X. LES BEAUX-ARTS.
attraction que Dusseldorf sur les peintres. Mais on put voir dès le début
dans leur art une tendance très différente: les premiers ouvrages de Rune-
berg trahissent l’influence des traditions classiques de l’époque de Thor-
v aldsen,tandis que Takanen se rattache dès l’abord au réalisme.
Takanen subit le sort ordinaire des artistes pauvres: il dut faire petit
pour plaire au public et trouver des acheteurs. Mais en revanche, Ses statues
de femme («Aino» 1876 (voir la gravure hors texte, p. 302), «Rébecca»
1877, «Andromède» 1879) sont les sculptures les plus goûtées du public en
Finlaijde et les plus souvent reproduites en plâtre. En 1884 il sortit vainqueur
d’un concours proclamé par là Diète pour un projet de monument
à élever à Helsingfors à la mémoire d’Alexândre II; peu après il reçut en
commun avec Runeberg la commande de ce monument. Mais un sort en-
Johannes Takanen. nemi nous l’enleva au moment où l’avenir lui souriait: enfin et où il allait
pouvoir s’élever des sujets de genre à la sculpture monumentale.
La fortune a été plus bénigne envers Runeberg, qui a déjà derrière lui un nombre relativement considérable
de grands ouvrages. A sa première manière appartiennent: le groupe en marbre «Apollon et Marsyas»
(1872, à la galerie de la Société des beaux-arts), commandé par une réunion de dames à Helsingfors, et trois
sujets, aussi en marbre, tirés du mythe de Psyché. Plus tard, Runeberg, qui, en 1876, quitta Rome pour Pans,
acquit, sous l’influence de l ’art français, plus d’individualité dans l’exécution, tandis que la conception reste
idéale (la statue de bronze de J. L. Runeberg, élevée à Helsingfors en 1885 (v- la gravure p. 281), la statue de
Per Brahe, à Âbo, modelée en 1885 (v. la gravure p. 168), et le monument d’Alexandre II, dont l’exécution
échut tout entière à Runeberg après la mort de Takanen). Parmi les plus nobles productions de son inspiration
il faut citer des figures allégoriques: la Finlande, au pied de la statue de Runeberg, la'Loi et la Science
e t . l’Art, sur le socle du monument d’Alexandre
(voir les gravures hors, texte, pp. 118 et 191). —
Runeberg et Takanen se sont tous les deux distingués
par des bustes remarquables (p. ex. le buste
en bronze de Snellman, à Kuopio, pàr Takanen
(voir la gravure p. 322), et celui de Fryxell, au
Musée national de Stockholm, par Runeberg).
Jusque vers 1875, c’était donc de préférence
à Dusseldorf et à Rome que les peintres, et les
sculpteurs finlandais allaient étudier les secrets
de leur art; mais depuis lors, Paris a exercé une
influence encore plus, marquée sur l’art finlandais,
comme, du reste, sur l’art dans les pays du Nord
en général. Les progrès rapides que cet art a
faits pendant cette dernière période sont dus en
grande partie aussi, sans doute, au fait qu’il a
pris part aux concours artistiques des grandes
nations et en particulier aux Salons annuels de
Paris. Et à la tête du progrès nous voyons un
jeune artiste, qui, dès ses débuts, éveilla des
espérances qu’il a remplies, et au delà.
Après avoir étudié à Anvers et à l’École
des beaux-arts, à Paris, A l b e r t E d e lfe lt (né en
1854) débuta par une idylle historique, «La reine
Blanche» (Salon de 1877); le parfum de poésie » > . « T
r A p o llo n e t M arsy as, groupe en marbre de W. R u n e b e r g .