L!«Uusi Suometar» devint l’organe principal du parti finnois. Il rassembla autour de lui le noyau
du parti et progressa lentement, mais sûrement, sous la direction éclairée de V ik to r L ôfgren (né en
1843), actuellement le plus ancien des rédacteurs de nos plus grands journaux. En 1881, l’«Uusi Suometar
» devint quotidien; son format s’est constamment agrandi depuis lors, de sorte que c’est maintenant
le plus grand et le plus répandu des journaux rédigés en finnois.
Des divergences d’opinions éclatèrent cependant aussi dans le sein du parti finnois, aussitôt que la
lutte pour les droits de la langue eut passé sa période la plus aiguë. En 1890 fut fondé le Pàwàlehti,
destiné à représenter la manière de voir des jeunes, et particulièrement de la jeune école littéraire, dont
les adhérents se groupèrent en foule autour de ce journal.
La presse de province commença aussi à s’accroître à partir de 1870. A cette époque, dix villes
de province seulement avaient des journaux, treize en tout, et de ces treize un seul paraissait quatre
fois par semaine, un deux fois, et tous les autres une fois seulement. En 1882 déjà dix-huit villes de
province avaient ensemble trente-cinq journaux, dont trois étaient quotidiens (tous en suédois) et vingt
paraissaient de deux à quatre fois par semaine. Ainsi les feuilles hebdomadaires, au nombre de douze,
étaient déjà en minorité. Mais en 1892, vingt-sept villes avaient ensemble cinquante et un journaux,
dont quatre finnois et autant de suédois paraissant tous les jours, tandis que le nombre des feuilles
hebdomadaires était tombé à cinq. Parmi lès villes de plus de mille habitants, il n’y avait que Brahe-
stad, Kristinestad, Jakobstad et Kajana qui fussent sans journal, tandis qu’à Âbo il en paraissait cinq
(quatre quotidiens), à Tammerfors quatre (un quotidien), à Uleâborg et à Vasa quatre aussi, et à Viborg
trois (tous quotidiens).
Les progrès n’ont pas été seulement extérieurs: les journaux de province deviennent de plus en
plus les organes, non pas seulement des besoins locaux, mais aussi des intérêts généraux. Comme les
plus distingués à cet égard on peut citer, parmi les feuilles Suédoises, le nouveau Âbo Tidning, parmi
les finnoises, le Kaiku à Uleâborg et le Savo (actuellement Uusi Savo) à Kuopio.
Les revues ont aussi fait de rapides progrès pendant ces dernières années, bien qu’elles aient eu
à surmonter beaucoup de difficultés, surtout pécuniaires. Ainsi, tandis qu’un grand nombre de journaux sont
rédigés par des journalistes de profession, les revues au contraire sont encore fondées sur l’ancien sj^s-
tème du pur intérêt poiir la cause. Les professeurs de l’Université surtout ont tenu à honneur de ne
pas laisser péricliter cette branche importante de la publicité, alors même qu’ils ne pouvaient espérer
aucun profit matériel de leur travail.
En 1859, F redrik P o lén risqua l’entreprise très hasardeuse à cette époque de publier en finnois
une revue littéraire mensuelle illustrée. Cette revue, le Mehilâinen, ne parut que jusqu’en 1863, mais
dès 1 année suivante, Ju lius K rohn lui donna un successeur dans la publication illustrée Maidenja merien
takaa (Sur terre et sur mer). Elle n’eut pas non plus la vie longue et disparut en 1866. Quelques
années plus tard, l’énergique écrivain reprit ce même plan et publia, de 1873 à 1880, le Suomen kuva-
lehti (Journal illustré de Finlande). Plus tôt, en 1866, Y rjô K oskinen avait fondé une revue mensuelle
politique et littéraire, le Kirjallinen kuukauslehti. Elle cessa de paraître en 1880 et à sa place fut fondé,
en 1881, le Valvoja, qui représente une génération plus jeune et des tendances sociales et scientifiques
plus modernes.
Pendant plus de dix ans on n’eut aucune publication semblable en suédois. Le «Litteraturbladet»
avait cessé d’exister en 1863 et le Litterâr tidskrift, qui lui succéda sous la direction de K a r l C o l l a n ,
ne vécut qu’une année (1864). Cette lacune fut comblée en 1876 par le Finsk Tidskrift, fondé par C. G.
E stl an d er , et qui dès lors a gardé la première place parmi les publications de ce genre en suédois. Il
est plus connu en Suède qu’aucune revue finlandaise avant lui et y a même des collaborateurs.
Il est naturel aussi que les intérêts si variés à notre époque se soiènt créé des organes dans la
presse périodique. Nous avons ainsi des journaux représentant diverses industries (agriculture, pisciculture,
industrie forestière, imprimerie, etc.), les diverses branches de l’enseignement, l’hygiène, la tempérance,
la protection des animaux, le sport, etc. Les journaux religieux sont relativement nombreux; les
principaux ont été cités dans cet ouvrage, p. 228. Les droits de la femme ont deux organes, un suédois
et un finnois, la sténographie deux aussi, même la photographie d’amateur en a un.- A l’exception des
journaux religieux, la plupart des revues paraissent à Helsingfors.
A l’opposé de ces organes d’intérêts spéciaux, on a essayé à diverses reprises de créer des revues
s’adressant à la grande masse de la population pour répandre l’instruction et éveiller l’kitérêt pour le
progrès moral et social. Aucune de ces entreprises n’a eu un aussi grand succès que le journal finnois
Kylàkirjaston kuvalehti (Feuille illustrée de la bibliothèque de village), publié depuis 1878 à Jyvâskylâ
par K. J. G um m e r u s et qui tire actuellement à plus de 20,000 exemplaires. Ce chiffre montre combien
le goût de l’instruction est répandu dans le peuple et il augure bien du progrès dans d’autres domaines
encore de la littérature périodique.
Mais -ce n’est pas seulement comme lecteur que le peuple favorise le progrès de la presse. Le
paysan finnois, accoutumé de tout temps à exprimer par des chants et des contes ses sentiments et ses
expériences, prend volontiers la plume pour raconter dans un journal de sa province/ ou de la capitale
ce qui se passe dans son endroit ou ce qu’il pense de telle ou telle question générale qui a éveillé son
intérêt. Cette collaboration des hommes du peuplé; fait que la presse peut être appelée en Finlande, à
meilleur droit qu’ailleurs, la voix du peuple, d’autant plus que toute réclame payée y est absolument
inconnue. Et cet appui que la presse trouve dans sa nation est à son toür le garant que cette voix du
peuple saura se faire entendre malgré tous les obstacles et contribuera puissamment au progrès ininterrompu
de la nation dans: la voie de la civilisation et de la liberté.
V a l f r id V a s e n iu s .