y a organisé une imprimerie pour les billets de banque.
Ce n’est que depuis 1860 que la Finlande possède des banques privées. Le besoin s’en était bien
fait sentir plus tôt, mais n’avait été formulé avec précision qu’après 1850. C’est alors, en effet, que
H e n r ik B o r g s t r ô m le jeune ( 18 30— 18 6 5 ) publia quelques brochures où, en même temps qu’il plaidait
pour la réforme monétaire qui fut effectuée plus tard, proposait avec chaleur et compétence la création