exprimés par le professeur G. R ein dans son discours d’invitation à la fête par laquelle l’Université
célébra le couronnement de l’Empereur en septembre 1856, et par le professeur F. L. S chauman dans
un magnifique discours qu’il prononça à la même occasion, et dont l’écho retentit dans tout le pays.
Ce mot de diète, si longtemps proscrit, devint dès ce moment la formule magique qui suscitait et résumait
les aspirations patriotiques du pays.
Le comte F. W. R. B erg (1794— 1874), gouverneur général de la Finlande depuis 1855, ne paraît
pas s’être intéressé beaucoup à ces projets de diète. Son esprit mobile, son grand besoin d’activité le
portait à favoriser les progrès, au moins dans le domaine économique. Mais il était de l’école de Metter-
nich. De lui seul devait partir toute initiative, de ses seuls soins et de son influence devait dépendre
tout progrès: c’est là la position qu’il s’efforça de maintenir le plus longtemps possible. Il ne devait pas
être permis de juger ouvertement les actes du pouvoir: les rênes de la censure furent tenues plus ferme
que jamais. Il y eut des tiraillements entre le gouverneur général et le Sénat. Le ministre-secrétaire
d’État, de son côté, jugea nécessaire de fortifier sa position et obtint dans ce but, en 1857, l’adjonction
d’un comité au secrétariat d’État; ce comité devait présenter des rapports sur les questions que lui
remettrait l’Empereur.
Le comte Berg dut bien reconnaître enfin que diverses questions importantes de législation et de
finances ne pouvaient -être résolues par. voie administrative sans violation des lois fondamentales. Sur
le rapport qu’il en fit à l’Empereur, le Sénat reçut l’ordre, en mai 1859, de fournir un état des principales
questions dont la solution exigeait le concours de la diète: Le nombre de ces questions était
naturellement très considérable, et il n’était point aisé de les classer en plus et moins importantes. Ce
ne fut qu’au commencement de l’année 1861 que le Sénat présenta son rapport à l’Empereur.
Mais la force de la tradition ne se laissait pas vaincre si facilement. - Il s’était élevé des scrupules
dans l’esprit de l’Empereur au sujet de la convocation des états. Au lieu de cela, un manifeste du 10'
avril 1861 décrétait qu’«une commission composée de représentants des quatre ordes se réunirait à Hel-
singfors le 20 janvier 1862».
Ce manifeste provoqua un douloureux sentiment de désappointement et fit naître dés craintes pour
l’avenir. Car une commission de douze membres de chaque ordre était une forme de représentation tout
à fait étrangère à la constitution; elle n’avait aucunement la compétence qui appartenait à la diète, et
pourtant ses décisions et ses propositions devaient servir de base à la confection des lois. Si même ces
lois ne seraient valables que «jusqu’à la prochaine diète», les droits des états n’en étaient pas moins éludés.
Peu de jours après la proclamation du manifeste, des citoyens notables s’étaient rassemblés à Hel-
singfors de différentes parties du pays. On décida de présenter à l’Empereur une adresse le suppliant
de rappeler ce décret illégal.
Mais avant que cette décision pût être mise à exécution, les choses avaient changé de face. Dès
que le manifeste avait été communiqué au Sénat, quelques membres, les sénateurs T û rnquist, C; C ron-
s t ed t , B. F ed er ley, H. V. F uruhjelm et A. F. Munck, ainsi que le procureur K. E. G add, avaient représenté
ce que ce document avait d’incorrect au point de vue constitutionnel. Les instigateurs du- manifeste
— nous laissons aux personnages soupçonnés à bon droit le bénéfice des doutes qui peuvent encore
exister sur leur part de responsabilité — avertis par cette démarche des sénateurs et par les manifestations
de l’opinion publique, s’étaient efforcés en toute hâte de réparer leur faute. Ils avaient obtenu de
l’Empereur une explication de l’objet du manifeste. Cette explication, qui en réalité en modifiait profondément
le sens, fut communiquée, par un rèscrit du 24 avril 1861, au sénateur S. G ripenberg, désigné
comme président de la commission. Il y était statué que, dans lès questions qui, d’après la constitution,
exigeaient le concours des états, la commission ne pourrait que préparer des projets de propositions à
soumettre à la diète, mais que dans les autres questions elle présenterait des projets de lois qui seraient
mises en vigueur par voie administrative; — L’importance de la commission était ainsi réduite au rôle
de commission préparatoire. Et cette limitation de sa compétence fut encore accentuée dans une
proclamation émanée au mois d août de la même année et qui énumérait les cinquante-deux questions
dont la commission serait saisie.
