Les réformes accomplies depuis i860, et surtout la séparation de l’École et de l’État, ont donné au
personnel enseignant une position plus indépendante et plus considérée. Le professorat n'est plus, comme
autrefois, un passage aux emplois ecclésiastiques; il est devenu une mission à laquelle des hommes spécialement
préparés consacrent leur vie.- Le même courant d’idées qui motiva la création des lycées normaux
et d’une chaire de pédagogie et de didactique à l’Université, amena la fondation d’une Association
pédagogique, organisée en 1863 et dont le noyau central est à Helsingfors, avec des succursales dans
plusieurs villes. Elle a pour objet d’éveiller et d’entretenir l’intérêt pour les questions d’enseignement
et d’éducation, et pour moyens d’action des réunions où se discutent ces questions et un journal, la
Revue de VAssociation pédagogique de Finlande, qui paraît régulièrement depuis 1864 et constitue un
D a n s u n e é c o l e m ix t e .
organe très bien rédigé des idées et des besoins relatifs à l’enseignement. — En outre, des'assemblées
générales, réinstituées par une loi de 1889, mettent les professeurs de l’enseignement secondaire en relations
plus intimes entre eux et avec l’autorité, à laquelle ils sont ainsi mis à même de faire parvenir
leurs voeux. — Le corps enseignant nomme au moins trois, au plus six, représentants à la diète, qui
siègent dans l’ordre du clergé.
Un nouveau temps, ouvrant des voies nouvelles au progrès matériel et intellectuel, a remplacé les
institutions que nous avait léguées le passé, par un édifice nouveau, élevé pour la propagation de la
culture et du savoir. Les portes en sont ouvertes à toute la jeunesse finlandaise, sans distinction de
langue ou de condition. La lumière de l’instruction supérieure se répand dans "des cercles bien plus
étendus qu’autrefois. Il appartient au temps qui vient, de porter un jugement sur l’oeuvre accomplie par
le 10e siècle dans ce domaine. » n I * A u g u s t R a m s a Y .
' G. L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE. T E S ASSOCIATIONS POUR
L’INSTRUCTION DU PEUPLE.
Les progrès réalisés en tant de directions par la Finlande au 19e siècle se sont aussi étendus à
l’instruction primaire et ont ainsi apporté à la nation un nouvel élément de vie et de force pour l’avenir.
. Cependant l’instruction populaire, au sens le plus large de ce mot, a ses racines très loin dans le
passé de la Finlande. Depuis trois siècles le peuple sait lire, et, comme dans les autres pays protestants
et par les mêmes raisons, c’est à la Réformation qu’il le doit. Il est vrai que l’instruction provoquée
par la Réformation avait un but exclusivement religieux .et se bornait à la lecture et aux éléments de la
religion. Mais même avec cette restriction, c’était bien déjà quelque chose que les gens du peuple
apprissent à lire......
Xes dernières données de la statistique, datant du I er mai 1891, nous informent que sur 461,000
enfants de sept à seize ans que ^comptaient alors les paroisses luthériennes, 17,000 n’avaient reçu aucune
instruction, soit par suite d’infirmités- naturelles, soit par d’autres causes. Le reste, soit 444,000 enfants,
recèvai au moins le minimum d’instruction que nous venons de mentionner. Mais de ces 17,000, la
moitié au moins, avaient moins de dix ans.' Sur les 8,827 enfants des paroisses orthodoxes-grecques,
4,370. n!avaient aucune instruction.
Dans . les, anciens temps, c’était proprement le sacristain de la paroisse qui apprenait à lire aux
enfants. L ’introduction de maîtres d’école spéciaux s’est faite, en Finlande, lentement et seulement partiellement:
La loi, comme la coutume, imposa- de bonne heure aux parents l’obligation d’instruire leurs
enfants à la maison, soit eux-mêmes, soit par d’autres, et l’état de choses-ainsi créé est resté essentiellement
le même. La loi ecclésiastique de 1869 suppose, aussi peu que ses devancières, l’existence d’établissements
spéciaux pour l ’instruction religieuse du peuple; aussi, des 444,000 enfants cités plus haut, 207,000,
■ c'est-à-dire près de la moitié, étaient instruits à la maison, une partie fréquentant èn outre des classes
du dimanche. Il est clair qu’au point de vue pédagogique cette instruction à domicile offre de grandes
lacunes, mais il ne faut pas oublier H et moins que jamais à une époque de transition comme la nôtre —§>
la portée morale de cette coutume populaire. C’est donc avec raison que les amis et les organisateurs
d’une instruction primaire supérieure en Finlande aient jugé très important de conserver, autant que
possible, en l’améliorant, cet enseignement donné à l’enfant au foyer patèrnel.
Dans les villes, où la vie domestique est très différente de ce qu’elle est dans les campagnes, le
premier enseignement est généralement donné aux enfants dans des écoles primaires inférieures et dans
des écoles enfantines. Dans les campagnes, l’enseignement à domicile est, en bien des régions, complété
par un maître d’école qui voyage de ferme en ferme dans un certain rayon, séjourne en chaque endroit
un nombre déterminé de semaines et y rassemble autour de lui tous les enfants des environs en âge
d’aller à l’école. Tout imparfaite qu’elle est, cette forme d’école ambulante a rempli une mission civilisatrice
importante dans un pays à la population clairsemée; aussi n’est-ce que lentement et à contre-coeur
qu’elle se retire devant des formes plus nouvelles et meillëures. En 1891, ces écoles ambulantes n’instruisaient
pas moins de 175,000 enfants. Elles sont établies et défrayées par les paroisses.
Le tableau de l’instruction du peuple par l’Église ne serait pas complet, si nous ne rappelions ici
l’instruction religieuse et les examens de lecture, dont il a été question au chapitre II.
Qu’on se figure les examens de lecture un peu moins, et les cours d’instruction religieuse, beaucoup
moins fréquents que maintenant, ceux-ci d’ailleurs beaucoup plus sommaires, les maîtres d’école ambulants
beaucoup moins nombreux, l’enseignement à domicile, en revanche, plus répandu et l’habileté à lire
beaucoup plus inégale — et l’on aura à peu près une idée de l’état de l’instruction populaire en Finlande
au commencement du 19 e siècle. Mais c’est à ce moment qu’on commence à découvrir les premiers