L ’opinion publique était des lors tranquillisée Les travaux de cette commission de janvier, comme
on la nomme, ont facilité, plus tard, l'oeuvre de la diète. Elle n'a été quun épisode dans la vie poli-
tique de la Finlande. Mais cet épisode a sa place marquée dans l'histoire comme témoignage du soin
jaloux avec lequel le pays veillait au respect de ses lois fondamentales, malgré une longue suspension
de la vie politique; il ne témoigne.pas moins de la noble intégrité du monarque qui, sans hésiter, con-
sentit à rappeler une mesuredécrétée sous la forme solennelle d’un manifeste et qui lui avait été inspirée
par des conseils bien intentionnés ai; fond, mais peu éclairés. Alexandre II paraît avoir senti qu’une
opposition qui ne demande que le respect'des lois établies, est une alliée, et non une ennemie, d’un gou-
vernement établi sur de sains principes.
Le 18 ju in 1863 fut publié un «édit impérial Convoquant les états de Finlande en diète générale à
Helsingfors pour ,1e 15 septembre 1863». De longtemps le soleil de la mi-été n’avait brillé d’un éclat
aussi radieux sur les campagnes finlandaises, ranimant l’espérance dans tous les coeurs.
Divers changements avaient eu lieu dans le personnel gouvernemental au cours des années précé-
dentes. L. G. von ilaartman avait quitté l’e Sénat en 1858 et avait été remplacé, comme vice-président,
par l’énergique général J. M. N ordenstam (1802— 1883) et, comme chef de la section des finances, par
F a b ia n L angenskiôld (1810— 1863). Le gouverneur général comte Berg eut pour successeur, en 1861,
le baron I*. R o k a s s o w s k y , qui; adjoint du gouverneur général de 1848 à 1854, avait appris à connaître
et àpï'mpfendre le pays et avait acquis l'estime générale par son impartialité et sa modération.
En juillet 1863 le pays reçut la visite de son souverain Ce voyage, qui paraît avoir été occasionné
par les’rapports tendus de la Russie avec les puissances étrangères, avait pour objet immédiat une revue
des troupes finlandaises, rassemblées dans un camp près de Tavastehus Là aussi bien qu’à Helsingfors,
l’Empereur fut l'objet des hommages les plus chaleureux de la part de toute la population. Les habi-
tants des provinces voisines lui envoyèrent des députations pour lui exprimer leur gratitude au sujet de
la convocation de la diète.
Vint enfin le moment solennel. La capitale de la Finlande revêtit sa parure de fête pour saluer
Alexandre II, le restaurateur de la constitution, lorsqu’il arriva pour ouvrir en propre personne la session
des états. Plusieurs des ministres de l’empire accompagnaient l’Empereur. Le ministre-secrétaire d’État
de Finlande était déjà à Helsingfors. L ’Empereur fit venir ses fils, les grands-ducs Alexandre, Vladimir
et Alexis. Les premiers jours furent occupés par des mesures préparatoires, nomination du maréchal de
la noblesse et des présidents des autres ordres, leur assermentation, etc. Le 18 septembre, après un
service divin dans 1 église St Nicolas, la diète fut solennellement ouverte dans la salle du trône du palais
impérial. Alexandre II prononça à cette occasion le discours suivant, en langue française:
Représentants du Grand-Duché 'de Finlande.
En V o us voy ant réunis autour de Moi, Je suis heureux d'avoir pu accomplir Mes voeu x et v o s espérances.
• Mon attention s ’est dès longtems portée sur un certain nombre de questions successivement soulevées e t qui touchent
aux intérêts le s plus sérieu x du pays. E lle s sont restées en suspens v u que leu r solution demandoit la coopération des
Etats. D e s considérations majeures, dont l’appréciation M’est rése rvé e, ne M’avoient p a s permis d e réunir lès représentants
i e s quatre ordres du Grand-Duché durant les premières années de Mon règne. Néanmoins; J’ai pris à tems d es mesures
préparatoires pour arriv e r à ce but, et aujourd’hui que le s circonstances ne sont, plus d e nature à motiver un plus long
ajournement, Je V o us ai convoqués, afin de Vous faire part, après avoir préalablement entendu Mon Sénat de Finlande,
des projets d e ® e t d e quelques affaires administratives, dont Vo us aurez à V o us occuper durant la session actuelle. Considérant
leur gravité. Je le s ai d’abord fait examiner pa r une commission, composée*¿e",personnes investies de la confiance
dé j à nation. L a publicité accordée au x débats de cette commission Vous a fait connoitre d’avance l’objet de v o s délibérations
et Vous av ç z été à même d’approfondir ces projets de loi en consultant le s opinions et les besoins du pa ys . Malgré
leur nombre et leur importance, il Vous sera en conséquence possible d’en terminer l ’examen définitif dans le délai fixé
par la lo | § | | |